Karol-Ann Canuel commençait sa dernière ascension du Mur de Huy quand elle a entendu le nom de la vainqueure à l’oreillette : Anna van der Breggen.

Fallait-il s’en étonner ? La Néerlandaise de 31 ans a décroché son septième succès de suite à la Flèche wallonne, mercredi. Mais la championne mondiale a eu chaud.

Au terme d’une épreuve où son équipe SD Worx n’a jamais eu le contrôle, van der Breggen a dû répondre à une dernière fronde de Katarzyna Niewiadoma (Canyon-SRAM), qui l’a suivie au coude à coude dans les derniers hectomètres.

Tentant sa chance avec 200 mètres à faire, la Polonaise a maintenu le suspense jusqu’à la pancarte des 100 mètres, au moment où la Néerlandaise s’est levée de sa selle pour enfoncer le dernier clou.

La championne italienne Elisa Longo Borghini est revenue de l’arrière pour devancer la Néerlandaise Annemiek van Vleuten sur le fil et compléter le podium.

« Ça a été une bonne bataille avec Kasia. Elle était forte, mais je suis très heureuse d’avoir pu gagner celle-là », a souligné van der Breggen en entrevue pour la captation internationale.

Cette victoire a-t-elle été la plus difficile à décrocher ? « En effet, a-t-elle acquiescé. Ça se décide peut-être avant tout dans le Mur à la fin, mais la course était dure dès le début. Le rythme était très élevé dans toutes les montées. On a aussi fait quelques erreurs tactiques. On a donc dû chasser. Mais l’équipe a très bien fait pour remédier à cela. »

PHOTO OLIVIER MATTHYS, ASSOCIATED PRESS

La Néerlandaise Anna van der Breggen, coéquipière de Karol-Ann Canuel dans la formation SD Worx

Sa coéquipière Canuel a fait sa large part pour refermer l’avance prise par un trio d’échappées de haute tenue composé de la Suissesse Elise Chabbey (Canyon-SRAM), de la Néerlandaise Lucinda Brand (Trek) et de la Britannique Anna Henderson (Jumbo).

La championne canadienne a roulé en tête pendant une dizaine de kilomètres avant de s’effacer dans la côte d’Ereffe, avant-dernière difficulté de la journée, à moins de 20 km de la ligne. La championne américaine Ruth Winder (Trek) s’est envolée à son tour, reprise seulement au pied du Mur de Huy à 1,4 km.

« On aurait dû être dans l’échappée à trois », a analysé Canuel, qui a pris le 41e rang, à 5 min 17. « On était prises à l’arrière. Il fallait chasser et ça a été mon rôle [mercredi]. »

J’avais de bonnes jambes et j’aurais peut-être pu avoir un meilleur résultat personnel, mais j’étais heureuse de me sacrifier pour l’équipe. Anna a gagné et ça a été une bonne journée !

Karol-Ann Canuel

Comme van der Breggen, sa partenaire de chambre avec qui elle a partagé les quatre dernières victoires, Canuel disputait sa toute dernière Flèche wallonne. La grimpeuse-rouleuse d’Amos a connu sa part de succès en neuf participations à la classique belge, terminant 10e à son deuxième essai sous les couleurs de Vienne Futuroscope en 2012.

Contrairement à ce qu’elle croyait, elle n’a pas ressenti d’émotions particulières pour cet ultime passage.

« Ça ne m’a même pas traversé l’esprit. J’aurais dû prendre un moment pour le réaliser la dernière fois dans le Mur de Huy, mais non ! J’ai l’impression qu’avec la COVID, tout est différent. Sans spectateurs, ça enlève un peu l’ambiance. »

Se préparer pour Tokyo

Canuel n’accompagnera pas van der Breggen à Liège-Bastogne-Liège, dimanche. Comme elle a déjà annoncé son intention de se retirer à la fin de la saison, sa formation a choisi de « donner la chance à de plus jeunes de prendre de l’expérience ».

Dans le but de préparer ses deuxièmes Jeux olympiques à Tokyo, la Québécoise de 33 ans sort d’un stage de près de trois semaines en altitude en Sierra Nevada, où elle compte retourner en juin.

Elle a travaillé autant la route que le contre-la-montre. Lundi, elle était d’ailleurs dans un vélodrome à Düsseldorf pour améliorer l’aérodynamisme de sa position au chrono, une initiative de Cyclisme Canada.

« Chez les femmes, on a autant de chances sur route qu’au contre-la-montre, a indiqué Canuel à propos de Tokyo. C’est l’objectif. »

L’an prochain, de nouvelles coureuses se disputeront les honneurs de la Flèche wallonne. « Je ne dérangerai plus les filles ! a rigolé van der Breggen. Ce sera à quelqu’un d’autre, ce qui est une bonne chose. Je suis vraiment heureuse de finir ça comme ça. Sept victoires de suite, c’est incroyable. »