Un demi-Ironman. À 15 ans. C’est le projet un peu fou de Clovis Sanscartier.

Le jeune homme a pris contact avec La Presse au début du mois de juin. « Aujourd’hui, je vous écris pour une raison bien insolite mais incroyable », a-t-il écrit avant de se présenter.

Résidant du quartier de Beaconsfield, dans l’ouest de l’île de Montréal, Clovis Sanscartier entrera l’automne prochain en cinquième secondaire à l’école Dorval-Jean-XXIII. Il étudie au programme d’éducation internationale (PEI) et sait depuis longtemps qu’il aura à réaliser un « projet personnel » qui nécessite 40 heures de travail.

Il a donc prévu le coup. Avec l’aide d’un entraîneur, il a monté un programme d’entraînement pour l’été en vue de réussir un demi-Ironman à la mi-septembre. On parle ici de 1,9 km de nage, 90 km de vélo et 21,1 km de course.

Sérieux et organisé

Pour nous raconter son projet plus en détail, Clovis Sanscartier nous propose de le rejoindre au parc de la Marina d’escale, à Lachine, un mercredi à 9 h. De cette façon, explique-t-il, il pourra se rendre au travail à 10 h – il bosse à temps plein dans un magasin de vélo, Cycle Néron. On comprend vite qu’on a affaire à un jeune homme sérieux et organisé, lui qui se présente justement au parc sur son cheval de fer.

Voilà quelque temps que le principal intéressé sait ce qu’est un demi-Ironman. « Ç’a toujours été comme un truc un peu lointain, explique-t-il. Je voyais les autres en faire et je me disais : oh boy, c’est géant, ça ! Ça m’est toujours resté dans la tête et je n’ai jamais rien fait. »

De toute évidence, puisqu’il faut être âgé de 18 ans pour s’inscrire dans un évènement organisé.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Clovis Sanscartier a de grandes ambitions.

Son idée d’en faire son projet scolaire a officiellement germé au cours des derniers mois, quand il a participé au Grand Défi Lac-Saint-Louis avec son école. Il a choisi, sans « trop réfléchir », la distance la plus difficile : 21,1 km, l’équivalent d’un demi-marathon. Seulement quatre élèves ont choisi cette distance. Il a fini premier avec près de 30 minutes d’avance.

« Je ne m’étais pas vraiment entraîné et j’ai fait un temps super rapide [1 h 26 min]. Je me disais : je pourrais essayer de faire quelque chose avec ça. Si je m’entraîne vraiment, je pourrais faire quelque chose de mieux », raconte-t-il.

« Un demi-Ironman, ce serait la solution parce que je fais beaucoup de vélo, ajoute-t-il. La course, je suis bon, mais je n’en fais pas vraiment. Et la natation, je maîtrise un peu. »

Les préparatifs

Alors, par où commence-t-on quand on veut s’entraîner pour un demi-Ironman ? Clovis Sanscartier a contacté le directeur du Centre multisports qu’il fréquente à Vaudreuil-Dorion, Gilles Besner. Ce dernier l’a dirigé vers l’entraîneur du club de vélo ZVP Opto-Réseau, Michel Brazeau, qui lui a fait un plan d’entraînement.

« Je vais suivre [le plan] tout l’été, lance-t-il. [...] Hier, je suis allé courir 25 minutes. Le matin, j’ai fait de la natation 30 minutes et là j’ai trois jours de congé pour récupérer avant les Jeux du Québec. Après, on va repartir là-dessus. »

Parce que oui, Clovis participe également aux Jeux du Québec en cyclisme. Voilà cinq ans qu’il fait du vélo de compétition.

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Clovis Sanscartier est un maniaque du vélo.

« On s’est dit qu’on allait faire une planification [d’entraînement] juste pour la course et la nage, parce que je fais tout le temps du vélo, note-t-il d’ailleurs. Je fais 30 minutes pour aller au travail, 30 minutes pour revenir. Je fais des courses et des entraînements le soir avec le club. On s’est dit : ça suffit ! »

Cet été, la vie du jeune homme tourne donc autour de son entraînement et de son emploi à temps plein (du mardi au samedi, de 10 h à 18 h). « Je ne vois pas vraiment mes amis. Mais je ne suis pas une personne qui va souvent voir ses amis non plus », laisse-t-il entendre.

Clovis ignore encore à quel endroit il réalisera son demi-Ironman. Ce pourrait être à Beauharnois, ou encore à Tremblant. Et il envisage de demander à son père de le suivre en voiture, mais « ça va se décider au cours de l’été », dit-il.

« Ce que je redoute le plus, c’est de courir à la fin. J’ai fait le demi-marathon, mais à la fin j’étais mort. Je n’ai aucun problème avec la natation et le vélo, mais ce sera plus dur de courir. »

Quand on lui demande ce que ce projet lui apportera personnellement – outre peut-être un bon résultat scolaire ! –, le jeune homme répond simplement : « Ça m’apprend à me dépasser, à me prouver que je peux faire des choses que je n’aurais pas cru possibles un an plus tôt. »