(Yanqing) L’entraîneur Hansjörg Plankensteiner était « un peu fâché » quand il a rappelé de l’autobus le ramenant à son hôtel de Yanqing. L’objet de son courroux : le nuage qui aurait privé Marie-Michèle Gagnon d’une chance légitime de monter sur le podium.

« Mitch a eu une très bonne descente, c’était du très bon ski », a évalué Plankensteiner après la huitième place de sa protégée aux Jeux olympiques de Pékin, mardi.

« Elle était peut-être un peu trop ouverte dans la traverse, mais le reste était vraiment, vraiment bon. On ne pouvait comprendre pourquoi elle accusait un tel retard. »

Ex æquo avec l’Autrichienne Mirjam Puchner, Gagnon a terminé à 1,58 seconde de la médaillée d’or, la Suissesse Corinne Suter, devenue la première skieuse en plus de 40 ans à aligner le titre mondial et olympique en descente.

L’Italienne Sofia Goggia, encore incapable de plier son genou après sa terrible chute trois semaines plus tôt, a réalisé un exploit en se classant deuxième. L’Italienne Nadia Delago, qui s’était élancée juste après sa sœur aînée Nicol (11e), a pris le bronze, 1,01 seconde devant Gagnon et Puchner.

Dans un sport de centièmes de seconde, la marge est considérable pour commencer à parler de médaille. Mais après consultation des bandes vidéo, Plankensteiner a réalisé que Gagnon avait payé cher un gros nuage qui a noirci le parcours « The Rock » pendant sa course.

« À partir de la mi-pente, c’était complètement sombre pendant qu’elle descendait. Goggia, Suter et plusieurs autres ont eu un soleil total du haut en bas. On sait tous à quel point cela change la donne en descente avec le soleil plutôt qu’avec les nuages et la noirceur. »

Le coach d’origine italienne a dû réconforter sa protégée après l’épreuve.

« Mitch était un peu démoralisée. Elle a dit qu’elle pensait avoir bien skié, qu’elle avait bien skié. Je lui ai dit que les skis étaient peut-être lents. Après analyse, j’ai vu quel était le grand problème. La victoire, je ne sais pas, on était un peu loin. Mais la troisième place était assurément possible. »

« Ce sont les Jeux olympiques, je sais, il n’y a que la première, la deuxième et la troisième place qui comptent. Les gens ne regardent que les résultats, ne s’attardent pas à ces détails. Ça fait partie du sport. »

C’est tellement dommage pour Mitch. C’étaient ses derniers Jeux olympiques. Avec des conditions égales et équitables, c’était possible de monter sur le podium.

Hansjörg Plankensteiner, entraîneur de Marie-Michèle Gagnon

À ses troisièmes et derniers Jeux, Gagnon a établi un sommet personnel. L’athlète de Lac-Etchemin avait terminé neuvième en slalom à Sotchi en 2014. Sa huitième position en Chine risque également d’être la meilleure performance de l’équipe féminine à Yanqing, à moins que Roni Remme, 24e de la descente, ne se signale au combiné alpin (elle avait fini 5e aux Mondiaux de 2019).

Âgée de 32 ans, la Québécoise a exprimé son intention de disputer au moins une autre saison, avec la perspective de participer à ses huitièmes Championnats du monde à Méribel.

Plankensteiner, qui la dirige depuis 2019, ne sait pas s’il sera là pour l’accompagner. Le mentor du descendeur italien Christof Innerhofer, qui vient de prendre part à ses quatrièmes Jeux, s’attend à des changements dans l’équipe d’entraîneurs canadiens à la conclusion de ce cycle olympique.

« Je sais qu’elle veut continuer une autre année, mais on doit s’en parler et en discuter avec Canada Alpin. Je n’y ai pas encore pensé. »

Plutôt que de s’aligner au combiné de jeudi, Gagnon a déjà quitté Pékin. Elle préfère se reposer en vue des deux descentes prévues la semaine prochaine à Crans-Montana. « En vieillissant, je me rends compte que j’ai davantage besoin de ces congés, nous a-t-elle dit. Je n’ai pas besoin de faire un million de jours de ski. C’est plus me ressourcer et revenir en course vraiment bien reposée. »

Plankenstiner s’attend à une solide fin de saison de sa part. « Après Noël, elle a été malade pendant un long moment. C’était très difficile de faire de l’entraînement. Une journée, ça allait, le lendemain, elle se sentait mal, et on devait arrêter. Ce mois et demi a été pénible. Elle va de mieux en mieux. C’est possible qu’elle monte sur le podium à la prochaine descente. » Pourvu que le ciel collabore.