Le clubs de la Premier League anglaise qui ne souhaitent pas reprendre la saison en sites neutres et à huis clos ont été priés de revoir leur position par le président de Crystal Palace, Steve Parish, qui craint que la ligue « ne s’en remette pas » si le plan de relance n’est pas accepté.

Parish a ajouté que des procédures judiciaires durant des années pourraient être lancées si la saison devait être annulée. Des clubs français font déjà l’objet de recours devant les tribunaux à la suite de l’annulation des activités de la Ligue 1 la semaine dernière.

Un avocat spécialisé dans les affaires sportives a aussi soulevé la possibilité que des joueurs refusent de sauter sur le terrain pendant la pandémie de COVID-19.

Parish a appuyé publiquement le plan de relance — « Project Restart » — de la première division anglaise après que les clubs menacés de relégation de Brighton et West Ham eurent exprimé leurs doutes face à la possibilité de jouer leurs derniers matchs en territoire neutre.

La ligue travaille de concert avec le gouvernement afin de trouver une façon sécuritaire pour les joueurs de reprendre l’entraînement en groupe et de jouer des matchs à compter de juin, au plus tôt.

« Nous devons tenter de jouer si nous pouvons rendre cela sécuritaire, a publié Parish sur Twitter. Je crois que nous pouvons et devons continuer, peu importe le caractère imparfait de certains points du plan de relance. […] Si nous ne pouvons le faire, je crains pour la prochaine saison. La ligue ne pourrait jamais s’en remettre. »

Les circuits français et hollandais ont déjà vu leur saison annulée par leur gouvernement en raison des risques de propagation du coronavirus lors de rendez-vous sportifs. Si le Paris Saint-Germain a été sacré champion de façon prématurée en raison de l’annulation de la saison la semaine dernière, l’Ajax d’Amsterdam ne recevra pas le même privilège aux Pays-Bas.

Palace a peu d’intérêt dans la poursuite de la saison : le club se trouve en milieu de peloton. Mais Parish souhaite jouer « par souci d’intégrité sportive ».

« Je veux que Liverpool soit couronné et donner à tous les autres clubs une chance égale de terminer au meilleur classement possible pour eux, a-t-il indiqué dimanche dans une chronique publiée sur le site internet de Palace. Je veux aussi éviter les discussions difficiles au sujet d’une saison écourtée, annulée, ou encore sur une moyenne de points par match.

« Tous ces scénarios sont complexes et pourraient mener à des procédures judiciaires qui dureront des mois, sinon des années. Mais oui, il s’agit aussi en partie d’argent, un sujet dont nous devrions tous nous préoccuper. »

Parish a notamment souligné les nombreux secteurs économiques qui profitent du football, alors que la Premier League craint de perdre plus d’un million de livres (1,76 million de dollars canadiens) si sa saison ne devait pas reprendre, en raison des bris de contrat avec les diffuseurs.

« Personne ne sort gagnant si la Premier League touche moins d’argent, a dit Parish. Le soccer est l’une des industries qui rapporte le plus au trésor britannique : nous versons de généreux salaires aux joueurs, mais 50 % de ces salaires retourne directement au trésor public. En tout, ce sont près de 3,3 milliards de livres (5,8 millions) payés en impôts chaque année et c’est la Premier League qui finance en majeure partie tout la pyramide soccer. »

Le confinement est toujours en place en Grande-Bretagne, où plus de 28 000 personnes sont mortes en près de deux mois après avoir contracté le nouveau coronavirus.

Les explications de Parish au sujet du Project Restart sont survenues alors que la Premier League fait face à de vives critiques de la part de l’un des principaux analystes de la chaine Sky Sports, principal partenaire de diffusion de la ligue.

Gary Neville, l’ex-défenseur de Manchester United et de l’Angleterre, a déclaré que la Premier League vivait un cauchemar et se « cachait, apeuré à l’idée d’expliquer son plan de match ». La ligue n’a pas permis à aucun de ses dirigeants de donner d’entrevue depuis que la compétition a été suspendue il y a deux mois.

« Je souhaite le retour du soccer. Je comprends également toutes les difficultés qui y sont associées, a déclaré Neville en réponse à un tweet de Parish, qui mettait en lien sa chronique. Personne ne veut être responsable de celle-là ! Si jamais l’impensable devait arriver… Je respecterais davantage [les dirigeants de la Premier League] s’ils disaient : "Nous acceptons les risques de santé que ça représente". Ils ne le feront pas, car ils ont une trouille mortelle. »

« De mettre un terme prématurément au calendrier rendrait vulnérable la Premier League à des procédures coûteuses lancées par des clubs insatisfaits de cette décision, a fait valoir l’avocat Simon Leaf. Après tout, une part importante des revenus des clubs reçus par les diffuseurs et les commanditaires est liée à leur classement final.

« Des joueurs pourraient par ailleurs refuser de jouer en évoquant des questions de risque pour leur santé et lancer leurs propres procédures judiciaires. »

Ailleurs en Europe

En Espagne, le Liga a été plus claire dans ses annonces alors que les joueurs des différents clubs se préparent à reprendre l’entraînement ce lundi, tout en observant une série de mesures mises de l’avant par la ligue et les autorités sanitaires, dont des tests réguliers de détection de la COVID-19.

En Italie, le gouvernement a clarifié la situation dimanche, après n’avoir initialement permis le retour à l’entraînement ce lundi que dans des régions où se trouvent huit des 20 équipes de la Série A, suspendue depuis le 9 mars.

Les autorité italiennes ont permis le retour à l’entraînement de tous les joueurs dès cette semaine, de façon individuelle aux complexes d’entraînement de leur club respectif.

Si les ligues anglaises, italiennes et espagnoles ne recommenceront pas à jouer avant juin, la première division allemande espère le faire dès ce mois-ci.

Mais le projet de la Bundesliga a pris du plomb dans l’aile avec trois tests positifs au FC Cologne la semaine dernière, dont deux seraient des joueurs.