Il fut une époque où le golf était considéré comme un sport ringard. Certains ne le considéraient même pas comme un sport. La tendance est maintenant renversée. Non seulement sa cote de popularité ne cesse d’augmenter, mais il est aussi devenu l’un des sports les plus tendance.

Le 123e Omnium des États-Unis frappera un grand coup à compter de ce jeudi. Non seulement parce qu’il marquera le début du troisième tournoi majeur de la saison, mais aussi parce que le sport sera sous le feu des projecteurs.

Le Los Angeles Country Club (LACC), situé dans le Grand Hollywood, un peu à l’est de Santa Monica, accueillera les meilleurs golfeurs au monde, comme les vedettes les plus prisées. Si certains amateurs se présenteront en bermudas du Costco en arborant la casquette de leur fabricant favori, d’autres arriveront avec des lunettes fumées et des gardes du corps.

Le golf débarque à Hollywood pour briller, avec toute l’exubérance qui lui est due.

Le Hollywood actuel est différent de celui présenté, imaginé et illustré par Quentin Tarantino ou Damien Chazelle. Il reste qu’il est toujours le haut lieu du vedettariat, du rêve et de l’épanouissement américains. Ce n’est pas un hasard si le LACC est l’hôte d’un premier tournoi majeur.

Dans la culture populaire

Plusieurs observateurs et acteurs du monde du golf expliquent l’arrivée des plus jeunes sur les tertres de départ par la pandémie. Comme l’a confirmé le directeur général adjoint de Golf Québec, François Roy, « les jeunes ont continué à venir jouer [après la pandémie] ».

Toutefois, si certains sont devenus passionnés, d’autres ont commencé à s’y intéresser parce que leurs idoles se prêtent au jeu.

Sans pour autant être des influenceurs proprement dits, des figures importantes de la culture populaire font la promotion, malgré eux, de ce sport aux nouveaux paradigmes. Ils y jouent, ils en parlent, ça circule et l’intérêt est piqué. Comme un produit, une marque ou une tendance mode dont l’intérêt est amplifié lorsqu’une vedette en fait la publicité.

Les chanteurs Harry Styles, Niall Horan et l’acteur Tom Holland. Les athlètes Stephen Curry, Josh Allen et Patrick Mahomes. Les retraités Michael Jordan, Tom Brady et Michael Phelps. Tous ont été vus en train de jouer au golf, d’assister à un tournoi ou d’en faire l’éloge sur différentes plateformes.

La montée en popularité du golf n’est pas étrangère au fait que ces figures importantes du showbiz mondial ont manifesté leur amour pour la discipline.

La parole aux jeunes

Au début du mois de juin, Matthew et Thomas, tous deux âgés de 25 ans, profitaient d’un après-midi humide et collant au Club de golf Glendale, à Mirabel.

« Je joue pour l’aspect social et l’amour du jeu. Ça me permet de voir des amis et de faire une longue activité. Je trouve le golf très satisfaisant », a expliqué Matthew sur le vert d’entraînement.

Pour son partenaire Thomas, « le golf est un sport à la fois très technique, ce qui est très intéressant, parce qu’on peut apprendre à travailler régulièrement et constamment, puis en même temps, ça peut être physique, surtout si on marche ».

Les deux golfeurs amateurs, qui estiment surtout jouer « pour le plaisir » et non « pour gagner », ont remarqué à quel point l’image du golf avait évolué.

« Le sport est de plus en plus accessible et ancré dans la culture populaire. L’aspect hautain du golf commence à diminuer, et c’est pour le mieux. S’il n’y a pas d’étiquette trop sévère, ça invite les joueurs à jouer encore plus », estime Thomas.

Selon Matthew, le golf est « cool grâce à son effet rassembleur. Ça donne une bonne excuse d’être avec du monde. C’est aussi un sport accessible. Tu peux t’y mettre sans être un grand professionnel. Plus il y a de gens qui s’y mettent, plus de gens embarquent. C’est rassembleur ».

Au club de golf Le Versant, à Terrebonne, Alexandre ne cache pas son amour du golf : « Il y a eu des vedettes au golf dans les dernières années comme Tiger Woods et Rory McIlroy qui ont rendu le sport vraiment plus intéressant qu’il ne l’était pour des plus jeunes. »

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Rory McIlroy

Français d’origine, le jeune homme de 23 ans poursuit : « Si on parle au Québec précisément, il y a tellement d’espace et de terrains et les prix rendent ça très accessible. Il y a un coût quand même associé à jouer au golf, mais ce n’est pas aussi cher qu’en Europe, par exemple, où c’est inatteignable pour la classe moyenne. C’est intéressant parce que ça rend ça plus facile pour des jeunes de se payer des rondes de golf et de jouer. »

Un autre joueur, Dave, 22 ans, a lui aussi évoqué l’accessibilité de la pratique de son sport : « Avant, les clubs étaient réservés à une certaine classe de la société, je pense que c’était plus country club. Dans les dernières années, le golf s’est démocratisé et il y a une hausse d’intérêt pour les tournois de la PGA. Comme le théâtre l’a vécu dans les dernières années, plus on le rend accessible à tous les prix, à toutes les classes sociales, ça permet de réaliser que c’est un sport vraiment le fun. »

Partout en même temps

Cette nouvelle génération d’adeptes du golf est aussi celle des réseaux sociaux. Celle qui les alimente et qui en consomme le contenu.

Ainsi, le monde du golf s’y est adapté et les millénariaux voient passer chaque jour des influenceurs ou des personnalités du web exercer leur pouvoir d’attraction à travers le golf. Des vedettes comme Paige Spiranac, avec ses 3,8 millions d’abonnés sur Instagram, et Grace Charis, avec ses 2,9 millions de fidèles sur TikTok, font fureur en créant du contenu sur les allées.

Idem sur Twitter, où les informateurs génèrent énormément d’intérêt. Comme Ian Rapoport au football et Elliotte Friedman au hockey, Daniel Rapaport et Dylan Dethier sont deux journalistes affectés à la couverture du golf qui génèrent énormément d’activité et d’engouement sur la plateforme par leurs exclusivités, leurs analyses et leurs commentaires.

Avec la série Full Swing, de Netflix, dont le tournage de la deuxième saison est déjà entamé, le sport s’inscrit dans une nouvelle ère. Une période d’abondance et de rafraîchissement pendant laquelle l’intérêt et la popularité du golf ne sont plus à prouver.

Comme Steve McQueen, Roman Polanski et Elizabeth Taylor, les golfeurs de la PGA feront fureur sur les allées hollywoodiennes. Et ce n’est que le début.

Cinq joueurs à suivre

Quel joueur verra son étoile briller à l’Omnium des États-Unis ? Sur les allées hollywoodiennes du Los Angeles Country Club, où l’herbe longue est aussi effrayante que les cascades de Tom Cruise, la compétition sera extrêmement relevée. Reste à savoir si jouer à la maison en avantagera certains.

Max Homa

PHOTO PHELAN M. EBENHACK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Max Homa

Californien et fier de l’être ! Max Homa jouera à domicile cette semaine, avec ou sans sa casquette bleue des Dodgers de Los Angeles sur la tête. Le joueur de 32 ans a battu le record du parcours en 2013 alors qu’il représentait l’Université de la Californie. Sa marque de 61 tient toujours. Le septième golfeur au classement mondial a remporté deux tournois cette saison, en plus de finir dans le top 10 dans la moitié des tournois auxquels il a pris part. Toutefois, son historique en tournois majeurs est peu reluisant. Jamais depuis le début de sa carrière il ne s’est classé dans le top 10 d’un évènement du Grand Chelem. Le destin pourrait cependant être différent, chez lui.

Collin Morikawa

PHOTO MARCIO JOSÉ SANCHEZ, ASSOCIATED PRESS

Collin Morikawa

Lui aussi joueur natif du Golden State, lui aussi ancien étudiant de l’Université de la Californie, et donc lui aussi un joueur qui aura l’occasion de jouer à la maison. Collin Morikawa est en panne sèche depuis son triomphe à l’Omnium britannique en juillet 2021. Il compte tout de même quatre top 10 depuis le début de la saison. Le 18e joueur mondial, 30e au classement de la Coupe FedEx, demeure l’un des joueurs les plus efficaces avec un fer en main. Selon les statistiques du PGA Tour, il est au premier rang pour la qualité des approches entre 100 et 125 verges. Avec l’herbe impardonnable, sa précision pourrait devenir un facteur.

Viktor Hovland

PHOTO MATT YORK, ASSOCIATED PRESS

Viktor Hovland

Viktor Hovland finira-t-il par remporter un tournoi majeur ? Il a terminé quatrième à l’Omnium britannique en 2022, septième au dernier Tournoi des Maîtres et deuxième au Championnat de la PGA il y a quelques semaines à peine. Le jeu de Hovland est en constante évolution et il est de moins en moins victime de ses faiblesses. Auparavant, son jeu autour des verts était une importante lacune. Aujourd’hui, il excelle. Le joueur de 25 ans est de plus en plus complet. Puissant cogneur, il devra cependant s’assurer d’être précis sur ses coups de départ s’il souhaite être parmi les prétendants dimanche.

Brooks Koepka

PHOTO SCOTT TAETSCH, ARCHIVES LIV GOLF/ASSOCIATED PRESS

Brooks Koepka

Difficile de ne pas évoquer Brooks Koepka dans ce genre d’exercice. Il est passé bien près de revêtir le veston vert en avril en terminant deuxième au Tournoi des Maîtres et il a remporté les grands honneurs lors du Championnat de la PGA en gagnant son cinquième titre majeur en carrière. On assiste à la renaissance de Koepka depuis le début de l’année, tant sur le circuit LIV Golf que lors des tournois majeurs. Il est inébranlable. Après trois années perdues à cause de blessures, l’Américain est en mission. Il n’y a aucune lacune dans son jeu. Avec un gain, il rejoindrait Lee Trevino, Nick Faldo et Phil Mickelson au 12e rang de l’histoire avec six triomphes en tournois majeurs.

Scottie Scheffler

PHOTO MARCIO JOSÉ SANCHEZ, ASSOCIATED PRESS

Scottie Scheffler

Scottie Scheffler se retrouve sur cette liste pour trois raisons. D’abord, parce qu’il est le premier joueur au classement mondial. Ensuite, parce qu’il élève son jeu d’un cran dans les tournois majeurs. En plus de sa victoire au Tournoi des Maîtres en 2022, il a terminé deux fois deuxième et une fois dixième à ses cinq dernières participations en tournois du Grand Chelem. Puis simplement parce que le Texan est le meilleur joueur au monde pour se sortir de mauvaises situations. Son coup de départ peu orthodoxe termine souvent hors de l’allée, mais grâce à son excellent jeu de fers, il parvient la majorité du temps à se remettre dans le terrain sans trop de dommage. Cette variable sera déterminante sur le parcours du Los Angeles Country Club.