Il y a des arts qui se perdent. Comme celui de lire une carte topographique. Or, même en cette ère de GPS et d’applications mobiles, la carte topographique demeure essentielle.

« Le GPS, les applications : nous avons une technologie incroyable au bout des doigts, note Francis Falardeau, premier répondant qui offre des formations en orientation depuis des années. Mais cette technologie fausse nos sens naturels : on n’observe plus l’environnement, on n’interprète plus les indices, c’est une machine, un cerveau robotisé, qui le fait à notre place. Le danger, c’est que ce cerveau robotisé peut défaillir, il peut manquer de batterie. »

En tant que premier répondant en région, il est souvent appelé à intervenir en forêt.

De plus en plus, on voit des gens mal outillés, mal habillés, mais ils ont un téléphone entre les mains et ils font le 911. Ils ont une ressource, à l’autre bout : nous autres.

Francis Falardeau

Francis Falardeau aime avoir en poche un GPS en cas d’urgence. Mais son premier outil de travail, c’est la carte topographique.

« Ne partez pas sans elle. »

IMAGE FOURNIE PAR LA SEPAQ

L’identité de l’émetteur de la carte

Lorsqu’il ouvre une carte, il commence par regarder les informations en périphérie, comme l’identité de l’émetteur de la carte, la date de production de la carte et l’échelle.

« Ce sont des informations qui vont m’aider dans l’interprétation de la carte », affirme M. Falardeau.

Une carte très vieille pourrait être inexacte parce que des routes ou des sentiers pourraient avoir été modifiés.

IMAGE FOURNIE PAR LA SEPAQ

L’échelle

L’échelle est aussi importante. Une carte avec une échelle numérique de 1/20 000 signifie que chaque centimètre sur la carte équivaut à 20 000 centimètres (soit 200 mètres) sur le terrain. C’est beaucoup plus précis qu’une carte à 1/500 000 (un centimètre sur la carte équivaut à cinq kilomètres sur le terrain). La première serait très bonne pour planifier une sortie de randonnée pédestre alors que la deuxième permettrait plutôt de planifier un voyage dans l’ensemble d’une région.

Une échelle graphique, soit une ligne divisée par un certain nombre d’unités, permet de visualiser plus facilement le kilométrage sur la carte.

IMAGE FOURNIE PAR LA SEPAQ

Le cartouche 

La légende est aussi importante. On la retrouve dans le cartouche, ce petit cadre qu’on place souvent dans un coin de la carte. On y présente notamment les symboles utilisés sur la carte, comme les stationnements, les terrains de camping ou les terrains de pique-nique.

Les couleurs utilisées ont une signification.

« En général, tout ce qui est noir ou rouge correspond aux facteurs anthropiques, soit l’utilisation humaine : les autoroutes (en rouge), les routes, les sentiers, indique M. Falardeau. Le bleu est lié à ce qui est humide : les ruisseaux, les rivières, les lacs, les marécages. »

Le vert dépend du contexte, mais en général, il est lié à la végétation.

« Au Canada, le vert correspond aux forêts. Là où il n’y a pas de forêt, comme dans le désert, il pourrait correspondre à des oasis. »

Le brun, lui, est réservé à la topographie : les courbes de niveaux, l’altitude.

IMAGE FOURNIE PAR LA SEPAQ

Les courbes de niveaux 

Ce sont les courbes de niveaux qui permettent de visualiser le relief. Chaque courbe relie tous les points de même altitude sous la forme d’une ligne continue. On peut vérifier sur la carte quelle est la différence d’altitude entre chaque courbe : une petite distance, par exemple 10 mètres, fera en sorte que la carte sera plus précise. Généralement, une courbe sur cinq est représentée par une ligne plus épaisse et on indique l’altitude.

Il y a eu toutes sortes de concepts au fil du temps. Mais c’est le concept de courbes de niveaux qui est le plus facile à intégrer pour le cerveau humain.

Francis Falardeau

Plus les courbes sont rapprochées, plus la pente est abrupte.

« Si elles sont vraiment serrées, on s’attend à voir une falaise, note M. Falardeau. Ça devient un obstacle à contourner. »

Si les courbes sont très espacées, il peut s’agir d’un plateau ou d’une plaine.

Il faut être très attentif pour voir si un sentier monte ou descend une pente : il faut trouver les lignes de courbes de niveaux plus épaisses et vérifier si l’altitude croît ou décroît.

IMAGE FOURNIE PAR LA SEPAQ

Le pôle Nord géographique et le pôle Nord magnétique

En général, le nord géographique se situe en haut de la carte. Si ce n’est pas le cas, les auteurs de la carte placent une flèche pour identifier le pôle Nord géographique et le pôle Nord magnétique. Ce dernier est particulièrement important parce que l’aiguille d’une boussole pointe vers lui, et non pas vers le pôle Nord géographique. Et pour compliquer les choses, le nord magnétique se déplace d’année en année en raison des mouvements du noyau ferreux de la Terre.

La différence entre le pôle Nord géographique et le pôle Nord magnétique s’appelle la déclinaison. Une bonne carte fournira cette donnée, ainsi que le changement qu’il faut prévoir au cours des années.

Enfin, les cartes topographiques sont quadrillées en fonction d’un ou de plusieurs systèmes de coordonnées. Le plus connu est le système de latitude et de longitude, mais le système UTM (Universal Transverse Mercator) est aussi très présent puisqu’il est généralement utilisé par le système GPS.

Mais ce qui est vraiment important, pour Francis Falardeau, c’est de maintenir un contact constant entre la carte et le terrain, soit d’identifier sa position grâce aux renseignements fournis par l’environnement et de suivre sa progression.

« La meilleure façon de ne pas se perdre, c’est de toujours savoir où on est », lance-t-il en riant.

Chiffre de la semaine 100 mètres

Idéalement, c’est la distance qu’il devrait y avoir entre la tente et le coin cuisine lorsqu’on campe au pays des ours.