Jamais la course pour la première place mondiale n'aura-t-elle été aussi ouverte depuis la retraite de Justine Henin en mai. Mais aucune joueuse ne semble vouloir saisir l'occasion de se hisser au sommet.

La Serbe Jelena Jankovic, deuxième au monde, avait l'occasion de devancer sa compatriote Ana Ivanovic en atteignant la finale à Montréal. Et la situation semblait favorable pour elle avec l'élimination des favorites Elena Dementieva et Nadia Petrova dans sa portion de tableau.

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Mais pour la troisième fois en deux mois, Jankovic n'a pu profiter de l'élimination hâtive d'Ivanovic, hier, avec une défaite pour le moins étonnante en quarts de finale.

Non pas qu'elle affrontait un pied de céleri, au contraire, mais elle s'est écroulée de façon inexplicable alors qu'elle menait 5-1 dans la première manche contre la vedette montante du tennis féminin, la Slovaque Dominika Cibulkova, 19 ans à peine... à 19 jeux victorieux de la première place mondiale.

Cibulkova, la nouvelle coqueluche du stade Uniprix, copine de l'excellent jeune joueur français Gaël Monfils, l'a finalement emporté 7-5 et 6-2 pour obtenir le droit d'affronter la Française Marion Bartoli en demi-finale.

Une question brûlait les lèvres de tous les journalistes avant l'arrivée de Jankovic dans la salle de conférence après son match: que s'était-il donc passé?

«J'étais bien en début de match mais soudainement, je me suis sentie épuisée et j'ai complètement perdu ma concentration, a-t-elle expliqué. J'ai eu de la difficulté à soutenir le rythme par la suite parce que les échanges étaient très longs. Je ne suis toujours pas au sommet de ma forme. Ma blessure m'a éloignée des courts pendant deux semaines après Wimbledon et il me faudra évidemment encore du temps pour revenir à mon meilleur niveau. Je ne suis pas un robot. Si le match s'était rendu à la troisième manche, ils auraient probablement dû venir me chercher en ambulance sur le terrain...»

Un confrère lui a demandé si elle estimait bien réagir à la pression. Jankovic, l'une des joueuses les plus agréables à interviewer, a fait mine de mal comprendre la question. «Qu'est-ce que vous voulez dire? Quelle pression? Qu'est-ce que la pression? Je me présente sur le terrain pour jouer mon match. Je veux offrir du grand tennis mais lorsque vous n'êtes pas au sommet, c'est impossible.»

Est-elle déçue d'avoir raté une autre occasion de s'offrir le premier rang, la deuxième en deux semaines? «C'est correct. Le premier rang n'est pas important. Je veux jouer au tennis, je veux être en santé, je veux m'améliorer. Je n'y pense pas vraiment à ce premier rang. Ce qui doit arriver arrivera. Si ça ne doit pas arriver, ça n'arrivera pas. Je ne mérite pas cette place en ce moment. Il me faudra encore du temps avant de mieux me sentir.»

Dure bataille

Jankovic savait cependant avant son match contre Cibulkova, tombeuse de Dementieva et Petrova, qu'elle aurait une dure bataille à livrer. «Je prévoyais un match difficile parce que je l'ai affrontée à l'Open de France. Mais cette fois, je l'avais emporté en deux manches parce que j'étais la plus en forme des deux. Sauf que si vous n'êtes pas bien préparée contre elle, c'est difficile. Elle retourne beaucoup de balles. Elle court très bien. Elle ne vous donne pas beaucoup de points et il faut travailler très fort pour la battre.»

Cibulkova, un petit bout de femme de 5 pieds 3 pouces (1,61 mètre), souriait évidemment à pleines dents après son match. «Ma première grande victoire, contre Serena Williams à Doha, m'a donné beaucoup de confiance. Puis j'ai battu Schnyder, Chakvetadze et Mauresmo, puis cette fois je bats une joueuse classée numéro 2 au monde pour la première fois. Je crois que les grandes joueuses vont commencer à me respecter...»

Ana Ivanovic peut encore respirer, pour l'instant.