Vu sa présence en bonne et due forme au camp des recrues du Canadien, et à l’approche de son saut définitif vers les rangs professionnels, on peut dire que l’ère Logan Mailloux est bel et bien commencée à Montréal.

Son histoire l’a bien sûr largement précédé. Mais sur la glace, le baptême est sur le point de se passer. Au cours des prochaines semaines, il luttera, pour la première fois, pour un poste avec le Tricolore, sinon avec le Rocket de Laval.

Bien que Mailloux connaisse déjà plusieurs joueurs du club, notamment après avoir passé plusieurs semaines en ville pendant l’été 2022, l’organisation a visiblement voulu s’assurer que son intégration officielle se passe de la bonne manière. Depuis un mois, l’Ontarien de 20 ans est donc hébergé chez Paul Byron. Ce dernier, bien qu’il n’ait pas officiellement de poste au sein de l’équipe, est présent aux séances sur glace des joueurs du grand club déjà au travail au centre d’entraînement de Brossard. Il est clair que le CH veut le garder dans son giron.

« Je suis privilégié d’habiter chez les Byron, qui m’ont ouvert leur porte », a d’emblée lancé Mailloux, jeudi matin, après l’entraînement des joueurs recrues.

Ce sont des personnes formidables. Et c’est génial, à l’approche de ma première année professionnelle, de pouvoir discuter avec un gars qui a joué 600 matchs dans la LNH.

Logan Mailloux, à propos de Paul Byron et sa famille

Byron lui a surtout parlé des vertus du travail acharné, a raconté Mailloux. « Sa carrière, le temps qu’il a passé dans les mineures, à quel point il a travaillé pour se rendre jusqu’en haut », a énuméré Mailloux.

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C'est la retraite pour Paul Byron à titre de joueur. Son rôle avec le Canadien pourrait être confirmé au cours des prochaines semaines.

« Il faut se présenter chaque jour et se battre pour continuer, a-t-il poursuivi. C’est une industrie difficile, car si tu ne performes pas, quelqu’un va prendre ta place. »

De sages principes, que l’élève a visiblement appris. On aurait volontiers demandé au professeur ce qu’il en pense, mais le Canadien a décliné notre demande d’entrevue avec Paul Byron au sujet de son nouveau colocataire.

Objectif Montréal

Vu ses très rares apparitions en personne dans les médias depuis que le Canadien l’a repêché en 2021, on en connaît assez peu sur la personnalité de Logan Mailloux.

Le colosse de 6 pi 3 po et 220 livres est apparu détendu devant les nombreux micros braqués devant lui. La mêlée de presse a eu lieu en anglais, mais il est en mesure de s’exprimer en français. Il semblait gêné par sa maîtrise de la langue, pourtant fort acceptable.

D’entrée de jeu, il n’a pas caché que c’est à Montréal qu’il désire jouer dès cette saison. « J’aurais tort de ne pas penser comme ça », croit-il.

Pour y arriver, toutefois, il devra encore recevoir le feu vert de la LNH. La chose a été largement documentée, mais en 2020, alors qu’il évoluait en Suède, Mailloux a distribué à ses coéquipiers une photo intime de sa partenaire sexuelle. La justice locale l’a reconnu coupable de différents chefs d’accusation et lui a imposé une amende. Le Canadien a créé un scandale, en juillet 2021, en en faisant son choix de premier tour au repêchage. De fait, il avait lui-même demandé à ne pas être repêché.

L’an dernier, Gary Bettman, commissaire du circuit, a déclaré que le défenseur du Canadien ne pourrait patiner dans sa ligue aussi longtemps qu’il n’aurait pas reçu une autorisation spéciale en ce sens.

Une rencontre formelle a eu lieu en juillet dernier avec les dirigeants de la ligue. « On a eu une bonne et franche discussion. Logan nous a impressionnés », a confié Bill Daly, commissaire adjoint de la LNH, au journaliste Renaud Lavoie, de TVA Sports.

Jeff Gorton, vice-président aux opérations hockey du Canadien, a lui aussi donné des échos positifs de cette rencontre. Plus tôt cette semaine, au tournoi de golf de l’équipe, il a dit que Mailloux serait « en bonne position » pour jouer « s’il accède à la LNH ». « Ça ne sera pas un problème quand le temps viendra », a ajouté le gestionnaire.

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Le vice-président aux opérations hockey du Canadien, Jeff Gorton

Gorton, comprenait-on, préférait attendre de savoir si Mailloux percerait la formation du CH avant de s’avancer davantage. Le principal concerné a eu la même réserve. « Je ne peux pas entrer dans les détails, mais la rencontre a été positive », s’est-il limité à dire, ajoutant que son objectif à court terme était de connaître un bon camp des recrues, puis un bon camp d’entraînement.

Défenseur offensif prolifique dans la Ligue junior de l’Ontario la saison dernière (53 points, dont 25 buts, en 59 matchs), il veut plutôt démontrer sa polyvalence au cours des prochains jours. « Si tu ne peux pas jouer en défense, tu ne peux pas jouer dans la LNH », a-t-il résumé.

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Recrues du Canadien à l’entraînement, jeudi matin à Brossard

Jeudi, le groupe de 27 recrues du Tricolore partait pour Buffalo, où se tiendra un tournoi avec les espoirs de cinq autres équipes, dont les Sabres.

Candidement invité à dire s’il était heureux de sa situation actuelle, Mailloux n’a pas hésité. « On s’en va jouer au hockey ! s’est-il exclamé. C’est la première fois que j’enfile le chandail du Canadien, c’est emballant. Ça a pris du temps [avant de se produire]. Certainement que je suis heureux ! »