(Pékin) Pour la première fois depuis la renaissance des Carabins de l’Université de Montréal, en 1985, une de ses athlètes participera aux Jeux d’hiver. Vous pourrez d’ailleurs la voir en action très bientôt, dès mercredi soir (heure de Montréal), lors du premier match de l’équipe féminine de hockey du Canada.

Son nom ? Kaleigh Quennec.

Son numéro ? Le 8.

Son équipe ? La Suisse.

Vous avez bien lu. La première Bleue aux Jeux d’hiver de l’ère moderne des Carabins portera un autre maillot que l’unifolié. Plus étonnant ? Elle amorcera son tournoi face à son entraîneuse adjointe chez les Carabins, l’attaquante canadienne Mélodie Daoust. Encore mieux ? Kaleigh Quennec est née le 15 février 1998, en plein cœur du tout premier tournoi olympique de hockey féminin.

À l’hôpital, pendant que sa mère était sur le point de la mettre au monde, son père regardait un match de hockey dans une salle adjacente. Il faut savoir que Hugues Quennec, qui est né et a grandi au Québec, est fou de hockey. Fou comment ? Suffisamment pour acheter le club de Genève-Servette, dans la Ligue nationale suisse.

« À cause de ça, mon père m’a toujours dit que j’étais un bébé olympique », rigole-t-elle.

Kaleigh a grandi dans l’aréna du club de son père. Littéralement. Enfant, elle assistait aux matchs locaux les mardis, vendredis et samedis soir.

Les samedis matin, j’avais le droit d’aller aux entraînements. J’étais un rat d’aréna, version féminine.

Kaleigh Quennec

À ce moment, le club de Genève-Servette misait sur plusieurs anciens joueurs de la Ligue nationale de hockey, comme Juraj Kolnik, Serge Aubin, Jean-Pierre Vigier et Richard Park. « J’étais directement impliquée avec les boys. Je regardais tout ça avec de grands yeux. »

Vers 10 ans, Kaleigh commence à patiner sur une patinoire locale. Le loisir devient vite une passion. « J’adorais la vitesse et l’agressivité de ce jeu. » À 13 ans, elle abandonne une carrière prometteuse dans le soccer – « j’avais un potentiel avec l’équipe nationale » – pour se lancer à fond dans le hockey. Elle s’inscrit dans une ligue de garçons. Moins de deux ans plus tard, malgré ses débuts tardifs, elle réussit à intégrer l’équipe suisse des moins de 15 ans.

« Impressionnant ! », lui fais-je remarquer.

« Disons que ce n’était pas fameux, fameux », répond-elle en riant.

Cette sélection sera la première d’une longue série. Kaleigh participe ensuite trois ans de suite au Championnat du monde des moins de 18 ans, puis elle déménage aux États-Unis avec l’objectif de rejoindre une équipe de la NCAA. Un an plus tard, c’est plutôt à Montréal, la ville où a grandi son père, qu’elle dépose ses valises. En 2017, elle entame des études à l’Université de Montréal, ce qui lui permet de jouer avec les Carabins.

PHOTO FOURNIE PAR LES CARABINS DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

Kaleigh Quennec

« Si je suis venue au Canada, c’est pour concilier les études et le hockey. Malheureusement, en Suisse, ce n’est pas encore possible. Aussi, le niveau du hockey est nettement plus intéressant en Amérique du Nord. »

En parallèle, elle a continué de représenter la Suisse dans les compétitions internationales. Le 31 décembre, son entraîneur l’a appelée pour confirmer sa place au sein de l’équipe olympique. Kaleigh se trouvait alors chez ses parents. « C’était incroyable de pouvoir partager ce moment-là avec eux. Ce n’était que des émotions positives », raconte-t-elle, émotive.

Elle a ensuite annoncé la bonne nouvelle à ses coéquipières des Carabins, à la mi-janvier. « Le nombre de messages de soutien et d’amour que j’ai reçus, c’est incroyable. Les joueuses ont aussi fait une vidéo dans laquelle elles me félicitaient et me souhaitaient bonne chance. J’en avais les larmes aux yeux. »

La voici aujourd’hui à Pékin, en Chine, aux Jeux olympiques. Sur la plus grande scène de sa carrière. Et dans les traces des pionnières qui, la semaine de sa naissance, démontraient à toutes les jeunes hockeyeuses qu’un nouveau rêve était désormais possible.

Élizabeth Mantha y sera aussi

Selon les recherches des dirigeants des Carabins, Kaleigh Quennec est la première athlète active de l’organisation à participer aux Jeux d’hiver depuis « au moins » 1985.

À Pékin, elle croisera toutefois une ancienne joueuse des Carabins, Élizabeth Mantha, qui agira à titre d’arbitre dans le tournoi féminin. Quant à Mélodie Daoust, bien qu’elle soit entraîneuse adjointe avec les Carabins, c’est avec l’Université McGill qu’elle a fait carrière comme joueuse.

Hockey féminin : Canada c. Suisse, ce mercredi à 23 h (heure de Montréal)