Sous la pression du grand patron de la Formule 1, Bernie Ecclestone, le Grand Prix de Melbourne pourrait bien disparaître du calendrier ces prochaines années, alors même que la plupart des pilotes disent apprécier le déplacement australien.

Melbourne organise le GP d'Australie depuis 1996, quand il avait pris le relais d'Adélaïde, et dispose d'un contrat jusqu'en 2010.

Mais Bernie Ecclestone a répété ces dernières semaines que les coûts supportés par les équipes pour ce lointain déplacement étaient très importants et que la Formule 1 y gagnait moins d'argent qu'ailleurs.

Le «grand argentier» de la F1 peut en outre mettre en avant les noms d'éventuels remplaçants, plusieurs pays se bousculant pour organiser des Grands Prix ces prochaines années, comme la Russie ou l'Inde.

Il souhaiterait par conséquent que Melbourne suive l'exemple de Singapour, qui va organiser en septembre le tout premier Grand Prix couru de nuit. L'horaire tardif d'une course dans cette partie du globe présente le grand avantage pour les téléspectateurs européens, gros pourvoyeurs d'audiences, de pouvoir suivre l'épreuve à un horaire «habituel», le dimanche après-midi. Ainsi, la course de Singapour partira à 20h00 locale, soit 13h00 GMT.

Efforts

Mais les Australiens se refusent à imaginer un Grand Prix de nuit à Melbourne, où l'État de Victoria (sud-est) a déjà perdu beaucoup d'argent ces dernières années (le budget prévisionnel pour cette édition anticipe des pertes de 40 millions de dollars australiens, soit environ 24 millions d'euros).

Installer un éclairage assez puissant pour permettre des courses de nuit coûterait environ 38 millions de dollars selon les estimations (près de 25 millions d'euros), un investissement dont les organisateurs ne veulent pas entendre parler.

Ces derniers ont néanmoins consenti quelques efforts en décalant l'heure du départ de la course, qui débutera à 15h30 cette année (au lieu de 14h00 ces dernières saisons) et même à 17h00 l'an prochain.

Les pilotes sont en tout cas désolés des menaces pesant sur le Grand Prix d'Australie, où l'accueil du public est chaleureux et le beau temps toujours au rendez-vous.

«On entend beaucoup de choses à propos de plusieurs Grands Prix, mais malheureusement, nous, on ne peut pas faire grand-chose. La ville est belle, les gens sont sympas et j'espère qu'on reviendra longtemps ici», estime le pilote brésilien de Ferrari, Felipe Massa.

 

Kayak de mer

«J'espère qu'on restera ici, c'est un excellent endroit pour débuter la saison», affirme l'autre pilote Ferrari, Kimi Räikkönen.

Nico Rosberg est du même avis: «Venir en Australie pour le premier Grand Prix, c'est super ! J'ai eu la chance de passer par Sydney pour des opérations de promotion avant de venir ici. C'est très sympa», s'enthousiasme le pilote Williams.

Les hommes de chez McLaren-Mercedes, Lewis Hamilton et Heikki Kovalainen, qui ont pu participer mercredi à une compétition amicale de kayak de mer sur une plage australienne proche de Melbourne, ne diront pas le contraire.

Mais les dirigeants, et surtout les habitants de l'État de Victoria, qui voient chaque année près de 40 millions de dollars de leurs impôts partir en fumée à cause du Grand Prix, doivent trouver très cher ce luxe de pouvoir organiser une course de Formule 1.

«Tout le monde aimerait conserver un Grand Prix, mais si ce n'est pas viable, ce n'est pas viable, a déclaré John Brumby, qui dirige l'État de Victoria. Le gouvernement doit être responsable des ses contribuables. Il n'y aura pas de course de nuit.»

Les jours du GP d'Australie sont donc certainement comptés.