Patrice Bernier hésitait entre le soccer et le hockey. Quand les Foreurs de Val-d’Or lui ont annoncé en pleine nuit qu’il était échangé aux Faucons de Sherbrooke, il a tranché.

C’est ce que raconte l’ex-Impact de Montréal dans le cadre de la série 25 ans d’émotions de RDS. Le documentaire sera présenté ce dimanche à 19 h, ou immédiatement après le match de la Copa América entre le Brésil et le Venezuela.

Le défenseur venait de marquer le but gagnant d’un match contre Rouyn-Noranda lorsqu’il a appris qu’on se départait de ses services. Il l’a vécu comme une trahison. Bernier est tout de même allé terminer la saison dans les Cantons-de-l’Est.

« Après ça, le hockey, c’était fini », lance-t-il.

Au bout du compte, c’était sans doute la meilleure chose qui pouvait lui arriver.

Des embûches

Après quelques saisons avec l’Impact au début des années 2000, le milieu de terrain est parti vivre son rêve européen. Première escale : la Norvège. Avec Tromso, le club de première division le plus au nord du monde, dit-il.

Sa famille et lui y ont vécu de grands moments, mais pour Patrice Bernier, ce n’était que le premier pas de l’aventure.

Arrêt suivant : l’Allemagne. En deuxième division avec Kaiserslautern.

Les entraînements se tiennent devant quelques milliers de spectateurs. Impressionné, le Québécois se sent enfin « dans la cour des grands ».

Mais Bernier y vivra la première de quelques relations difficiles avec des entraîneurs.

La famille plie de nouveau bagage. Retour en Scandinavie, cette fois au Danemark, où elle demeurera trois ans et demi et qui deviendra son chez-soi. Le joueur reprend goût au soccer.

Retour à la maison

En 2012, l’Impact grossit les rangs de la MLS. C’est l’appel du retour à la patrie pour Patrice Bernier. Tout se passe très rapidement.

Après neuf ans en Europe, le jeu de Bernier est devenu « plus intellectuel, plus réfléchi », constate alors son ami et ex-coéquipier Patrick Leduc. Meilleur en protection de ballon, plus calme sous pression, il a ajouté « de la texture » à son jeu.

Mais Jesse Marsch, qui pilote l’Impact pour son entrée dans la grande ligue, est un bagarreur. Intense lorsqu’il foulait le terrain, il aborde le coaching de la même façon.

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Jesse Marsch et Patrice Bernier, en 2011, lors de l’annonce de la signature du joueur québécois

Le clash avec le milieu de terrain québécois est évident. Cependant, la communication entre les deux hommes demeure ouverte, et Bernier finit par gagner sa place.

Même devant un coach qui doute de lui, il est resté calme et a laissé ses pieds parler.

Patrick Leduc, ex-coéquipier de Patrice Bernier

Puis, deux saisons plus tard, Frank Klopas prend la barre, succédant à Marco Schällibaum. Et, cette fois, ça se gâte sérieusement.

« C’est assez »

Bernier joue peu sous Klopas, ce qui suscite même une certaine incompréhension chez les coéquipiers, dit-on.

Le joueur ne veut pas faire de vagues. Mais sa femme, Mélisa Barile, s’en chargera à sa place.

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Frank Klopas et Patrice Bernier, lors de la demi-finale du Championnat canadien face au Toronto FC, en 2015

Le 5 août 2015, elle perd patience et publie sur Facebook un message dans lequel elle se vide le cœur. Pour elle, il était temps de cesser de faire semblant que c’était correct et il fallait décrier ce qu’elle considérait comme une injustice à l’égard de son mari.

« Je me suis dit : “C’est assez.’’ Je ne l’avais jamais vu aussi dissocié du sport qui le passionne. Et, pour moi, c’était une alerte », explique celle qui est également impliquée dans le monde du soccer à titre d’entraîneuse.

C’est le moment fort de ce documentaire de près de 30 minutes. La famille de Bernier, qui s’est rangée derrière elle, la solidarité du couple. Patrick Leduc – pour qui la suite de l’histoire de son ami avec l’Impact relève du « conte de fées » – apparaît aussi fort émotif dans ce segment.

Frank Klopas sera congédié quelques semaines plus tard.

Un court documentaire qui vaut le coup, ne serait-ce que pour chacune des interventions du père de l’athlète, Jean Bernier. Et pour quelques extraits doux-amers où l’on renoue avec Didier Drogba…