Dustin Johnson et Phil Mickelson ne se sont pas fait tordre un bras pour tourner le dos à la PGA au profit de la nouvelle série LIV Golf. Au fond, pourquoi ? Pour les dollars. Là où ils se comptent par centaines de millions.

Le circuit de la PGA avait jusqu’à tout récemment le monopole du golf non seulement en Amérique, mais aussi partout sur la surface du globe.

C’était vrai jusqu’à ce qu’un groupe d’investisseurs saoudiens décide de brasser la cage. À vrai dire, ils ont choisi de prendre ce que le PGA Tour a de meilleur à offrir : ses joueurs.

Le premier tournoi de la série LIV Golf a lieu ce week-end, à Londres. Johnson et Mickelson seront les noms les plus populaires, et les plus controversés, à prendre le départ.

Une question d’argent

La série LIV Golf faisait peur à bien peu de gens il y a quelques mois. Personne ne croyait qu’un nouveau circuit, avec de nouveaux règlements et qui oserait défier le PGA Tour, allait pouvoir attirer de grands noms. Or, les choses ont changé rapidement. Les gros sous ont eu raison de plusieurs joueurs qui se sont laissé tenter.

Lorsque l’ancien numéro un mondial et champion du Tournoi des Maîtres en 2020 Dustin Johnson a annoncé qu’il allait faire partie de l’aventure saoudienne, le monde du golf a été ébranlé.

Selon différentes sources, il aurait signé une entente d’environ 150 millions de dollars, pleinement garantis, et ce, avant même d’avoir frappé une seule balle. Mickelson, quant à lui, devrait recevoir près de 200 millions de dollars. Sauf que même si les colonnes du temple ont tremblé, il ne s’est pas effondré.

Photo ADRIAN DENNIS, Agence France-Presse

Phil Mickelson

« Il y a des golfeurs qui sont motivés uniquement par l’argent et il y en a d’autres, plus puristes, qui sont passionnés par l’histoire du PGA Tour, comme Tiger [Woods] ou Rory [McIlroy]. Tandis que Phil Mickelson ou Dustin Johnson, ils font ça pour l’argent », explique Yohann Benson, professionnel au club de golf Le Mirage et analyste à RDS.

McIlroy et Woods auraient d’ailleurs décliné des offres à neuf chiffres par fidélité au PGA Tour.

« Dustin Johnson n’est pas un joueur qui se tient avec les autres gars. Il fait ses petites affaires avec sa femme Paulina et sa famille. C’est plus un solitaire », ajoute-t-il.

Son collègue Jean-Sébastien Légaré, analyste à RDS et au 91,9 Sports, abonde dans le même sens : « Ça ne me surprend pas que Dustin ait pris cette décision, pas parce que c’est un mauvais gars, mais parce qu’il a toujours préféré s’occuper de lui en premier. »

Il n’en a rien à cirer de ce que les autres pensent.

Jean-Sébastien Légaré, analyste à RDS et au 91,9 Sports, au sujet de Dustin Johnson

Par ailleurs, la Banque Royale du Canada, qui commanditait Johnson depuis près de 15 ans, a rompu son association avec son ancienne gloire. Le premier tournoi de la série LIV Golf aura lieu en même temps que l’Omnium canadien RBC. En tant qu’athlète RBC, Johnson aurait été obligé d’y participer, ce qu’il ne fera pas, bien entendu. C’est pourquoi la Banque a coupé les ponts de manière définitive avec lui.

L’équipementier de Johnson, TaylorMade, a été joint par La Presse, mais n’a pas voulu commenter la situation.

D’autres joueurs qui ont connu de belles carrières ont officialisé leur adhésion au nouveau circuit, dont Louis Ooosthuizen, Lee Westwood, Kevin Poulter et Sergio García. Bryson DeChambeau et Patrick Reed en feraient bientôt l’annonce, selon le Daily Telegraph.

La première constatation demeure néanmoins que le calibre est peu relevé et que pour la majorité des joueurs qui figurent sur la liste, le meilleur est derrière eux.

La PGA en danger ?

La série LIV Golf a huit tournois prévus au calendrier. « On parle de l’évènement à Londres, mais il y a cinq évènements sur huit qui sont aux États-Unis. Lorsque ça va venir en Amérique, est-ce que plus de joueurs vont vouloir embarquer ? », se demande Jean-Sébastien Légaré.

Les bourses risquent aussi d’influencer des joueurs qui ont été récalcitrants jusqu’à présent.

Vingt millions de dollars seront distribués à chaque tournoi. Le gagnant empochera 4 millions et le dernier au classement touchera 120 000 $. Sans compter les primes de participation des joueurs vedettes et les bonis de 18 millions, 8 millions et 4 millions de dollars pour ceux qui termineront la saison sur le podium au classement général.

Des sommes vertigineuses qui pourraient donner la frousse à la PGA : « C’est comme lorsque tu vas en cour et que tu es contre un adversaire qui a les poches profondes et que l’argent n’est pas un problème, c’est sûr qu’il faut le prendre au sérieux », souligne Yohann Benson.

Le circuit dirigé par l’ancienne étoile Greg Norman compte 48 joueurs et chaque tournoi est disputé sur trois rondes, sans coupure, donc tous les joueurs sont assurés d’être payés. Les départs sont faits de manière « shotgun », c’est-à-dire qu’il y aura des départs à chaque trou pour accélérer le jeu.

Le PGA Tour et son commissaire Jay Monahan n’ont pas encore réagi. Le bruit court que les joueurs qui participent au circuit saoudien pourraient être pénalisés, suspendus ou bannis à vie. Un risque qui s’avère payant, à tous points de vue, pour certains golfeurs.