La page n'est pas encore complètement tournée sur la période noire qui a suivi le départ des Expos. Mais les efforts de Baseball Québec afin de regagner le coeur des jeunes Québécois commencent à rapporter.

Depuis la saison 2007, où il a atteint un plancher de 18 076, le nombre d'inscriptions n'a cessé de grimper et il devrait atteindre plus de 26 000 cette année. Il se chiffrait à 28 001 lors du départ des Expos, en 2004.

«Nous avons de nouvelles associations, ce qui est bénéfique, et il y a de plus en plus de jeunes qui s'inscrivent, explique Alex Agostino, conseiller technique responsable des programmes sport-études à Baseball Québec.

«Nous sommes encore loin des 50 000 que nous avons déjà atteints, mais les temps ont changé. Il y a de plus en plus de jeunes qui jouent au hockey 12 mois par année, ce qui est un gros problème pour nous.»

Malgré tout, cette augmentation combinée à la présence de joueurs s'étant développés au Québec dans les ligues majeures comme Russell Martin avec les Pirates de Pittsburgh et Philippe Aumont avec les Phillies de Philadelphie, est de bon augure selon Jasmin Roy, recruteur pour la centrale de recrutement du baseball majeur pour le Québec.

«Je souhaite qu'il y ait une augmentation de joueurs québécois dans la MLB, et je ne vois pas pourquoi il n'y en aurait pas avec tous les efforts qui sont déployés. Nous avons tenu un camp d'évaluation au début du mois et nous y avons vu des jeunes âgés entre 13 et 15 ans qui pourraient avoir des chances de percer si leur développement se poursuit bien.»

Au cours des cinq dernières années, 11 joueurs originaires du Québec ont été sélectionnés par des équipes des majeures, dont Charles Leblanc des Associés de Laval midget AAA, qui a été le seul à l'être en 2013. Une situation qui pourrait changer légèrement dans les prochaines années.

«Avec l'explosion de nos programmes sport-études, on devrait voir quelque chose de mieux d'ici peu, affirme Agostino, qui est aussi dépisteur pour les Phillies. On est loin du physique des joueurs de l'Ouest canadien, on a plus des petits formats et c'est notre travail d'aller recruter des athlètes.

«C'est beau d'avoir plus de joueurs, mais c'est difficile de développer quelqu'un qui n'a pas nécessairement le talent. Nos programmes font un excellent travail pour développer ces jeunes-là à leur maximum, mais nous avions plus d'athlètes naturels qui jouaient auparavant.»

Les jeunes qui désirent faire carrière au baseball doivent cependant faire preuve de beaucoup de persévérance puisque, contrairement au hockey, les offres de contrat ou la sélection au repêchage ne surviennent majoritairement qu'à la fin de leur parcours universitaire.

«Il ne faut pas se décourager, ajoute Roy. Au hockey, tu es repêché à 17-18 ans et tu sais déjà si tu as des chances d'atteindre la LNH. La principale difficulté que nous rencontrons c'est que les jeunes ont souvent la mentalité d'abandonner le sport s'ils ne sont pas sélectionnés à cet âge.»

Passage obligé?

Si plusieurs joueurs décident de poursuivre leur développement dans les collèges américains, d'autres choisissent de demeurer au Québec et cette décision peut s'avérer payante.

Aumont, qui a été le premier québécois à être repêché en première ronde (11e au total en 2007), n'a jamais mis les pieds dans un collège américain. Il a cependant évolué pour les Ailes du Québec, une équipe qui regroupe les meilleurs joueurs québécois de 17 ans et moins, ainsi que pour la formation de l'Académie de Baseball Canada.

«Les ligues majeures, ce sont des joueurs de partout dans le monde. Nous sommes encore petits avec notre bassin de 25 000 joueurs, mais si tu as du talent, que tu sois au Québec ou en Floride, tu vas être capable d'être vu et développé. Il y a plus de dépisteurs aujourd'hui qu'il y a 20 ans.»

Même son de cloche du côté de Roy, qui tient un camp d'évaluation de la centrale de recrutement du baseball majeur chaque été à Montréal et à Trois-Rivières.

«Le programme national et le programme des Ailes permettent aux jeunes de se faire valoir. Les bons joueurs québécois sont connus des recruteurs. Il suffit qu'ils performent au bon moment.

«Ce qui est important, c'est de ne pas regretter sa décision lorsqu'on choisit entre les collèges ou le baseball professionnel. Peu importe le parcours, il y a des histoires pour tout le monde.»