Quatre ans plus tard, la douleur est encore présente. En avance 3-2 contre la puissance qu'est Cuba et, avec six retraits à obtenir pour atteindre le match de la médaille d'or, l'équipe canadienne de baseball a vu son rêve olympique prendre fin de façon dramatique, il y a quatre ans à Athènes.

Les Cubains ont marqué six fois en huitième, puis le Canada a grugé l'avance avec deux points en neuvième. Il y avait alors deux retraits et deux coureurs sur les buts, Kevin Nicholson se présentant au bâton.

Nicholson a cogné une balle qui semblait être un circuit, mais cela ne s'est pas concrétisé, une bourrasque de vent contribuant à ramener la balle vers le gant de Frederich Cepeda, qui l'a saisie pour concrétiser le gain de 8-5 de Cuba.

Les Cubains ont ensuite battu l'Australie pour mériter l'or, tandis que le Japon a facilement battu une équipe canadienne démoralisée pour obtenir le bronze.

Cette chance ratée hante les joueurs canadiens depuis ce temps.

«Tous ceux qui étaient là ou qui ont vu le match peuvent comprendre, a dit le voltigeur de centre Adam Stern. Nous avions Cuba dans les câbles. C'était tellement difficile à accepter et ça l'est encore. Mais cela a montré que nous pouvons rivaliser avec les meilleurs.»

Pour Stern et les quatre autres vétérans de 2004, qui feront figures de meneurs de jeu au sein d'une jeune équipe, à Pékin, transmettre cette leçon leur permettra de tirer du positif de ces douloureux souvenirs.

Les athlètes olympiques n'obtiennent pas souvent de deuxième chance, et cela est doublement vrai au baseball. Le sport n'est pas sur la liste des disciplines pour les Jeux de 2012, à Londres, et un retour à l'agenda pour 2016 semble peu probable. Il s'agit donc de l'opportunité d'une vie.

«C'est à espérer que l'on puisse écarter ce match contre Cuba avant de se rendre à Pékin, a dit Stubby Clapp, un vétéran du baseball canadien. Ca me rend encore malade, j'ai les larmes aux yeux à chaque fois que je vois la reprise, mais nous devons maintenant penser aux Jeux qui s'en viennent. Il faut apprendre du passé et profiter de la chance qui nous est donnée.»

L'équipe actuelle, où l'on retrouve des jeunes très prometteurs comme Mike Saunders et Nick Weglarz, a plus de talent que celle à Athènes, sans toutefois avoir le même niveau d'expérience.

Les formations rivales seront aussi plus coriaces, en raison d'un nouveau système de qualification qui permet l'inclusion de plus de nations de haut niveau. Les favoris seront les Etats-Unis, Cuba et le Japon.

On verra aussi la Corée du Sud, Taïwan et les Pays-Bas en plus des hôtes chinois, la seule équipe faible du groupe.

Le Canada disputera son premier match le 13 août, contre la Chine.

Un autre vétéran de 2004, l'arrêt-court Pete Orr, a été remplacé, cette semaine, car il semble que les Nationals de Washington le garderont avec eux jusqu'à la fin de la saison. C'est Emmanuel Garcia, un espoir des Mets de New York, qui a pris sa place.

Bien que l'expérience soit parfois surévaluée, elle ne l'est pas en baseball olympique, où le contexte est bien différent du baseball nord-américain.

«Le baseball international est complètement différent de ce à quoi nous sommes habitués, a relaté Stern. Il y a tellement de hauts et de bas, chaque match est émotif, chaque match est important . Dans les ligues mineures et le baseball majeur, les saisons sont très longues, et parfois on ne fait plus trop la différence d'une journée à l'autre. Aux Olympiques, chaque match veut dire quelque chose.»

Alors qu'Ernie Whitt dirigeait avec calme et stabilité en 2004, le nouveau gérant Terry Puhl a un style plus émotif, étant plus enclin à poser des gestes sur un sentiment du moment. Tout le monde doit être prêt pour l'inattendu.

«Si vous êtes prévisible, tout ce qui va entrer dans l'équation c'est le talent, et ce n'est pas comme ça que je veux que ça se passe, a dit Puhl. Je gère les choses pour gagner coûte que coûte. Ca ne m'intéresse pas de savoir qui est le héros ou qui ne l'est pas. Tout ce qui m'importe est de gagner le tournoi, et je pense que nous avons le personnel pour le faire.»