(Pékin) Quand Valérie Maltais a quitté l’équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste en 2018 pour rejoindre son copain Jordan Belchos à Calgary et tenter l’aventure en longue piste, elle espérait simplement se qualifier au sein de l’équipe nationale. Si elle n’avait pas été en mesure de le faire, elle aurait simplement accroché ses patins.

Quatre ans plus tard, la patineuse de La Baie est championne olympique aux Jeux de Pékin en poursuite féminine.

« Je ne me serais jamais attendu à vivre ce cirque qui n’arrête pas depuis 24 heures », a reconnu Maltais, mercredi, en conférence de presse au lendemain de son triomphe en compagnie des Ottaviennes Ivanie Blondin et Isabelle Weidemann.

« Lorsque je suis partie du courte piste, je n’étais pas amère, mais j’avais fait ce que je voulais accomplir dans ce sport et j’avais besoin d’un nouveau défi. Puisque j’adorais encore la vie d’athlète, j’avais envie de poursuivre d’autres objectifs tout en utilisant mes capacités. Je me suis tournée vers le patinage longue piste sans objectif particulier. »

Maltais s’est penchée la tête et s’est mise au travail. Elle admet que les choses ont cliqué cet automne, sur le circuit de la Coupe du monde.

Elle pensait accrocher ses patins pour de bon à la fin de la saison en cours pour revenir s’installer au Québec avec Belchos, qui a pris le cinquième rang à la poursuite masculine et qui sera du départ groupé, samedi. Maltais reconnaît toutefois que ses récents succès lui ont donné le goût de prolonger encore un peu sa carrière.

« Lorsque j’ai fait la transition, c’était’on verra ce que ça donne’, puis’j’y vais pour 2022’, puis’on y va pour une médaille’ », a raconté Maltais, qui s’est contentée du 12e rang au 3000 mètres à Pékin et qui avait toujours le départ groupé à son programme.

« J’ai demandé la permission à Jordan, parce que je vois encore mon potentiel. Je crois que je peux monter sur un podium au 3000 mètres, mais ça demande encore du travail. »

Le couple reviendra cependant s’installer au Québec et Maltais prendra les choses une année à la fois au cours du prochain cycle olympique. Belchos, lui, devrait prendre une décision au cours des prochains mois.

« Je pense que j’ai dû mettre plusieurs aspects de ma vie sur pause en allant à Calgary. J’étais loin de ma famille et de mon filleul. J’ai manqué plusieurs évènements au cours des quatre dernières années, a souligné Maltais, qui est âgée de 31 ans. J’ai besoin d’être proche des gens que j’aime pour pouvoir continuer. »

Maltais a souligné que sans la construction récente du Centre des glaces à Québec, elle aurait dû accrocher ses patins pour de bon alors qu’il aurait été impossible pour elle de continuer l’entraînement tout en revenant près de sa famille dans la Belle Province.

Elle a raconté avoir hâte de passer une journée ou deux au Saguenay à son retour au pays, avant de repartir terminer la saison avec les Mondiaux en Norvège et les finales de la Coupe du monde aux Pays-Bas.

Maltais avait eu brièvement le temps de parler avec ses parents par téléphone depuis sa victoire, en plus de visionner les différents reportages montrant les célébrations dans le garage chez sa mère, au Saguenay.

Une médaille d’or méritée

Maltais, Blondin et Weidemann ont triomphé en finale de la poursuite féminine, mardi à l’Anneau national de patinage de vitesse, notamment grâce à la chute d’une patineuse japonaise en finale.

La Québécoise a éclaté de rire quand on lui a demandé si c’était un coup du destin qu’une ancienne patineuse courte piste gagne l’or grâce à la chute d’une rivale, ce qui est monnaie courante dans son ancienne discipline. Maltais a toutefois tenu à rappeler que la médaille d’or remportée par ses coéquipières et elle était pleinement méritée.

« Une course (de poursuite) dure six tours et elles (les Japonaises) ne sont pas restées sur leur pied jusqu’à la fin. Ce sont des choses qui arrivent, a insisté Maltais. Et je pense que nous nous dirigions vers une fin de course excitante puisque la fin, c’est notre force. »

Les Japonaises détenaient toujours une avance de 0,32 seconde sur les Canadiennes avec 200 mètres à faire. On ne saura jamais quel aurait été le résultat final si Nana Takagi n’avait pas chuté. Cela importe peu à Maltais, Blondin et Weidemann.

Les trois Canadiennes ont été récompensées pour plusieurs années d’effort et de travail.

Weidemann, qui a également remporté l’argent au 5000 mètres et le bronze au 3000 mètres, a d’ailleurs souligné la contribution de Maltais. Elle a crédité la Québécoise comme l’une des personnes qui l’a aidée à s’ouvrir un peu plus et à changer son attitude envers l’entraînement et son sport au cours des dernières années.

« Avec Isabelle, j’apporte un côté humain, a souligné Maltais. Mon but n’est pas de battre Isabelle Weidemann, mon but est que nous travaillions ensemble. Je suis arrivée en 2018, Isabelle et Ivanie étaient des professionnelles et moi, une simple amatrice. Oui, j’avais l’attitude d’une pro, mais je devais apprendre le sport. Je pouvais apporter des choses sur le vélo ou en musculation, mais sur la glace, j’avais besoin d’elles, de leurs conseils et de mon entraîneur aussi. »

Si Maltais affirme avoir encore beaucoup de choses à apprendre en patinage de vitesse longue piste, elle peut se vanter d’avoir une médaille d’or au cou.

Et puisqu’elle avait déjà une médaille d’argent au relais 3000 mètres féminin en courte piste aux Jeux de Sotchi en 2014 à son palmarès, Maltais est devenue seulement la troisième athlète de l’histoire des Jeux d’hiver à remporter des médailles olympiques dans les épreuves de courte piste et de longue piste, après l’Américain Eric Flaim et la Néerlandaise Jorien ter Mors. Un exploit auquel elle n’aurait jamais rêvé il y a quatre ans.