L’homme d’affaires Stephen Bronfman s’est montré pour le moins optimiste en vue du retour du baseball à Montréal, mardi, à sa sortie d’une rencontre avec la mairesse Valérie Plante. Celle-ci réclame toutefois une mise à jour publique sur le projet avant toute chose.

« Ça va devenir quelque chose pour Montréal. Et ce n’est pas juste un stade de baseball, c’est un centre communautaire pour Montréal, qui sera actionné 12 mois par année. Ça va être quelque chose de magnifique, on va pouvoir donner plus à notre ville qu’on aime tellement. »

Lors de son allocution, dont un enregistrement a été transmis à La Presse par le cabinet de Valérie Plante, M. Bronfman a aussi dit vouloir « ranimer une partie de Montréal où il n’y a pas grand-chose qui se passe ». Il soutient qu’une « conférence de presse » devrait se tenir dans les prochains mois, après les Fêtes.

« On n’est pas à ce moment où on peut faire des grosses annonces ou donner des détails, parce que notre travail continue toujours, mais ça va être bientôt », a-t-il résumé, avant d’ajouter : « Il y a beaucoup de balles toujours dans l’air, mais il y en a de moins en moins ces jours-ci. On est presque à la fin. »

On va être transparents, parce que c’est notre style. C’est ce que les Québécois, les Montréalais et les Canadiens veulent : de voir comment ce projet-là va affecter notre vie ici, à Montréal.

Stephen Bronfman

L’homme qui est à la tête de la firme d’investissement Claridge affirme que la mairesse Plante s’est montrée « très réceptive » pendant la rencontre, parlant même d’un « très bel échange ». « Tout le monde sait que c’est un très bon projet pour Montréal. On est tous ensemble, on a tous la même vision. Il faut travailler ensemble. Mais c’est sûr que ça va fonctionner », a avancé M. Bronfman, souriant.

Plante veut une mise à jour publique

Valérie Plante, elle, a demandé mardi au Groupe Baseball Montréal de faire preuve de transparence avec les Montréalais, au sortir de la rencontre avec M. Bronfman. Elle affirme que son groupe a fait « du bon travail », mais qu’il doit maintenant expliquer publiquement ses intentions pour la venue d’une équipe de baseball dans la métropole.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante

Il y a un enthousiasme, mais le diable est dans les détails. On veut un bon projet, la population s’inquiète. Et il y a une inquiétude que je partage parce que ce projet-là doit être bénéfique socialement et économiquement à long terme. Je crois que c’est la plus grosse question.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Une mise au point publique est « absolument nécessaire », a martelé Mme Plante. « La prochaine étape, pour nous, c’est que le Groupe Baseball fasse une mise à jour à la population, puisse parler de leur projet, de leur vision et également répondre aux questions, a-t-elle dit en point de presse. Parce qu’il y en a beaucoup. […] Il y a plein de questions. »

La cheffe de Projet Montréal dit avoir réitéré à M. Bronfman que « Montréal ne sera pas le promoteur du retour du baseball » et qu’« il n’y aura pas d’argent public des Montréalais et des Montréalaises dans ce projet-là, dans la construction d’un stade ».

Québec prudent, la FCC s’indigne

Questionné à ce sujet lundi, le premier ministre François Legault, qui étudie l’idée d’une contribution « à coût nul » pour les contribuables, s’est fait prudent. « Ce projet-là, il faut qu’il soit appuyé par la mairesse, c’est un dossier important dans un quartier en plein développement », a-t-il simplement offert, en parlant du stade de baseball.

Début décembre, La Presse avait rapporté que l’équipe de M. Bronfman réclamait à Québec une contribution financière pouvant aller jusqu’à quelques centaines de millions de dollars pour son projet de stade de baseball à Montréal. La quasi-totalité de ces scénarios se chiffre à au moins une centaine de millions de dollars. L’un des scénarios évoqués revient à une contribution d’environ 300 millions.

En calculant que Québec s’attend « à obtenir une moyenne de 5600 $ d’impôt sur le revenu de chaque contribuable cette année », une telle subvention « équivaudrait aux impôts de 54 000 contribuables québécois », a déploré mardi le directeur québécois de la Fédération canadienne des contribuables (FCC), Renaud Brossard.

Il dit avoir « de la misère à croire que le projet de stade d’un milliardaire soit le meilleur endroit où dépenser l’argent des impôts » de toutes ces personnes, « surtout lorsque l’on considère l’état du système de santé et le fait que les Québécois sont encore les plus taxés du continent ».

« Des décennies de recherche en économie nous montrent que les contribuables perdent systématiquement lorsque leurs gouvernements subventionnent la construction de stades, a dit M. Brossard. Il est évident que le gouvernement doit rejeter cette demande et on ne comprend pas pourquoi ça lui prend autant de temps pour le faire », a-t-il conclu.