(Saint-Sébastien et Eibar) Un jeune surfeur, pieds nus et planche sous le bras, est la première personne que j’ai croisée en sortant d’un souterrain près de la place de la Catalogne, à Saint-Sébastien. Des effluves de cannabis ont confirmé que le Tour de France avait déployé son dispositif jaune dans une station balnéaire plus jeune et branchée pour l’arrivée de la deuxième étape.

Premier arrêt dans un resto animé à deux pas de la ligne, où les deux écrans géants diffusaient la course. J’ai vite regretté mon hamburger mollet, condimenté d’un œuf miroir, quand j’ai vu atterrir le tentacule de pieuvre grillée sur la table voisine.

Avant les choses sérieuses, petit saut à la plage de La Concha, où j’ai pu me tremper les pieds dans le golfe de Gascogne. Ceux qui savent que j’ai perdu mon cellulaire dans le Pacifique à ma première baignade au Costa Rica ne seront pas surpris de lire que mon sac à ordi a bien failli y passer dès la première vague ici…

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

La place de la Catalogne à Saint-Sébastien

À ma défense, j’ai probablement été déconcentré par l’architecture espagnole, entre tradition et avant-garde, comme ce palais Kursaal, qui accueillait la salle de presse à deux pas de la ligne.

Olivia Baril m’a appris que Saint-Sébastien a été maintes fois rebâti en raison de guerres et incendies, le dernier en 1813.

« La plus belle ville au monde ! », m’a écrit la cycliste de Rouyn-Noranda, qui y réside depuis 2020. Difficile de la contredire.

À son grand regret, la représentante de l’équipe d’UAE a manqué ce premier passage du Tour depuis 1992. Elle est rentrée au Canada pour y disputer les championnats nationaux d’Edmonton, où elle a remporté la médaille d’argent à la course sur route et au contre-la-montre il y a une semaine.

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE BENOIST, WIKIPÉDIA

Le palais Kursaal

C’est à elle que j’ai pensé en réservant une chambre d’hôtel à Eibar, commodément situé sur la route d’Amorebieta-Etxano, ville-départ de la troisième étape. Baril y a signé ses deux victoires professionnelles au Gran Premio Ciudad de Eibar, la dernière le 28 mai.

J’imaginais un petit village sympa avec ses montagnes aux alentours. J’ai plutôt atterri dans une autre dimension.

Eibar semble avoir poussé au creux d’un profond ravin. Pas étonnant que Baril soit une grimpeuse, comme tout ce que le Pays basque compte pour cycliste.

La ville d’Eibar

On y descend à pas feutrés, avec un soupçon d’appréhension, sur une route qui serpente le long des escarpements et leurs contreforts. J’ai écrit sur une terrasse de restaurant en plein milieu de la grand-place, où coule une petite rivière parfois souterraine.

Passé 22 h, il faisait encore un peu clair. Des gamins de 4 ou 5 ans, maillot de Barcelone sur le dos, tapaient dans un ballon de soccer.

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

La grand-place d’Eibar, la nuit

Le Pays basque pour les nuls, ma nouvelle bible, m’apprend qu’Eibar était réputé pour son industrie d’armes au Moyen Âge. Je vais penser à ça pendant la nuit, en écoutant couler la rivière. Demain, on rentre en France.