(Tokyo) Entre le 2e chrono de l’histoire de la Jamaïcaine Elaine Thompson-Herah, portée par des jambes de feu et des chaussures « magiques », et la 2e place de la Namibienne Christine Mboma, débutante privée du 400 m aux JO, car hyperandrogène, un 200 m de folie a conclu la soirée d’athlétisme mardi.

Le record du monde de la sulfureuse Américaine Florence Griffith-Joyner, 21 sec 32 aux JO de Séoul en 1988, ne semble plus si imbattable… En 21 sec 53, Elaine Thompson-Herah a couru le 2e temps le plus rapide de l’histoire pour réaliser le doublé 100-200 aux Jeux de Tokyo, son 2e consécutif après celui de Rio en 2016, une performance inédite chez les femmes.

Thompson a renoué avec puis battu ces derniers jours des chronos qu’elle n’avait plus fait depuis cinq ans. Grâce à sa forme, mais sûrement aussi grâce aux pointes de nouvelle génération, qui ont conquis les sprints et les sauts après le demi-fond.

« Elaine Thompson-Herah a un style qui lui est propre, très en pied. Les nouvelles chaussures agissent sur l’efficacité de la foulée et aident particulièrement les athlètes déjà aériennes à mieux conserver leur vitesse dans les 20 derniers mètres », détaille pour l’AFP Dimitri Demonière, responsable du sprint à la Fédération française d’athlétisme.

Thompson-Herah porte les « Air Zoom Maxfly » de son équipementier Nike, largement répandues chez les sprinteurs de haut niveau depuis quelques mois. Comme la plupart des chaussures « nouvelle génération », cette paire combine une plaque rigide (carbone) et une mousse dernière génération les rendant plus épaisses que les paires « classiques ».

« Elle prend du temps pour atteindre sa vitesse max, mais elle arrive à la conserver plus longtemps », une force amplifiée par les chaussures, ajoute Demonière.

« On observe chez plusieurs filles un changement de foulée lié aux chaussures : Shelly-Ann Fraser-Pryce a longtemps couru en bascule avant. Désormais, sa ligne d’épaule est alignée par rapport au bassin », ajoute le technicien.

Mboma et le règlement sur l’hyperandrogénie

Fraser-Pryce, septuple médaillée olympique âgée de 34 ans, a pris comme d’habitude un départ canon mardi avant d’être dépassée dans les derniers mètres par le retour fracassant de Christine Mboma.

Complète inconnue il y a encore quelques semaines, Mboma a explosé au plus haut niveau en 2021.

Elle était d’abord devenue fin juin la 7e meilleure performeuse de tous les temps sur 400 m. Mais son comité olympique avait annoncé quelques jours plus tard qu’elle ne pourrait pas s’aligner sur la distance aux JO, étant concernée par le règlement sur l’hyperandrogénie.

Il empêche depuis 2019 les athlètes qui présentent des « différences du développement sexuel » (DSD) et un taux de testostérone élevé à courir à l’international du 400 m au mile sauf à prendre un traitement, ce que combat la Sud-Africaine Caster Semenya, par conséquent absente à Tokyo.

Alors Mboma, comme sa compatriote Beatrice Masilingi, dans la même situation et 6e du 200 m à Tokyo, se sont concentrées sur le 200 m.

Mboma a couru son premier 200 m de haut niveau le 29 mai en 22 sec 73 avant de se consacrer pleinement à la distance. En cinq courses, finale olympique incluse, elle a gagné près d’une seconde pour décrocher l’argent en 21 sec 81 (record d’Afrique). Le tout, malgré une technique de sortie des blocs de départ très perfectible.

« J’étais stressée de courir contre des filles comme Elaine Thompson-Herah, je ne m’attendais même pas à courir contre elles, alors je pousse juste à fond pour faire de mon mieux ».

« Je suis très déçue de ne pas pouvoir faire le 400 m », avait-elle simplement indiqué lundi.