Il y a une nouvelle énergie dans la section 132 du stade Saputo : ses supporteurs sont de retour. Ces tribunes, jusqu’à récemment associées aux Ultras Montréal, sont aujourd’hui chapeautées par le Collectif Impact Montréal.

Et ses membres, majoritairement constitués des habitués de la section, affichent la volonté de collaborer avec le club.

« Pour l’instant, ça se passe très bien », souligne à La Presse un membre du Collectif qui n’a pas voulu être nommé.

« Des deux côtés, il n’y a que de bonnes intentions. »

Les supporteurs voulaient retrouver « leur » section. Et le retour aux sources du CF Montréal, opéré par le président Gabriel Gervais depuis son entrée en poste, a permis d’adoucir les tensions avec cette collectivité.

« Il y avait une nouvelle direction que l’on sentait plus proche du public », explique le supporteur.

Ce dernier, un ancien des Ultras Montréal 02 (UM02), affirme que le groupe auquel il était précédemment affilié était « assez divisé sur la question du retour au stade ».

« Tu as quand même une partie des Ultras Montréal qui ne voulaient rien savoir de retourner au stade si ce n’était pas l’Impact. C’était l’Impact ou rien. »

Au bout du fil, il estime aussi qu’avec les récentes décisions du CFM, dont l’utilisation prochaine du nouveau logo, « c’était assez pour plusieurs de revenir ».

Éviter la « rouille »

De qui est formé ce nouveau Collectif Impact Montréal ?

« La vaste majorité, je te dirais, c’était du monde déjà dans la 132, souligne notre interlocuteur. Soit des Ultras Montréal, soit des indépendants, soit d’autres groupes. […] En gros, c’était vraiment eux qui voulaient revenir. »

Il y a donc d’anciens Ultras, oui. Mais aussi le Bolos Crew, un groupe « canadien latino », la Brigade Montréal, les Suppras Montréal. La 131 Debout, aussi, qui n’est par ailleurs jamais partie. Ces groupes existaient déjà depuis quelques années. Et il y a un nouveau joueur, le 132 Crew. « Il est encore petit, mais il commence à se former », précise-t-il.

Et pour tout ce beau monde, le temps commençait à filer.

« Une section comme ça, c’est de l’organisation, veut veut pas. Les déplacements, les tifos. Une machine comme ça, il faut que ça roule. Quand ça arrête de rouler trop longtemps, ça rouille. Tu commences à perdre un peu ta façon de mobiliser comme avant. »

Une « attitude » appréciée

Depuis son arrivée à la présidence du CF Montréal le printemps dernier, Gabriel Gervais a toujours assuré qu’il était en « communication » avec les groupes de supporteurs. Qu’il y avait un « dialogue ». Que la proverbiale porte du club était « ouverte ».

Il y a eu ce bref retour de partisans en 132 le 25 juin dernier, à « forte prédominance des Ultras », dixit le président. Il s’est soldé par un autre avertissement du club, au vu de l’utilisation illégale d’objets pyrotechniques dans les tribunes ce soir-là.

Mais les discussions entre le CFM et ses supporteurs ont continué.

« Il y a quelques semaines, j’ai reçu une communication d’un sous-groupe qui disait vouloir revenir au stade », raconte Gabriel Gervais à La Presse.

Ce n’est pas tout le monde [qui veut revenir], et moi je respecte ça si des gens s’identifient à l’Impact et veulent qu’on change de nom. […] Mais il y en a d’autres qui avaient envie de venir encourager leur club.

Gabriel Gervais, président du CF Montréal

Et le président se réjouit des contributions à l’ambiance du nouveau Collectif depuis qu’il a pris place dans les tribunes.

« J’ai beaucoup aimé leur attitude. Ils sont revenus dans les matchs en amenant une belle énergie. Les 150 sièges se sont vendus rapidement. C’est collaboratif, on continue de se parler. On veut améliorer l’ambiance au stade. »

« Enraciné dans la 132 »

Il y a une preuve bien tangible de cette « collaboration » entre les deux parties : la mise au rancart temporaire de cette idée de « Gradins Impact », avec tous les groupes de supporteurs rassemblés d’un seul côté du stade Saputo.

« On était contre depuis le début, atteste le membre du Collectif. On l’a fait savoir à Gabriel Gervais. Là-dessus, il a été très correct. Il nous a laissé notre section non seulement pour la fin de l’année, mais aussi pour la saison prochaine. On était contents. »

De son côté, et malgré le fait que « c’est encore un projet que [le club] a en tête », Gabriel Gervais souligne avoir « bien compris que ce groupe est très enraciné dans la 132 ».

« Mais on est à l’écoute. On aime dire qu’à Montréal, on est différents, donc on peut l’être avec les partisans de chaque côté. »

Le Collectif trouve aussi l’idée « originale ». « Parce qu’en MLS, ça ne se fait nulle part ailleurs. »

« Ça ouvre la porte aussi à pouvoir faire des collaborations avec [les 1642MTL, dans la section opposée], et faire des chants à répondre comme on peut le voir dans plusieurs stades ailleurs dans le monde. Gabriel Gervais était d’accord avec ça. C’est même lui qui a mis ça de l’avant en premier. »