Silvio Berlusconi, qui a démissionné samedi, pourrait reprendre la présidence de l'AC Milan, le club qui a accompagné son ascension politique depuis 17 ans, autoproclamé «plus titré du monde», comme le Cavaliere qui se disait le «meilleur premier ministre que l'Italie ait connu».

En près de vingt-six ans comme propriétaire du club, Berlusconi a remporté plus de Ligues des champions (5), le trophée majeur du football de clubs, que de «titres» de président du Conseil (à trois reprises). Bafoué en politique, il pourrait renouer à plein temps avec le Milan qu'il a hissé au sommet et avec lequel il s'était fait un nom à l'étranger.

Celui que beaucoup d'Italiens considèrent comme «le meilleur dirigeant de club de foot du monde» pourrait redorer son image. Dans l'univers superstitieux du football, il fait figure de «porte-bonheur». Les deux dernières Ligues des champions du club (2003, 2007) ont été gagnées sous sa présidence.

Après le titre de 2003, il avait dû abandonner la charge en 2004 quand la Ligue nationale de football avait jugé qu'il y avait conflit d'intérêts avec son rôle de patron de trois chaînes de télévision.

Réinjection de capital?

De retour de 2006 à 2008, quand Romano Prodi était chef du gouvernement de centre-gauche, il a remporté celle de 2007. Les tifosi rêvent maintenant de celle de 2012.

«Je vais peut-être me remettre à être président du Milan»: cette confidence au journal La Stampa mercredi, au lendemain de sa plus cinglante défaite politique lorsqu'il a perdu la majorité absolue chez les députés, ont réveillé les tifosi 'rossoneri'.

Ils rêvent déjà d'acquisitions somptuaires, comme à la plus belle époque. Même si l'an dernier, Berlusconi avait admis n'avoir plus les moyens d'acheter la vedette du Real Madrid, Cristiano Ronaldo (92 millions d'euros à son dernier transfert, de Manchester United au Real).

Dans l'entourage de Mediaset, son empire médiatique, on murmure qu'il pourrait réinjecter du capital en janvier dans son «affaire de famille, affaire de coeur», comme il le dit souvent.

Signe de cette proximité, sa fille Barbara, 27 ans, est au conseil d'administration de l'AC Milan depuis l'an dernier. Elle a aussi une liaison avec l'attaquant brésilien Pato (21 ans)!

L'apôtre d'un jeu flamboyant

Quand Berlusconi n'est pas directement président, c'est son fidèle lieutenant, Adriano Galliani, baptisé administrateur général, qui dirige. «C'est à lui de décider», a dit Galliani, laissant entendre qu'il cèderait la place sans sourciller.

Le Cavaliere, âgé de 75 ans, reviendrait à ses anciennes amours et au démarrage de sa notoriété internationale quand son sourire clinquant apparut sur les plateaux d'émission sportives à la fin des années 80.

Son Milan, dirigé par l'entraîneur Arrigo Sacchi, apôtre du «football total», remportait deux Coupes des champions (l'ancêtre de la Ligue des champions) d'affilée, un exploit qu'aucun club européen n'a plus réalisé depuis.

L'équipe, sublimée par les Néerlandais Ruud Gullit, Marco van Basten et Frank Rijkaard, régnait sur l'Europe avec un jeu fait de classe et de panache, des qualités que s'attribuait Berlusconi, qu'on appelait alors «Sua Emittenza», jeu de mot entre Son Éminence (formule pour s'adresser aux cardinaux) et Son Émetteur, allusion à ses chaînes de télé.

Le Milan fut encore couronné avec la Ligue des champions 1994, remportée par l'équipe du Monténégrin Dejan Savicevic et du Croate Zvonimir Boban, puis celles de 2003 (l'Ukrainien Andrei Shevchenko) et 2007 (le Brésilien Kaka).

La grande vedette de l'équipe d'aujourd'hui est le Suédois Zlatan Ibrahimovic. Berlusconi compte sur lui pour revenir tout en haut.