(Saint-Pétersbourg) Devenir champion olympique était le rêve de toujours du Russe Kliment Kolesnikov, mais pas à tout prix. À 23 ans, cette étoile montante de la natation n’ira pas aux JO-2024 de Paris, en raison des conditions « inacceptables » du CIO.

« Non, je ne suis pas triste », lance pour autant ce grand brun au sourire timide, médaillé de bronze et d’argent aux Jeux de Tokyo.

« À ce jour, aux conditions actuelles, pour moi, c’est inacceptable » de participer aux JO-2024, assure Kliment Kolesnikov, dans un entretien accordé à l’AFP en marge des récentes compétitions de natation à Saint-Pétersbourg, l’ancienne capitale impériale.

« Le rêve d’une médaille d’or olympique demeure, mais je ne suis pas triste parce que je ne peux pas y aller », affirme le nageur, qui a été sacré à 20 ans champion d’Europe du 100 m en 2021 à Budapest.

Le Comité international olympique (CIO) a autorisé début décembre les sportifs russes et biélorusses à participer aux Jeux de Paris (26 juillet-11 août) à condition qu’ils concourent sous bannière neutre, hors épreuves par équipes, qu’ils n’aient pas activement soutenu l’offensive russe en Ukraine et qu’ils aient franchi l’obstacle des qualifications.

À ce jour, ils sont 11 seulement dans ce cas, huit Russes et trois Bélarusses, contre une soixantaine d’Ukrainiens, selon le CIO.

« Brebis galeuse »

Si la Russie, qui a dénoncé des critères « discriminatoires », n’a pas encore décidé si elle recommandait ou non à ses athlètes de se rendre à Paris, Kliment Kolesnikov a d’ores et déjà fait son choix.

« J’ai décidé que pour moi personnellement, il ne serait pas possible de participer aux Jeux olympiques sous ces conditions », dit-il, en expliquant ne pas vouloir être une « brebis galeuse » au milieu des autres athlètes qui viendront l’été prochain dans la capitale française.

« Les autres gars participent, sont en compétition comme si de rien n’était, et nous, on n’aura pas le droit d’avoir une délégation […], ni de drapeau ou d’hymne », ajoute le détenteur du record du monde du 50 m dos, alors que de jeunes sportifs se rassemblent autour de lui pour demander un autographe.

« Je me suis toujours préparé aux Jeux olympiques », les compétitions « les plus cool » pour chaque athlète, raconte le nageur de 1,95 m.

« Bien sûr, j’aimerais y aller. Bien sûr, j’aimerais remporter une médaille d’or olympique. Mais compte tenu de la situation actuelle, je risquerais de revenir dans mon pays avec cette médaille et puis la voir retirée » par le CIO, explique-t-il.

Nouveaux records du monde

En attendant que la situation change, Kliment Kolesnikov dit vouloir se concentrer sur de « nouveaux records du monde ».

Le nombre de compétitions organisées en Russie a nettement augmenté depuis que les sportifs russes ont été bannis des compétitions internationales dans la foulée du lancement de l’assaut russe en Ukraine en février 2022.

« Pendant tout ce temps que nous concourons à l’intérieur du pays, les gars se perfectionnent et battent des records […], moi aussi, j’arrive à battre des records du monde », souligne Kliment Kolesnikov, qui a notamment établi en juillet la meilleure marque mondiale sur 50 m dos (2355) en grand bassin lors d’une compétition en Russie.

« Nous nageons, et nous restons en compétition avec les sportifs des autres pays par nos résultats », affirme-t-il.

Et d’ajouter : « mais si jamais les conditions (du CIO) changent » et les autorités russes décident qu’« au nom de la Patrie, il faut aller gagner des médailles pour notre pays » aux JO-2024 à Paris, « bien évidemment, je vais y aller ».