Au cœur d’une séquence plus difficile en Coupe du monde, la skieuse de Lac-Etchemin n’a pas été en mesure de renverser la vapeur à son premier départ aux Jeux olympiques de Pékin.

Au cœur d’une séquence plus difficile en super-G en Coupe du monde, Marie-Michèle Gagnon n’a pas été en mesure de renverser la vapeur à son premier départ aux Jeux olympiques de Pékin.

Malgré un bon début de course (-0,06 au premier intervalle), Gagnon n’a pu s’approcher du podium, terminant 14e du super-G au centre national de Yanqing, vendredi matin. Elle a cédé 1,14 seconde à la médaillée d’or, Lara Gut-Behrami, championne mondiale et déjà en bronze à Pékin en slalom géant. Il s’agit d’un premier titre olympique pour la Suissesse de 30 ans, qui avait raté le podium par un centième à PyeongChang en 2018.

Gut-Behrami revenait à l’époque d’une sérieuse blessure subie aux Mondiaux disputés devant les siens à Saint-Moritz.

PHOTO CHRISTIAN HARTMANN, REUTERS

Lara Gut-Behrami

« [Cette blessure] m’a enlevé de la pression et maintenant je réalise que je skie parce que j’aime skier, mais ce n’est pas vie entière, a dit la triple médaillée olympique. Aujourd’hui, je me suis dit que ce serait probablement le dernier super-G olympique de ma vie et je voulais montrer quelque chose de grand. Je voulais simplement skier. »

L’Autrichienne Mirjam Puchner (+0,22) et la Suissesse Michelle Gisin (+0,30) ont respectivement remporté l’argent et le bronze.

Après ses deux sorties de parcours en slalom et en géant, l’Américaine Mikaela Shiffrin a enfin réussi à rallier l’arrivée, sans toutefois menacer les meneuses (9e à +0,79).

La Tchèque Ester Ledecká, tenante du titre, n’a pas réédité son extraordinaire exploit de PyeongChang en 2018. La médaillée d’or du slalom géant en parallèle en surf des neiges a pris le cinquième rang, à moins d’une demi-seconde de Gut-Behrami.

En tête de la discipline au classement de la Coupe du monde, l’Italienne Federica Brignone a été reléguée au septième échelon, à +0,66 s de la gagnante.

Faute coûteuse

À ses troisièmes JO, Gagnon a été un peu déportée vers l’arrière sur le saut « Rhon Rhon », ce qui l’a déséquilibrée et fait dévier de sa trajectoire. Cette faute a coupé son élan dans la portion plus tournante du Haituo Bowl. Elle lui a coûté trois quarts de seconde, un retard impossible à combler dans la section de glisse de la fin, où elle a bien fait.

En entrevue quelques heures plus tard, la Québécoise a surtout retenu son faible écart par rapport à la gagnante.

« À une seconde de la meilleure, ce n’est pas beaucoup dans un parcours de super-G, a-t-elle noté. Je suis quand même fière. Je garde la tête haute et ça me donne de bonnes sensations pour la course de descente. »

Sur le parcours « The Rock » qu’elle découvrait – les femmes n’ont pas eu droit aux entraînements et à l’épreuve de descente au préalable, contrairement aux hommes – Gagnon s’était fait la promesse de se juger sur ses sensations et non le résultat.

Dans les circonstances, elle se donne une bonne note : « Normalement, je ne serais pas heureuse d’une 14e place. Mais quand j’y repense, j’ai le sentiment d’avoir bien skié, d’avoir tout donné, même si j’ai été trop ronde dans certaines sections et que j’ai fait des erreurs ici et là. »

Le réchauffement des derniers jours a considérablement changé la texture de la neige, qui s’est avérée beaucoup plus accrocheuse que prévu.

« C’est un peu comme la neige qu’on a au Canada ou en Amérique du Nord. C’est de la neige « héroïque », vraiment belle. La piste était aussi vraiment facile, avec beaucoup de plat et des rouleaux au début. Après, le pitch principal, on pensait que ça allait venir plus vite, que ce serait plus « dans notre visage ». Finalement, ça se fait super bien. C’est pour ça que les temps sont vraiment proches. »

Après un top 10 à Lake Louise en décembre, la 25e au classement du super-G a éprouvé des difficultés dans cette discipline ces derniers temps. Elle a donc prolongé l’entraînement dans les Dolomites italiennes avant de débarquer à Pékin en début de semaine.

« C’est un pas en avant. Ça m’en aurait pris trois pour monter sur le podium, mais c’est un pas. Je me dois de célébrer ces petites victoires. »

L’hiver dernier, elle avait pourtant connu du succès dans cette spécialité, avec un premier podium en près de cinq ans et une sixième place aux Championnats du monde de Cortina.

« Le super, c’est un peu plus mental. On n’a pas d’entraînement avant pour voir si ça va bien et que la confiance est là. Quand tu as du succès, tu es capable de bien progresser mentalement, de foncer et de n’avoir aucun doute. J’ai l’impression que j’ai fait un peu moins d’entraînement de super-G cette année. Je devrai en parler à mon coach. »

L’athlète de 32 ans tentera de se reprendre mardi prochain à la descente. Elle a terminé cinquième à Zauchensee, en Autriche, et neuvième à Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne, le mois dernier.

Neuvième du slalom aux Jeux de Sotchi en 2014, Gagnon s’est depuis convertie exclusivement aux épreuves de vitesse. Une blessure à un genou lui avait fait rater les derniers JO en 2018.

Son expérience dans le village des athlètes de Zhangjiakou la réjouit. À Vancouver en 2010, elle était arrivée à la dernière minute et n’avait pas vécu au village. « On côtoie tous les athlètes des sports de glisse ici, c’est vraiment le fun. L’horaire nous permet également de suivre leurs compétitions. »

Roni Remme, seule autre Canadienne en lice au super-G, a conclu au 24e rang (+2,27 s). L’Ontarienne de 26 ans s’alignait surtout en préparation du combiné alpin du 17 février.

Gagnon n’a pas encore décidé si elle s’alignerait dans cette discipline qui lui a valu ses deux seules victoires dans le Cirque blanc.

« Ce sera une décision de dernière minute, je vais y aller au feeling. Pour le moment, je me concentre sur la descente et on verra après. »