C’est en voyant les collections de Vivienne Westwood que Judith Desjardins a su qu’elle deviendrait créatrice de mode.
« Je devais avoir 10-12 ans et j’ai eu l’étincelle en découvrant tout le mouvement punk et alternatif, et la créatrice de mode Vivienne Westwood. J’aime beaucoup la culture underground britannique, c’est très inspirant », explique Judith Desjardins, fondatrice de la marque de prêt-à-porter féminin Bodybag by Jude, qu’on rencontre dans son atelier de l’avenue Bernard, dans le Mile End.
Dès 1998, elle commence à créer des collections capsules de vêtements destinés à la clientèle qui fréquente les raves et les discothèques. « J’allais souvent à New York, j’assistais à des raves et je me suis rendu compte qu’il n’y avait rien dans les boutiques de Montréal pour les jeunes qui sortaient dans les clubs, alors j’ai créé des petites collections de style streetwear et des micro-t-shirts que je vendais aux États-Unis et au Canada », se rappelle-t-elle.
Au fil des années, Judith Desjardins devient une jeune professionnelle et ses intérêts changent. Elle délaisse les raves et la marque prend une autre direction en devenant plus féminine. Elle lance des collections de vêtements qu’elle qualifie de casual chic qui comportent toujours un détail surprenant qui fait la différence.
La signature de Bodybag ? « Je dirais que c’est une silhouette contemporaine décontractée, sophistiquée et cool. La pièce clé, c’est le jumpsuit, j’en fais depuis mes débuts, c’est ce qui me distingue », dit-elle. « Lors de l’exposition Yves Saint Laurent présentée au Musée des beaux-arts de Montréal en 2008, de jeunes créateurs québécois avaient été invités à réaliser une pièce en hommage au créateur français et c’est un jumpsuit que j’avais créé », se souvient Judith Desjardins. Tout comme Yves Saint Laurent, elle aime la dualité masculine féminine et « le fait d’avoir du style au quotidien », précise cette autodidacte qui a fait ses études en communications à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Vivre de sa passion
Mais pourquoi choisir le nom Bodybag qui fait référence au sac mortuaire qu’on retrouve à la morgue ? La créatrice sourit. « Il y a une vraie réflexion sur la vie et la mort. C’est une philosophie sur l’unicité et l’individualité, le cycle de la vie. Bodybag, c’est devenu ma marque, ma philosophie, mon ancien logo était le code-barre pour l’identification des corps. Pour moi, ce nom, ça veut aussi dire qu’il faut profiter du moment présent et apprécier la vie et les gens qui nous entourent. »
C’est ce que fait Judith Desjardins depuis 25 ans, elle vit de sa passion, la mode, et elle adore son atelier-boutique situé avenue Bernard, près du boulevard Saint-Laurent, où elle a son atelier depuis 2006. Elle est fière également que toutes ses collections soient fabriquées ici à Montréal, par des couturières.
Tout est conçu et confectionné ici avec des tissus de qualité, confortables. Je privilégie les fibres naturelles et les tissus écoresponsables.
Judith Desjardins, créatrice de la marque Bodybag by Jude
Elle note que depuis 10 ans, les clientes ont une plus grande conscience écologique et comprennent l’importance de l’achat local. Sa clientèle est composée de femmes de tous les âges, des professionnelles qui apprécient le style intemporel et les robes bien coupées. Des avocates, professeures, architectes et quelques personnalités québécoises comme Anaïs Favron et Isabelle Brais, la femme de François Legault, qui avait autrefois une boutique de vêtements consacrée à la mode québécoise.
La plus célèbre cliente est sans aucun doute la comédienne Nicole Kidman qui, en 2004, a acheté une robe Bodybag à New York. « Elle a acheté une robe dans une boutique de Soho et une photo de l’actrice australienne la portant a circulé puisqu’elle est allée au Late Night with David Letterman à NBC avec la robe ! On a vécu un vrai petit buzz ! »
Bodybag by Jude célèbre ses 25 ans à l’automne, une marque qui a su traverser les années avec la création de collections chics, décontractées, avec parfois une pointe d’excentricité. « Ce qui a le plus changé en 25 ans, c’est la possibilité de faire des achats en ligne. Les réseaux sociaux aussi ont changé la donne, le potentiel est décuplé, le travail aussi, mais surtout, on se retrouve sur Instagram dans un océan au milieu de plusieurs milliers de marques », observe-t-elle.
Ce qu’elle souhaite pour les prochaines années ? « De continuer à créer mes collections et que les gens encouragent la mode et la créativité locales. »
Consultez le site de Bodybag by Jude