Larry Walker saura mardi s’il est élu au Temple de la renommée du baseball. Même s’il en est à sa 10e et dernière année d’éligibilité, il ne s’en fait pas outre mesure avec le résultat du scrutin tenu auprès des Chroniqueurs de baseball d’Amérique.

« Je ne voudrais pas que ce soit perçu comme si ça ne me faisait rien, car c’est important pour moi, c’est le Temple de la renommée après tout, a déclaré Walker au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse canadienne. Mais je doute obtenir suffisamment de votes. »

Pourtant, l’allure du scrutin laisse croire le contraire : lundi à midi, Walker avait obtenu 170 votes sur 201 bulletins rendus publics par Ryan Thibodaux, qui compile les votes depuis quelques années déjà. Walker est en progression nette de 32 votes par rapport au même « dépouillement » en 2019 et se trouve actuellement à 84,6 %. Le joueur de Maple Ridge, en Colombie-Britannique, est arrivé à court de 87 voix l’an dernier, obtenant la faveur de 232 des 425 électeurs, pour un taux de 54,6 %.

Le nom de Walker doit se retrouver sur 75 % des bulletins de vote pour faire son entrée à Cooperstown.

« C’est stressant à suivre ! J’ai suivi cela sur Twitter au cours des dernières années et j’ai quelques votes de plus que l’an dernier, ce qui est bon pour moi, a-t-il noté. […] Il y a un peu plus d’engouement cette année, probablement parce que c’est ma dernière.

« La façon la plus facile pour moi de ne pas être déçu, c’est d’adopter la même attitude que lorsque je jouais. Quand je connaissais un bon match, je ne me présentais pas au prochain en pensant que ça allait encore bien se passer : je savais trop bien que je pouvais connaître une journée de 0 en 4 avec trois retraits au bâton !

« Avec le Temple de la renommée, c’est la même chose : je prends ça avec un grain de sel et je tente de ne pas trop m’enflammer, car je ne veux pas être abattu si les nouvelles ne sont pas celles que j’espère. Ça peut arriver comme ça peut ne pas arriver. Je suis à l’aise avec les deux scénarios. »

Walker a pourtant tout ce qu’il faut pour être admis à Cooperstown : des moyennes offensives de ,313/,400/,565 ; 2160 coups sûrs, dont 417 doubles et 383 circuits, 1311 points produits, 1355 points comptés et 230 buts volés.

Au cours de sa carrière de 17 saisons avec les Expos de Montréal (1989 à 1994), les Rockies du Colorado (1995 à 2004) et les Cardinals de St. Louis (2004-2005), le Britanno-Colombien a remporté le titre de joueur par excellence de la Ligue nationale, trois championnats des frappeurs, sept Gants d’or, trois Bâtons d’argent et participé cinq fois au match des étoiles.

Mais selon plusieurs électeurs de la BBWAA, il a une grande tache à son dossier : avoir joué aussi longtemps au Coors Field.

« Les Rockies du Colorado font partie du Baseball majeur et j’ai joué pour cette équipe. Je suis fier d’avoir joué pour elle et je suis fier des statistiques que j’ai amassées au Coors Field, a-t-il expliqué. Si je n’avais pas été très bon au Coors Field, j’imagine que je ne mériterais pas de me retrouver au Temple de la renommée ! Tout le monde a son opinion là-dessus. […] Je ne me soucie pas des avantages ou inconvénients qu’ont pu m’apporter les stades où j’ai joué. Chaque stade a ses particularités. Certains avantagent les frappeurs, d’autres, les lanceurs. C’est comme ça. »

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Larry Walker avec les Rockies du Colorado en 1998.

« C’est certain que [le Coors Field] est un bon endroit pour les frappeurs, a noté le compatriote de Walker, Justin Morneau, qui a terminé sa carrière au Colorado. Il y a eu plusieurs champions frappeurs qui y ont évolué, mais tous n’ont pas affiché les mêmes statistiques que Larry dans ce stade. »

Walker a toujours été reconnu pour son flegme, mais peu de gens savent qu’il est extrêmement réservé. C’est en grande partie pourquoi il n’a pas répondu à l’appel de certains journalistes de faire la promotion de son élection.

« Je ne peux rien changer à mes statistiques présentement. Les gens voudraient que je fasse davantage ma promotion sur les réseaux sociaux et je sais que beaucoup de joueurs l’ont fait dans le passé. Mais ce n’est pas dans ma nature. Il y a une partie de moi qui aime ne pas être reconnu.

« Je n’ai jamais été bon pour parler de moi ou faire ma promotion et là, il faudrait que je le fasse sur la plus grande scène qui soit, pour le plus grand enjeu qui soit. Même pour le Temple de la renommée, je suis incapable de le faire. Si les journalistes estiment que je le mérite — et j’espère que ce soit le cas —, alors j’espère qu’ils voteront pour moi. S’ils ne le font, je suis aussi à l’aise avec ce résultat. »

S’il est élu, Walker ne sera que le deuxième Canadien à faire son entrée à Cooperstown, après Ferguson Jenkins, élu en 1991. Morneau croit que l’intronisation de Walker pourrait avoir un grand impact sur le baseball canadien.

PHOTO NAM Y. HUH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L'ancien lanceur des Cubs de Chicago, Ferguson Jenkins

« Je ne sais pas si validation est le terme exact, mais s’il est élu, c’est comme si nous étions tous élus, a imagé Morneau. Il a ouvert les portes aux baseballeurs canadiens. Son arrivée a fait en sorte que les équipes aient tenté leur chance plus souvent avec des joueurs canadiens. »

– Melissa Couto, du bureau de Toronto, a participé à cet article.