La position de l'Agence mondiale antidopage (AMA) sur le cannabis n'est pas le fruit du hasard, elle reflète les convictions de la majorité des États et des organisations membres.

La décision d'interdire le cannabis dans tous les sports a été prise en mars 2003 lors d'un meeting de l'AMA à Copenhague. La question était alors, et est encore, l'une des plus controversées dans le mouvement antidopage.

Les États-Unis et la France s'opposent fermement au retrait de la drogue de la liste des substances dopantes. À l'opposé, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande et plusieurs pays scandinaves y sont favorables. L'agence nationale canadienne, le Centre canadien pour l'éthique dans le sport, partage l'avis de ces derniers.

«La difficulté de travailler dans une organisation internationale, c'est que les perceptions changent d'un pays à l'autre, explique le directeur scientifique de l'AMA, Olivier Rabin. Les États-Unis sont très anti-cannabis. Dans d'autres pays, comme les Pays-Bas, il y a une plus grande tolérance.»

Les Pays-Bas ont d'ailleurs l'intention de remettre la question sur la table à la prochaine Conférence mondiale sur le dopage, qui aura lieu en novembre 2013 à Johannesburg. Selon Herman Ram, directeur de l'agence antidopage néerlandaise, la liste des produits dopants devrait être réduite et le cannabis, en être retiré.

«C'est difficile aux Pays-Bas d'expliquer aux athlètes que ce qu'ils peuvent se procurer légalement, dans un café, n'est pas permis en compétition, note-t-il. Les politiques antidopage devraient se contenter des drogues de performance, elles ne devraient pas se mêler de la vie des gens.»

Mais ses chances de succès sont minces. La grande majorité des États devrait favoriser le statu quo. «Je ne pense pas que ces pays s'y opposent d'abord pour une question de dopage, c'est davantage pour une question de lutte contre la drogue, dit-il. Ils s'y opposent parce que le cannabis est illégal chez eux.»