Dimanche dernier, nous vous demandions quelle expression utilisée dans la couverture sportive vous agaçait le plus. Voici quelques-unes des nombreuses réponses que nous avons reçues.

Jadis, on entendait parler de joueurs qui avaient bien joué “des deux côtés de la patinoire”, ce qui sous-entendait les deux côtés de la ligne rouge. Depuis quelque temps, on entend aussi parler de joueurs qui ont bien joué “des deux côtés de la rondelle”. Ça prendrait un géomètre ici. Combien de côtés une rondelle possède-t-elle exactement ? Ne vaudrait-il pas mieux dire “tout le tour de la rondelle” ? Dans mon livre à moi qui est le mien, c’est le genre d’expression qui mérite réflexion.

Donald St-Pierre

“Ils sont difficiles à jouer contre”, je ne suis plus capable de l’entendre. “Difficiles à affronter”, il me semble que ce n’est pas si compliqué.

Gilles Murphy

Je ne sais pas si c’est encore utilisé, mais le qualificatif de “marchand de vitesse” attribué aux coureurs rapides au baseball (et peut-être aussi à Yvan Cournoyer dans le temps) m’a toujours tombé sur les nerfs. Pourquoi ? Difficile à dire… mais avez-vous déjà vu ça, vous, un marchand de vitesse ?

François Bélanger

De loin, l’expression qui titille ma fibre d’historien est celle ramenant un match de hockey ou de quoi que ce soit dans l’horreur des Bosch et des Poilus lors de la Grande Guerre. “C’est une véritable guerre de tranchées.” Ah oui ? Une véritable ? Avec des barbelés sur la ligne rouge, la boue tout partout et le désespoir sans fin ? Un peu de respect pour l’histoire, svp.

Patrick Richard

Oh que vous touchez une corde sensible ! En plus de tous les mots irritants que vous soulevez, je retiens les deux suivants. L’utilisation de l’adjectif démonstratif “cette” pour désigner la rondelle pendant la description du jeu. Comme dans “il a de la difficulté à récupérer cette rondelle”. Cette rondelle en particulier plutôt que… plutôt que quelle autre rondelle, en fait ? Aussi, “tes meilleurs doivent être les meilleurs”. C’était original comme formulation au début. Ça ne l’est plus. Trouvez autre chose.

Guy Régnier

J’ai de la difficulté avec les gardiens qui font des arrêts au bon moment ; trouvez-moi un arrêt au mauvais moment.

Robert Ouellette

Personnellement, j’ai plusieurs expressions en horreur, mais celle qui me vient en tête ce matin remporte la palme. Il s’agit assurément d’une question de mauvaise traduction, mais je déteste quand on parle d’un joueur versatile ou de la versatilité d’un joueur. On devrait parler de polyvalence en français, “versatile” signifiant plutôt “qui change facilement d’opinion, qui est sujet à des volte-face subites”. Patrice Bergeron est bon dans beaucoup de choses, mais je ne pense pas qu’autant de gens veuillent souligner son caractère de girouette !

Mathieu Lavigne

C’est une expression d’entraîneurs au hockey qui m’irrite le plus. On dit avec satisfaction qu’un joueur “fait bien les petites choses”. Depuis plus de 25 ans à Montréal, jamais on a demandé à un joueur de faire de grandes choses. Le dernier à faire de grandes choses, c’était Patrick Roy.

Yves Lusignan

Les deux qui m’irritent royalement : “il est important de mettre des rondelles au filet”. Moi, j’aime mieux quand on la met dans le filet. Et “il est important de bouger ses pieds”. Bien oui, si tu ne bouge pas tes pieds, tu es immobile, une évidence.

Luc Leclerc

Quand un gardien accorde un mauvais but, on parle de “lancer qu’il aimerait revoir”. C’est évident que sans aide artificielle, il ne peut pas revoir ce but puisque le passé est le passé. Mais s’il tient réellement à revoir le but qu’il a donné, il n’a qu’à regarder la reprise sur le tableau indicateur ou sur l’une des tablettes au banc de son équipe.

Claude Dionne

“Signer un joueur”, comme beaucoup de journalistes sportifs l’écrivent ou le disent, m’horripile au plus haut degré. On signe un contrat, un chèque, mais un joueur, vraiment ?

René St-Germain

Je n’entends jamais parler d’un truc “sûr” sans qu’il soit aussi “certain”. À la radio, à la télévision, il est impossible d’entendre quelqu’un dire d’une situation qu’elle soit sûre, sans qu’elle soit également certaine. Je vais “monter en haut” y réfléchir.

Marc Bertrand

Celle qui m’énerve le plus est “appeler une pénalité”. Comme on appelle sa mère à la fête des Mères. Et puis, est-ce que la pénalité en question lui a répondu ?

Yves Lahaie