« Come on, ce sont tes cinq derniers kilomètres de chrono à vie… »

À l’oreillette, Karol-Ann Canuel a reçu un rappel de ce qu’elle avait plus ou moins considéré jusque-là. La cycliste de 33 ans était bel et bien en train de disputer le dernier contre-la-montre individuel de sa carrière, lundi après-midi, en Belgique.

« Sur le coup, ça fait tellement mal que c’est dur d’avoir des émotions », a expliqué Canuel après l’épreuve.

Mais l’encouragement lui a procuré le dernier petit sursaut de motivation qui l’a menée vers Bruges. Il venait du chef de l’équipe canadienne aux Mondiaux, Shawn Clarke. Il se trouve à être aussi le copain de longue date de l’Abitibienne d’origine…

« Je ne savais pas qu’il me dirait ça. C’était bien pensé de sa part ! »

13e

Pour son dernier rendez-vous avec ce que l’on appelle l’épreuve de vérité, Canuel a fini 13e, soit un rang de mieux qu’aux Jeux olympiques de Tokyo un mois plus tôt.

« Pour être honnête, j’aurais aimé ça, terminer dans le top 10 », a-t-elle avisé au sortir du massage.

L’excellente grimpeuse s’est surprise à aimer ce parcours tout plat. Au bout des 30,3 km franchis à la vitesse moyenne de 46,7 km/h, elle a lâché 2 min 48 s à la vainqueure, la Néerlandaise Ellen van Dijk, partie peu après elle.

Avant-dernière à s’élancer, la Suissesse Marlen Reusser a chauffé la meneuse avant de céder un peu de temps dans la dernière portion. La vice-championne olympique a encore dû se contenter de l’argent. Après son succès à Tokyo, la Néerlandaise Annemiek van Vleuten est cette fois montée sur la troisième marche.

Canuel aurait eu à retrancher une demi-minute pour atteindre son objectif et se glisser parmi les 10 premières.

Je reste satisfaite de ma course. Je n’aurais pas pu mieux faire. Il y a peut-être quelques petits endroits où j’aurais pu aller un peu plus vite, mais j’ai pas mal suivi le plan que je m’étais donné.

Karon-Ann Canuel

Exactement comme aux Jeux, sa compatriote Leah Kirchmann, seule autre Canadienne en lice, s’est classée deux rangs devant elle.

« C’est sûr que j’aurais aimé être la meilleure Canadienne pour ma dernière course, mais deux positions de plus ou de moins, ça ne change pas grand-chose. C’est drôle parce qu’elle a toujours réussi à me battre de quelques secondes cette année. Nos styles sont différents, mais on est pas mal semblables au contre-la-montre. »

« Profiter du moment »

Canuel s’est révélée en prenant le sixième rang au chrono des Mondiaux de 2014, en Espagne. Elle n’a jamais été en mesure de rééditer cet exploit, mais elle a néanmoins terminé huitième, il y a trois ans, à Innsbruck. Elle revendique trois titres mondiaux à l’ancienne épreuve par équipes professionnelles.

Le fait de disputer ses 10es et derniers Mondiaux élites ne lui a pas trop effleuré l’esprit jusqu’ici.

« C’est drôle, c’est comme si je ne le réalise pas encore. Habituellement, je commence ma saison morte après les championnats du monde. Plus tard, je reprends l’entraînement. C’est sûrement là que je vais le réaliser. Je vais rouler juste pour moi, mais je n’aurai pas besoin de coach ni d’entraînements. Là, j’essaie de profiter du moment présent juste pour avoir de bons résultats et donner mon maximum pour une dernière fois. »

Avec Kirchmann et la nouvelle championne nationale Alison Jackson, Canuel participera à la course sur route samedi. La perspective de rouler parmi un public belge nombreux et enthousiaste l’enchante.

« On sera seulement trois partantes cette année, il faudra jouer nos cartes comme il faut. Mais sur un parcours comme ça, tout peut arriver. Personnellement, j’aimerais avoir de bonnes sensations comme à Innsbruck en 2018 [6e sur route]. Quand tu ne penses pas trop et que tu ne fais qu’agir. Courir à l’instinct, je dirais. C’est mon souhait. »

Plus tôt dans la journée, Raphaël Parisella, de Boucherville, a enregistré le 32temps à son premier essai chez les moins de 23 ans. Son compatriote Francis Juneau, de La Prairie, a fini 46e.