Ça faisait une vingtaine de minutes que l’entraîneur-chef John Herdman parlait de son équipe canadienne en visioconférence, avec sa passion et sa ferveur habituelles, quand on a senti une petite émotion lui monter au visage.

Il était question de la plus que forte possibilité de voir le Canada se rendre au Qatar pour la Coupe du monde de 2022, en novembre.

« Si on se qualifie, tout le pays va nous découvrir au Qatar. Et pour la première fois, les gens n’auront pas à mettre leurs chandails de l’Italie, de la Croatie, des Pays-Bas, de l’Écosse, de l’Angleterre, de la Grèce ou de la Serbie ! Ils pourront mettre leur chandail du Canada. »

« De faire partie de ce moment historique, […] c’est ce qui nous fait sortir du lit le matin, lance-t-il en souriant, avant de s’essuyer les yeux. Ce serait un rêve devenu réalité. »

À l’aube de l’avant-dernière séquence de matchs de qualifications, le Canada est premier de l’Octogonale de la CONCACAF. L’unifolié est toujours sans défaite après huit matchs. Chacune des équipes en dispute 14.

Les trois premiers du groupe passent directement à la Coupe du monde. Le quatrième doit passer par les barrages. Même si le Canada, à 16 points, n’a que deux points d’avance sur la 4place, il lui est plus que jamais permis d’y croire.

« Plus déterminés que jamais »

Le premier de ses derniers tests en est un de taille : un périple en Amérique centrale pour y affronter le Honduras, ce jeudi soir.

Cette sélection, dernière de l’Octogonale et toujours sans victoire, connaît une qualification décevante. Mais il ne faut pas les tenir pour acquis. Le match de jeudi « est leur dernière chance de gagner le respect de leurs partisans », prévient Herdman.

« C’est aussi leur dernière occasion de garder leur rêve de Coupe du monde en vie. Ce sera toute une bataille. »

Mais Herdman est reconnu comme un excellent tacticien. Et en visioconférence, il en fait la preuve avec éloquence.

« Le Honduras propose du jeu très différent à la maison et à l’étranger. […] À domicile, ils envoient en moyenne 17 tirs au filet par match. Ils ont les meilleures statistiques de jeu en transition dans la CONCACAF. »

« Avec des joueurs comme [Romell] Quioto, [Alberth] Elis et [Anthony] Lozano, ils peuvent menacer votre ligne défensive à l’issue d’une ou deux passes seulement. C’est une tendance que l’on peut voir lors de leurs cinq derniers buts. »

Mais n’allez pas supposer que le Canada ne croit pas en ses moyens.

« Tout le monde est engagé à fond, estime Herdman. On le sent. Les joueurs savent qu’ils doivent pousser pour aller chercher un niveau de performance supérieur.

« On a hâte d’être testés par la foule et par une équipe hondurienne qui doit se battre pour sa survie. On parle beaucoup de tout cela. Les joueurs sont plus déterminés que jamais à obtenir un bon résultat. »

Sans Alphonso Davies

Reste que le Canada devrait aller chercher ce résultat sans Alphonso Davies, sa pièce maîtresse et sa grande vedette. Le joueur du Bayern Munich souffre d’une myocardite apparue après une infection à la COVID-19.

Il est évident que Herdman préférerait l’avoir avec lui, tant pour ses aptitudes sur le terrain que pour « l’esprit positif contagieux qu’il amène au groupe ».

Mais il préfère voir son absence sous la loupe d’un « verre à moitié plein ».

« Lors des deux derniers matchs, les équipes ont mis beaucoup d’attention sur Alphonso, tactiquement. Elles invalidaient certains éléments qu’il nous amenait. »

PHOTO CHRIS YOUNG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Alphonso Davies

Ce sera donc l’occasion pour d’autres de « se projeter sous les feux de la rampe ».

Il énumère quelques options, comme Junior Hoilett ou Tajon Buchanan, qui pourraient amener la touche offensive nécessaire au Canada.

« On a plusieurs joueurs qui ont faim et qui veulent profiter de cette occasion. »

L’équipe canadienne affronte le Honduras à 20 h 05 ce jeudi, puis se rendra à Hamilton, en Ontario, pour y affronter les États-Unis dimanche. Cette fenêtre internationale se terminera le 2 février au Salvador.