(Vitoria-Gasteiz) Le Gran Hotel Lakua de Vitoria-Gasteiz, capitale de la Communauté autonome du Pays basque espagnol, était cerné d’autocars et de voitures d’équipes cyclistes, mercredi après-midi.

Les roses d’EF Education-EasyPost occupaient tout l’arrière, le long d’une grande avenue de la ville-départ de la deuxième étape du Tour de France, dimanche.

À l’avant, les jaunes d’Uno-X, formation norvégienne qui fait ses débuts au Tour de France, partageaient l’espace avec les bleus d’Israel-Premier Tech, l’écurie d’Hugo Houle, Guillaume Boivin et Michael Woods, le trio canadien.

Tandis que les mécanos veillaient sur les derniers ajustements de dérailleurs sur certaines montures flambant neuves, un autre membre s’affairait à nettoyer les autos au compresseur.

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

Un mécano de l’équipe Israel-Premier Tech travaille sur l’un des vélos qui serviront à compter de samedi.

Dans le hall, Jonathan Vaughters, grand patron d’EF, discutait avec ce qui semblait être deux jeunes employés. Un peu plus loin, dans un café presque désert, Richard Carapaz se détendait avec un proche. Le petit Équatorien d’EF figure parmi les principaux candidats à la troisième place le 23 juillet à Paris.

Houle était attendu tard en soirée en provenance de l’aéroport de Biarritz, de l’autre côté de la frontière.

Boivin et Woods ont traversé les montagnes andorranes, où ils résident, à bord d’une camionnette conduite par le soigneur canadien Jon Adams, dans les bras de qui Houle était tombé après sa victoire magique de l’an dernier à Foix.

Ils sont arrivés vers 18 h 30, un peu fourbus après un trajet de 6 h 30 et une dernière sortie d’entraînement à la maison en matinée.

Récent vainqueur de la Route d’Occitanie, Woods a donné des nouvelles de sa fille Maxine, 3 ans et demi, et son fils Willy, 2 ans. Ses parents sont restés en Andorre pour aider sa femme Elly et la niñera.

« C’est dur, mais c’est rendu plus facile maintenant, a noté Woods. Depuis que mon fils a 2 ans, je remarque la différence. Ma fille parle parfaitement le catalan et elle apprend le français à l’école. »

Deux Canadiens confiants

Boivin a embrassé sa copine, partie dans un autre hôtel avec la conjointe d’un coéquipier, avant de saluer tout le monde et de jeter un œil à son bolide aéro, qu’il enfourchera pour la première étape de samedi à Bilbao, le poumon économique du Pays basque, situé à une petite heure au nord.

Le directeur sportif Steve Bauer l’a pris par les épaules pour lui souhaiter la bienvenue. « Ça ne sera pas comme l’an dernier », a promis Boivin, qui a connu un deuxième Tour de France de petite misère, achevé prématurément avec une COVID-19 au matin de la dernière étape.

« Je suis serein », a annoncé Boivin après avoir déposé ses valises dans sa chambre.

Avec l’expérience, on sait où on se situe. Quand je sais que je suis en forme, je vais sur les courses avec confiance et sérénité.

Guillaume Boivin

« Mike a gagné la course de préparation. Le check engine est coché. On peut être confiants, le travail est fait. Maintenant, c’est le temps de profiter des occasions qui vont se présenter à nous. »

Il pourrait y en avoir une dès samedi, sur un terrain taillé sur mesure pour un puncheur comme Woods. Le cycliste d’Ottawa a décroché ses deux victoires d’étape de la Vuelta sur les routes pentues du Pays basque.

« C’est possible, a prudemment avancé l’athlète de 36 ans. Si ça se joue entre les favoris au classement général, j’espère bien être là. »

Un coup à jouer pour Woods ?

Les deux grands prétendants à la victoire finale, le vainqueur sortant Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) et son dauphin slovène Tadej Pogačar (UAE Team Emirates), voudront-ils se découvrir aussi tôt ?

« C’est dur à dire, mais on verra, a répondu Woods. C’est une longue course, c’est 21 jours. Pogačar, chaque fois qu’il a une chance de gagner, il la prend. Mais un gars comme Vingegaard va être un peu plus calme, à mon avis. Mais c’est le Tour… »

« Quelqu’un va s’essayer, a rebondi Boivin.

— Oui, quelqu’un va essayer, a acquiescé son ami. [Julian] Alaphilippe… »

Et pourquoi pas toi ? lui a-t-on suggéré.

Oui, c’est assurément un but, mais le but pour moi est juste de rester calme, de ne pas perdre de temps et ne pas chuter. Parce qu’il y a beaucoup de stress.

Michael Woods

Le thème revient à chaque début de Tour. Boivin a d’ailleurs prévenu son jeune coéquipier néo-zélandais Corbin Strong, qui disputera son premier grand tour à 23 ans.

« Je lui ai dit : “Tu n’aurais jamais vu du stress comme ça dans un peloton.” Ça va dépendre, il y aura peut-être une première sélection samedi, mais ça va être dur, les descentes sont toujours techniques, mais ça va être du stress à bloc, à bloc. »

Plus que deux jours avant le départ

Steve Bauer a reconnu les deux premières étapes en voiture. « Je m’attendais à des routes plus étroites, mais elles sont plutôt larges, a-t-il rapporté à Woods et Boivin, en insistant néanmoins sur l’âpreté des côtes basques.

« Il y a également des endroits plus techniques dans des villes et des îlots directionnels, ce qui est typique de toute course de nos jours. Mais c’est un parcours très bien dessiné pour le début du Tour. »

Comme l’an dernier, où Houle et l’Australien Simon Clarke avaient levé les bras, Israel-Premier Tech vise surtout des victoires d’étape sur ce 110e Tour, même si Woods gardera un œil sur le général.

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Guillaume Boivin et Steve Bauer, directeur sportif de l’équipe Israel-Premier Tech

On a un alignement très fort, mais comme toutes les équipes qui amènent leur liste “A” ici.

Steve Bauer, directeur sportif d’Israel-Premier Tech

Après une trentaine de minutes, Woods et Boivin sont rentrés dans leur quartier pour une rencontre avec un commanditaire et un souper d’équipe.

Ce jeudi, ils rouleront entre deux heures et demie et trois heures dans les montagnes escarpées et verdoyantes du Pays basque. « On dirait quasiment qu’on est dans la jungle », a souligné Boivin.

La traditionnelle présentation des coureurs se déroulera ce jeudi soir devant le célèbre musée Guggenheim de Bilbao. Samedi, ce sera le temps de lâcher les fauves.