Les nouveaux pneus Pirelli, beaucoup plus fragiles que les Bridgestone, qui équipaient les Formule 1 jusqu'à cette année, ne sont pas du goût des pilotes, mais devraient pimenter le Championnat, qui débute le 27 mars à Melbourne, en Australie.

Testées une première fois en 2010 après le Grand Prix de clôture d'Abou Dhabi, les gommes italiennes ont d'abord rassuré, avant de plonger le paddock dans un abîme de perplexité lors des quatre sessions d'essais d'avant-saison.

En cause, leur usure rapide et extrême, qui influe grandement sur les performances des voitures. «Elles ne durent pas longtemps. Après juste un tour, elles perdent 0,5 seconde au tour, puis c'est 1,5 sec, 2 sec, 3 sec», raconte Vitaly Petrov (Lotus Renault).

Par cette seule raison, «une Hispania pourra aller plus vite qu'une Ferrari, juste parce que le pneu de l'une aura roulé 15 ou 20 boucles, alors que celui de l'autre en aura fait 3 ou 4», sourit Jaime Alguersuari (Toro Rosso).

Le phénomène qui touche les gommes «à l'arrière comme à l'avant, à gauche et à droite» est «immédiat et s'accentue sans cesse», dixit Petrov.

«Avec les Bridgestone, si on commettait une erreur, qu'on bloquait un pneu ou qu'on le surchauffait, en pilotant doucement, il revenait. Mais là, il n'en est pas question. Parfois, on perd une seconde en un virage à peine», calcule le Russe.

D'où l'impossibilité de les garder longtemps. Les gommes dures devraient durer une vingtaine de tours maximum, une quinzaine à minima. «Trois ou quatre arrêts aux puits seront vraisemblablement nécessaires en début d'année», pronostique Jaime Alguersuari, à l'instar du reste du paddock.

Spectacle

L'impact sur la course sera énorme. Quelque «60% ou 70% de la course se joueront sur la stratégie. Il s'agira d'économiser ses pneus en roulant souplement, plutôt que d'aller vite et de les tuer», ce qui multiplierait le nombre d'arrêts et ferait perdre au final du temps au pilote concerné, évalue l'Espagnol.

Et Alguersuari de poursuivre: «Trois ou quatre arrêts seront un bénéfice pour les petites équipes. On pourra davantage jouer avec la stratégie, avec la chance. Si tu commences à l'arrière, avec une bonne stratégie, tu peux te retrouver à l'avant.»

Une chance pour les aspirants donc, capables par ce biais de revenir sur la tête de course. Une catastrophe pour les leaders, qui goûtent peu ce genre d'aléas. Et qui n'ont pas mâché leurs mots récemment à l'encontre des Pirelli.

«La Fota (association des écuries) et la FOM (détenteur des droits) nous ont demandé de fournir un pneu qui contribuerait au spectacle en course en favorisant les dépassements», leur répond Paul Hembery, le directeur du département compétition de la marque italienne. «Nous avons donc dessiné un pneu avec un degré de dégradation inné garantissant au moins deux arrêts aux puits par course. Ce n'est pas une tâche aisée. Il est beaucoup plus simple de concevoir des gommes qui dureront 1000 kilomètres que des gommes qui n'en feront que 100», selon M. Hembery.

Martin Whitmarsh, le directeur de McLaren, en convient: «L'usure des pneus a été demandée par beaucoup d'actionnaires de la F1 car c'est un facteur d'amélioration du spectacle. Il paraît donc injuste de critiquer Pirelli pour avoir fourni exactement ce qu'on lui demandait.»