Le projet de retour des Expos a beau être tombé à l’eau, ça se bouscule à Laval en ce dimanche après-midi pour l’Expos Fest.

Vladimir Guerrero et Bartolo Colón sont parmi les plus gros noms de l’évènement. La file est longue à la table de Colón, un type plutôt réservé mais qu’un amateur, Piero, fait sourire.

« Mon cousin possédait un liquor store à Cleveland, et Bartolo allait toujours chercher la même commande », nous raconte Piero, un peu amusé, après coup.

Du reste, le contact avec les amateurs demeure relativement froid. « Il est super gentil », assure Mercedes, qui sert d’interprète pour le légendaire droitier, membre des Expos en 2002.

« Il est quand même assez sérieux. Le fait de ne pas parler anglais, ça le fait reculer un peu. Il est inconfortable parce qu’il ne peut pas répondre à son aise. Mais il est super. »

On se déplace à la table de Bryn Smith. La séance d’autographes tire à sa fin, la file d’attente diminue, et le petit Cole se présente à la table du lanceur à la barbe désormais blanche.

Expos Fest
  • Le jeune Cole écoute les précieux conseils de Bryn Smith.

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Le jeune Cole écoute les précieux conseils de Bryn Smith.

  • Vladimir Guerrero fait le bonheur d’un partisan.

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    Vladimir Guerrero fait le bonheur d’un partisan.

  • Bartolo Colón signe une casquette qui compte déjà de nombreux autographes !

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Bartolo Colón signe une casquette qui compte déjà de nombreux autographes !

  • Tim Raines discute avec Steve Rogers.

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Tim Raines discute avec Steve Rogers.

  • Rondell White, Cliff Floyd et Vladimir Guerrero

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Rondell White, Cliff Floyd et Vladimir Guerrero

  • Les Expos ne sont pas morts dans le cœur des amateurs de baseball…

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    Les Expos ne sont pas morts dans le cœur des amateurs de baseball…

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Smith prend cinq minutes pour carrément lui enseigner différentes façons d’agripper la balle. « Si tu veux faire de l’argent, tu dois apprendre ce lancer-là. C’est la balle-paume [palm ball]. J’étais le seul qui la lançait dans le temps ! »

Notre homme est maintenant âgé de 66 ans et il a l’enseignement en lui. « J’ai longtemps été entraîneur au niveau local, mais plus maintenant. Je m’implique pour promouvoir la construction de terrains, afin de garder les jeunes actifs. Je m’implique comme je le peux ! »

La fameuse entrevue

Si ce n’est pas encore clair ici, Smith est un type éminemment sympathique et chaleureux. Même une question qui irriterait bien des joueurs le fait sourire : la question des Doritos.

Cette « controverse » est revenue dans l’actualité ces derniers mois quand la conjointe de Jeff Petry est repartie vivre aux États-Unis en raison des contraintes sanitaires, non sans critiquer les soins de santé du Canada au passage.

Cette histoire a donc rappelé aux plus sages l’entrevue que Smith avait accordée à Sports Illustrated, parue dans le numéro du 31 juillet 1989. Les Expos faisaient alors tourner les têtes et occupaient le 1er rang de leur division.

  • PHOTO TIRÉE DE SPORTS ILLUSTRATED

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En somme, le journaliste Peter Gammons rappelait que les Expos connaissaient un tel succès en dépit d’un problème d’attractivité de Montréal auprès des joueurs.

Patti, la femme de Bryn Smith, y raconte donc que l’organisation des Expos est « incroyable pour les familles des joueurs ». Puis, le couple se lance dans une énumération plutôt rigolote des sources d’irritation, notamment de devoir aller à Plattsburgh pour se procurer des Doritos, de même que la sauce brune qui vient avec les frites, plutôt que du ketchup. « Quand tu commandes un Coke, ils ne mettent jamais de glace. Et quand tu en demandes, ils te disent en français que t’es stupide parce que ça te fait plus de Coke quand il n’y a pas de glace. »

En conclusion, Smith rappelle toutefois qu’il est prêt à vivre avec du Coke sans glace « pour jouer au sein d’une équipe comme la nôtre ».

« Il n’y avait rien de mal à jouer à Montréal. On adorait ça ici. Les gens nous traitaient bien, insiste Smith. C’était simplement une blague, pas une critique. Voici mon plus gros problème : j’aime les Doritos, et on n’en trouve pas ici. Malheureusement, ç’a été mal interprété. Mais à l’époque, les gens cherchaient du négatif. »

C’est le baseball majeur… On aurait pu jouer sur la Lune et j’aurais été heureux !

Bryn Smith

Smith en rit aujourd’hui, surtout quand il repense à ce qui l’attendait au retour de l’équipe à Montréal.

« Quand l’article est sorti, on était sur la route à Chicago. À notre retour, il y avait à mon casier 2 sacs de 50 lb de glace, des Doritos partout, dans mon pantalon, et probablement 50 bouteilles de ketchup. C’était comme un temple ! J’ai encore la photo. Tim Raines était mon voisin de casier, il a dit : “C’est quoi, ça ?” J’ai commencé à signer les bouteilles de ketchup et à les donner. »

Malgré cet imbroglio, il garde de bons souvenirs de Montréal. Il se rappelle avoir habité à L’Île-des-Sœurs, puis à Dorval, où « on louait la maison de Bill Gullickson après son départ ». En participant à l’Expos Fest, c’est l’occasion de renouer avec ses souvenirs.

« J’ai toujours hâte à ce type d’évènement. Deux fois, j’ai essayé de rentrer au Stade olympique, mais ç’a été impossible. J’ai pris le métro à partir du centre-ville, comme je le faisais à l’époque pour me rendre aux matchs. Je stationnais au métro Atwater et je prenais le métro. C’était simple, facile, tranquille et propre. »

De l’amour pour Montréal

Smith a joué neuf saisons à Montréal, de 1981 à 1989. Les Expos ont connu les deux meilleures années de leur histoire au guichet pendant son passage : 2,3 millions de spectateurs en 1982 et en 1983. Après un creux de vague, il a vu les assistances remonter à 1,8 million en 1987 et en 1989.

« On a eu de bonnes équipes, se souvient-il. S’il y avait eu un quatrième as dans le temps, on aurait été en séries chaque année ! C’était tellement dur de rentrer en séries, et c’était souvent serré. Mais j’en garde de bons souvenirs. »

On comprend ici que lui, il croit au marché de Montréal. Mais cette édition de l’Expos Fest se tenait dans un contexte particulier, quelques semaines après que le plus récent projet de retour du baseball à Montréal a été mort et enterré.

« Il faut entretenir la flamme, continuer à pousser. Mais je comprends que c’est décevant. Un stade au centre-ville serait super. Je dis aux gens de ne pas perdre espoir et peut-être qu’un miracle surviendra. »

Avant-dernière édition

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Perry Giannias

C’est l’infatigable Perry Giannias qui organise comme toujours l’Expos Fest. Et il a été clair : cette édition 2022 est l’avant-dernière de l’évènement, qui a pris une pause de deux ans en raison de la pandémie. À la base, son but était d’amasser 1 million de dollars pour la recherche sur le gliome pontique intrinsèque diffus, une forme de cancer du cerveau qui a fauché Catherine, la nièce de Perry, à l’âge de 5 ans. « On va atteindre le million l’an prochain, c’était notre but et ce sera tout, on va prendre notre retraite. On ne veut pas finir ça dans la COVID-19, on veut faire quelque chose de bon, ce sera le gala du million de dollars. » Il s’agit du même cancer qui afflige le fils de l’ancien attaquant du Canadien Ryan White, et dans l’état actuel de la connaissance, il est incurable. « On voulait amasser 1 million dans l’espoir qu’un jour, les parents n’auront plus à se faire dire que leur enfant va mourir », dit-il. Sa fondation, Kat D DIPG, remet l’argent à la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants.