Tout y était, samedi soir au stade Saputo. Des gradins remplis. Une ambiance des plus festives. Une superbe performance du CF Montréal contre un rival du Toronto FC complètement dépassé. Et, au bout du compte, une victoire de 1-0 bien méritée.

Le Bleu et noir a joué un de ses matchs les plus aboutis cette année. C’est même vraiment étonnant qu’il n’ait pas trouvé le fond des cordages avant la 68e.

« Aujourd’hui, on peut gagner avec beaucoup d’humilité, a nuancé l’entraîneur-chef Wilfried Nancy après la rencontre. On peut mettre plus de buts, mais c’est notre histoire. »

Il marque ensuite une petite pause. Puis pèse ses mots.

C’est quand même solide, ce qu’ils ont fait. On sortait de deux défaites. […] Aujourd’hui, il y avait la rivalité. Les gars avaient envie de bien faire.

Wilfried Nancy

On croyait que Romell Quioto avait libéré les siens en marquant de la tête, sur une superbe passe lobée d’Alistair Johnston à l’orée de la surface. Mais c’était plutôt le défenseur torontois Lukas MacNaughton qui reprenait le ballon de la tête au deuxième poteau. De façon ironiquement jolie.

« Ils devraient peut-être revoir la séquence, a lancé Quioto en mêlée de presse, sourire en coin. […] C’est moi qui ai fait dévier le ballon dans le filet. Pour moi, c’est mon but. »

Johnston, jusque-là en défense centrale, a été employé comme latéral droit pour la deuxième mi-temps, et ça a porté ses fruits. Il multipliait les belles montées et les centres dangereux. Avec l’entrée en jeu de Djordje Mihailovic, de retour d’une blessure qui l’ennuyait depuis la fin mai, et celle de Mason Toye, un match déjà à sens unique l’a été encore plus.

« J’étais content pour Djordje, a commenté Nancy. Ça fait longtemps, et ça a été difficile pour lui. »

« On aimerait que ce soit comme ça tous les matchs »

Le spectacle a ravi la foule de 19 619 partisans, ce qui a fait de cette soirée la première salle comble du CF Montréal depuis… le 13 juillet 2019.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Les spectateurs étaient nombreux au stade Saputo samedi soir.

Bruyante tout du long, la foule a réservé des ovations debout, notamment à Mihailovic lors de son entrée sur la pelouse. À Quioto lorsqu’il l’a quittée. Elle trépignait d’excitation lors des nombreuses montées montréalaises en zone torontoise. Il fallait bien répondre à la centaine d’admirateurs torontois qui avaient fait le voyage à Montréal.

« Ça puait le foot aujourd’hui, a illustré Nancy. On fait ce métier-là pour ça. Vous allez me prendre pour un fou, mais ça va au-delà de gagner ou perdre. Je le fais parce que je veux procurer des émotions. Je veux partager le moment. La conséquence, si on joue bien, c’est qu’on va gagner. »

Le défenseur Rudy Camacho est allé un peu plus loin.

On aimerait que ce soit comme ça tous les matchs. Quand on voit qu’il n’y a que 13 000 personnes, on ne va pas vous mentir, on est déçus. Des fois, à l’extérieur, on a plus de frissons qu’à domicile.

Rudy Camacho

« Ça met un petit plus pour gagner chaque match, enchaîne-t-il. On va avoir besoin de nos supporteurs pour faire une grosse saison. »

Camacho avait une raison de plus de se réjouir samedi soir : c’était seulement un deuxième jeu blanc pour le CFM cette saison. Et le premier à domicile. Avec James Pantemis dans les buts en remplacement de Sebastian Breza, qui plus est.

« Ça fait du bien, surtout contre Toronto à domicile, juge le Français. […] On a dominé notre match, on a maîtrisé notre sujet. Aujourd’hui, on a réussi à tenir le score, c’était important. »

Pantemis n’a pas été très occupé. Mais son arrêt à la 90minute, alors que le CFM jouait à 10 contre 11 après l’expulsion de Kamal Miller à la 81e, lui vaudra certainement quelques accolades… et peut-être même officiellement le poste de Breza en tant que numéro un. Nancy n’a pas voulu s’avancer là-dessus.

« Il a été bien comme tout le monde, comme tous les joueurs, expose l’entraîneur. Il a eu quelques arrêts à faire, il les a faits. Tant mieux pour lui et pour nous. »

De l’autre côté, le CFM s’est buté à un Alex Bono en grande forme. Il a été mitraillé de 19 tirs montréalais, même si seulement 5 ont été cadrés. Montréal a dominé la possession à près de 64 %.

Seule la cérémonie de la mi-temps a mis un frein au train à grande vitesse montréalais. On y a célébré l’intronisation de Mauro Biello au Mur de la renommée du club. La légende montréalaise a foulé la pelouse en compagnie de Nevio Pizzolitto et Gabriel Gervais, les deux premiers joueurs immortalisés, ainsi que du propriétaire Joey Saputo. Ses deux enfants l’accompagnaient aussi. La foule lui a offert une ovation debout bien sentie.