Un veston vert. Une accolade empreinte d’émotions. Un retour émouvant au sommet par l’un des meilleurs golfeurs de l’histoire.

En choisissant la victoire de Tiger Woods au Tournoi des Maîtres comme histoire sportive de l’année de l’Associated Press, le panel composé de journalistes sportifs a élu l’événement ayant marqué l’imaginaire de tous au détriment de plusieurs autres événements qui touchaient autant le sport que les questions sociétaires qui ont touché le sport en 2019 : politique, argent et la pression croissante pour l’égalité des droits des femmes.

La victoire spectaculaire de Woods à Augusta a été préférée à celle de l’équipe américaine de soccer lors de la Coupe du monde en France, là où la compétition a été éclipsée par la lutte pour l’égalité des femmes menée par la capitaine Megan Rapinoe et ses coéquipières.

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Megan Rapinoe

Mais Rapinoe n’a pas été la seule au cours de la dernière année à s’être servie du sport comme exemple pour aborder des enjeux sociétaires criants. Des 12 histoires retenues, rares sont celles qui se limitaient à l’action sur les terrains de jeu.

Tout le reste - y compris la mauvaise décision des arbitres qui a coûté aux Saints de La Nouvelle-Orléans une chance de participer au Super Bowl, une loi instaurée en Californie qui menace de renverser la domination de la NCAA au profit des athlètes, et de Simone Biles aux championnats du monde de gymnastique, dans le contexte de la crise des abus sexuels qui ont secoué la discipline aux États-Unis - faisaient parti des événements qui ont transcendé le sport.

Il n’est pas exagéré de dire que la victoire de Woods à Augusta en avril - considérant tous les événements et la décennie qui l’aura précédée - correspondait également à cette catégorie.

Sa déchéance s’est d’abord amorcée au petit matin suivant la fête de Thanksgiving en 2009, quand il a renversé une bouche d’incendie devant sa maison en Floride, déclenchant une avalanche d’histoires sur ses infidélités, qui ont finalement conduit à un divorce. Cette histoire a plongé dans un état de torpeur la carrière de celui qui était considéré par plusieurs comme un héros.

La condition physique de Woods s’est par la suite détériorée. Des maux de dos et plusieurs opérations l’ont forcé à mettre fin à sa saison en 2016 et 2017, si bien que Woods a cru que sa carrière de golfeur était maintenant chose du passé.

À travers vents et marées, Woods a en quelque sorte continué d’entretenir son amour pour le golf, jusqu’à ce qu’il puisse retrouver la forme sur les verts.

Il est venu bien près de remporter deux tournois majeurs en 2018 - l’Omnium britannique et le championnat de la PGA - avant de rafler le championnat du circuit de fin de saison.

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Il aura fallu patienter durant près de 11 ans après la conquête de son dernier titre majeur pour le voir de nouveau enfiler le veston vert par-dessus son polo rouge, la larme à l’œil.

Mais gagner un tournoi régulier n’a pas le même prestige que les victoires lors des tournois majeurs.

C’est sur ce terrain sacré, sur les verts du Augusta National, que Woods avait bâti sa réputation en 1997, écrasant ses adversaires par 12 coups. Une performance qui lui a donné la chance d’enfiler pour la première fois le fameux veston vert. Après avoir complété le 18e trou ce jour-là, Woods s’était empressé d’enlacer de son père Earl — dont la mort aura laissé un vide immense dans la vie du golfeur.

Woods a connu par la suite gloire et fortune, décrochant 15 titres majeurs, et a été sacré champion du Tournoi des Maîtres à quatre reprises.

Il aura fallu patienter durant près de 11 ans après la conquête de son dernier titre majeur pour le voir de nouveau enfiler le veston vert par-dessus son polo rouge, la larme à l’œil.

Cette journée-là, Woods, qui a remis une carte de 70 (moins-2), n’a pas raté un seul coup important lors des sept derniers trous, prenant les devants grâce à un coup de fer-5 vers le 15e vert et deux roulés pour inscrire un oiselet sur cette normale-5. Il a enchaîné avec un coup de fer-8 phénoménal au 16e, une normale-3, envoyant sa balle à deux pieds de la coupe avant de caler un court roulé pour un autre oiselet.

Et au même endroit où il avait retrouvé son père 22 ans plus tôt, Woods a cette fois soulevé son fils de 10 ans Charlie, né un an après la conquête de son 14e titre majeur à l’Omnium des États-Unis en 2008. Il a ensuite enlacé sa mère, puis sa fille de 11 ans Sam, et tous ceux qui l’ont entouré alors qu’il traversait un divorce orageux, une arrestation embarrassante pour conduite avec facultés affaiblies par des médicaments et une série d’interventions chirurgicales.