(Madrid) La double menace de la COVID-19 et de la neige plane sur le Tour d’Espagne transformé en course d’obstacles pour les aspirants au maillot rouge. À commencer par Primoz Roglic, grand battu du Tour de France et vainqueur de l’édition 2019, qui s’élance avec le dossard de favori mardi à Irún dans le Pays basque.

À la situation sanitaire incertaine et versatile, illustrée par le quasi-bouclage de Madrid, où la Vuelta doit se conclure le 8 novembre, est venue s’ajouter l’hypothèque de la météo.

Reporté de deux mois et raccourci de ses trois étapes initiales prévues aux Pays-Bas en raison de la pandémie, le 75e Tour d’Espagne tremble déjà de froid.

À une semaine du grand départ, la neige a recouvert le Tourmalet (2115 m d’altitude), théâtre de l’arrivée de la sixième étape dimanche et premier moment de vérité de cette Vuelta. De quoi épaissir le brouillard autour de la dernière course de trois semaines de l’année.

Toujours en cours, le Giro a perdu deux de ses favoris, Simon Yates et Steven Kruijswijk, sur tests positifs au coronavirus. Et par précaution, leurs équipes, dont Jumbo, celle de Roglic, se sont retirées du Tour d’Italie.

Une situation à laquelle doit se préparer le Tour d’Espagne. Pour éviter les risques, neuf ascensions seront interdites au public, dont les sept arrivées au sommet.

Revanche de Roglic ?

La recette, appliquée lors du Tour de France là où le virus circulait le plus, lui avait permis de passer entre les gouttelettes.

Les deux épreuves ont en commun d’être organisées par ASO, via sa filiale Unipublic dans le cas de la Vuelta. De quoi espérer un scénario similaire dans la péninsule ibérique ? Pas au classement général, doit songer Primoz Roglic.

Le champion de Slovénie, déchu du maillot jaune à la veille de l’arrivée de la Grande boucle à Paris après onze jours dans l’étoffe dorée, a un douloureux souvenir à reléguer dans la cave de ses pensées, avant de remettre son vélo au garage pour de bon en 2020.

Avec deux équipiers de luxe, Sepp Kuss et George Bennett, et Tom Dumoulin en coleader, « Rogla » peut compter une nouvelle fois sur une équipe façon Avengers autour de lui.

« Notre équipe se présente au départ avec deux favoris pour la victoire finale, dont le tenant du titre, plastronne son directeur sportif Grischa Niermann. On peut être sûrs que les autres équipes nous surveilleront ».

Au premier rang desquelles, Ineos. L’ex -Team Sky, dépassé par les hommes en jaune et noir en France, se déplace en Espagne du lauréat du Giro 2019 Richard Carapaz en leader, accompagné de l’homme aux quatre Tours de France, Chris Froome, qui y dispute sa dernière course sous le maillot de l’équipe britannique.

Une première semaine décisive

Au-delà du duel Jumbo-Ineos, l’étonnant Alexandr Vlasov peut créer la sensation dans une Vuelta habituée aux vainqueurs inattendus (Aru en 2015, Horner en 2013). Le jeune Russe de 24 ans, une des révélations de cette saison (podium du Tour de Lombardie, victoires dans le Tour d’Emilie et le Mont Ventoux Dénivelé Challenge) s’est reporté sur l’Espagne après son abandon dès la 2e étape du Giro.

À domicile, Movistar a une carte à jouer avec son leader espagnol Enric Mas, surprenant 5e du Tour de France, qui sera épaulé par le vétéran Alejandro Valverde.

Et si — plus encore que d’ordinaire avec ce calendrier condensé — la Vuelta doit tourner à la consolante de la Grande boucle, pourquoi ne pas imaginer Thibaut Pinot s’illustrer, après la déception du Tour, où une chute dès le premier jour a ruiné ses ambitions.

Il ne faudra pas de retard à l’allumage en Espagne. Une arrivée au sommet ouvre le Tour d’Espagne avec une montée finale de 5,3 km et 7,7 % de pente moyenne à Eibar dès mardi.

« Les trois premières étapes sont montagneuses, observe même Grischa Niermann. Donc il faudra être fort dès le départ. La 6e étape arrive ensuite. Selon moi, c’est l’étape reine, avec son arrivée au col du Tourmalet. […] À mon avis, la semaine la plus importante de la Vuelta sera la première semaine ».