Un. Deux. Trois. Quatre.

C’est le nombre de fois où Madeleine Sévigny Lanthier, 80 ans, a été couronnée championne du monde chez les 80-84 ans lors des Mondiaux des maîtres-nageurs de la FINA, au Japon, au début du mois d’août.

« Naturellement, j’y allais avec l’intention de faire de mon mieux, lance la résidante de Lac-Labelle au bout du fil. J’ai fait à peu près mes meilleurs temps à quelques secondes près. Je suis très fière. »

L’octogénaire nous parle mercredi, au lendemain de son retour du Japon, où elle a passé 11 jours avec sa fille après la compétition. « Tant qu’à aller si loin, on s’est dit qu’il valait mieux essayer d’en profiter un petit peu ! », dit-elle.

Il faut dire qu’elle avait bien mérité quelques jours de vacances, après ses résultats sensationnels.

Mme Sévigny Lanthier a remporté ses quatre titres au 100 mètres style libre, au 50 mètres style libre, au 200 mètres style libre et au 400 mètres style libre. Dans les deux premiers, elle a battu le record des Championnats du monde avec des temps de 1 min 27,82 s et de 37,03 s respectivement.

« Mon 400 mètres, je l’ai nagé la journée de ma fête, le 11 août. Et le 100 mètres, le 7 août, c’était notre anniversaire de mariage : 52 ans ! », note la sympathique dame.

Mme Sévigny Lanthier a notamment terminé le 100 mètres avec plus de 20 secondes d’avance sur ses adversaires. Quand on lui demande ce qui explique ce si grand écart entre les autres participantes et elle, la principale intéressée hésite.

« Je ne peux pas vous dire ! Il n’y a pas de réponse à ça ! C’est naturel ! »

À ses côtés, son mari a la réponse : « Parce qu’elle est bonne ! »

Une inspiration

Au Japon, les performances de la Québécoise ont fait tourner les têtes… de ses adversaires ! Ce n’est pas la nageuse elle-même qui nous l’a dit, mais sa fille, Marie-Hélène, qui l’accompagnait.

Maman était tellement en avance sur les autres que quand elles sortaient de la piscine, les autres madames couraient vers elle et essayaient de la toucher, de mettre leur main autour de son bras. C’était de toute beauté. On en avait des larmes aux yeux !

Marie-Hélène Lanthier, fille de Madeleine Sévigny Lanthier

« Pour eux autres, je suis une machine ! lance Mme Sévigny Lanthier en riant. Ç’a été super agréable. Mes coéquipières étaient gentilles. »

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-HÉLÈNE LANTHIER

Madeleine Sévigny Lanthier

À savoir ce que ça lui fait d’être une inspiration pour certains, la dame pousse un autre rire chaleureux. « Disons que je me dis : si je suis capable de le faire, elles sont capables de le faire aussi ! »

Mme Sévigny Lanthier a apprécié son expérience, d’autant plus qu’elle la partageait avec une de ses trois filles. Elle avait d’ailleurs l’esprit tranquille pendant que son conjoint était seul à la maison…

« Mes deux autres filles s’occupaient de venir faire des petits plats pour mon mari, précise-t-elle. J’en avais laissé, mais la cuisine de mes deux autres filles est meilleure que la mienne ! »

Encore une fois, la voix de son mari retentit en arrière-plan : « Non ! »

Pour la santé

Madeleine Sévigny Lanthier est une vraie sportive. L’hiver, elle s’adonne au ski. L’été, elle pratique le ski nautique, le vélo et le tennis. La natation est le seul sport auquel elle peut s’adonner en toutes saisons.

C’est pour la santé. Ça me garde en forme. […] En même temps, c’est un prétexte pour faire de beaux voyages !

Madeleine Sévigny Lanthier

L’octogénaire a fait de la natation pendant son adolescence, avant de se concentrer sur sa carrière et de fonder une famille. C’est en 2016, quand la piscine de Mont-Tremblant a ouvert ses portes, qu’elle a enfilé son bonnet de nouveau et s’est jointe à un groupe pour faire des compétitions. L’année suivante, elle prenait part à ses premiers Championnats du monde, à Budapest. Elle y a remporté deux médailles : une d’argent et une de bronze.

Cette année, elle a reçu un soutien financier de la part de différents commanditaires afin de pouvoir s’offrir une deuxième participation à la compétition.

Et disons que ça a valu la peine.

Maintenant, la quadruple championne du monde compte s’accorder « une petite pause »… avant de retourner à l’entraînement. Parce qu’elle n’a pas l’intention de s’arrêter !

« Mes objectifs, c’est d’aller chercher des temps meilleurs encore, d’améliorer mes records. Je vais sûrement continuer. En 2025, les Championnats du monde sont à Singapour ! On verra ! »