Alex Belzile a-t-il prouvé qu’il est un joueur de la Ligue nationale pendant son audition de 31 matchs cette saison ? Si oui, il aurait fallu le prévenir, car lui ne semblait pas être au courant samedi soir.

La saison du Québécois a pris fin lors de la cinglante défaite de 3-0 face aux Hurricanes. Atteint à un pied par une rondelle, il a terminé sa présence sur une jambe, tenant difficilement sur ses patins. Belzile n’a pas raté une seule présence du reste du match. Mais le Tricolore a annoncé lundi qu’une fracture mettait fin à sa saison.

Mardi matin, il s’est présenté devant les médias avec une botte protectrice — la nouvelle chaussure à la mode dans ce vestiaire — au pied droit.

« Je savais que ça avait pincé. Mais dans ma tête, il fallait que je rembarque, a affirmé Belzile, au terme de l’entraînement matinal du Tricolore. Il reste cinq matchs et je dois prouver que je peux encore jouer. Je ne suis pas en position de m’asseoir sur mes lauriers. C’est ma mentalité. Je devais compétitionner. »

Au deuxième entracte, a-t-il poursuivi, « c’était correct. Après le match, l’adrénaline descend, tu enlèves ton patin et tu te rends compte que c’est pire. Tu essaies de te dire que ce n’est pas si pire. L’aspect mental embarque. »

Le pauvre bâton de Belzile a subi le même sort que son pied sur la séquence : il s’est cassé. Le numéro 60 a fracassé son bâton de toutes ses forces sur le poteau, après que Sebastian Aho eut marqué pour porter la marque à 3-0.

« Ça, je ne suis pas fier. Il faut que tu contrôles tes émotions, a rappelé Belzile. C’était plus en raison de ce qui est arrivé avant. »

Quel avenir ?

Belzile a été rappelé le 21 janvier. Dès lors, il a disputé chacun des 31 matchs de son équipe, sans jamais être retranché. Il est bien retourné à Laval en février, mais c’était sur papier, pendant la semaine de relâche du CH, principalement pour participer au match des étoiles de la Ligue américaine.

Les nombreuses blessures ne lui ont évidemment pas nui, puisque le CH a souvent été pris avec le minimum de 12 attaquants en santé. Mais il reste que Rem Pitlick, Jesse Ylönen et Chris Tierney ont tous sauté des tours pendant que Belzile restait dans l’effectif. Il en a profité pour inscrire 14 points (6 buts, 8 passes) pendant cette période.

Les statistiques avancées ne brossent pas un portrait aussi avantageux — le Canadien a contrôlé 40,5 % des chances de marquer à 5 contre 5 quand il est sur la patinoire * — mais en termes de buts, c’était 50-50 : 19 buts marqués, 19 buts accordés. Mais il s’est aussi démarqué dans des aspects moins mesurables, par exemple le leadership auprès de ses coéquipiers.

En janvier dernier, peu après le rappel de Belzile, Rafaël Harvey-Pinard encensait ainsi le vétéran. « Ce n’est pas pour rien qu’il est capitaine du Rocket. Il amène la même énergie tous les jours, il intègre tout le monde. C’est un des meilleurs capitaines que j’ai eus dans ma vie. »

« J’ai commencé à Laval, mais je n’ai pas pris ça comme une démotion, j’ai voulu travailler sur mon jeu et être prêt quand le téléphone sonne, a mentionné Belzile. Tu ne sais jamais quand ça va sonner, mais quand tu es prêt et que tu es confiant, ça paraît sur la glace. C’est la différence avec l’an passé, j’avais plus confiance de faire des jeux. »

« C’est un cas où le joueur est rappelé et tu espères ne plus le revoir, ajoute le défenseur Corey Schueneman, son coéquipier à Laval depuis trois ans, rappelé pour le match de mardi. Il a profité de sa chance. Il n’a pas pris son rôle de capitaine à la légère, il a travaillé fort et a montré de l’énergie ici comme à Laval. »

C’est ici que ça se corse pour Belzile et le Canadien. Le Bas-Laurentien a été nommé capitaine du Rocket en début de saison, mais son contrat expire cet été. Théoriquement, comme la quasi-totalité des joueurs dans sa situation, le but demeure de décrocher un contrat à un volet de la LNH. De prouver qu’il est peut-être aussi utile dans la grande ligue qu’avec le club-école.

« J’étais vraiment heureux d’être capitaine à Laval, affirme-t-il. C’est un honneur que je n’ai pas souvent eu. C’est l’organisation du Canadien. Ensuite, j’ai été rappelé, j’ai eu du succès, j’ai montré ce que je peux faire pas seulement sur quelques parties, mais sur deux mois. J’avais un impact dans l’équipe match après match. Je suis très content. »

* Source : Natural Stat Trick