Les femmes qui travaillent plus de 55 heures par semaine augmentent leur risque de dépression, mais pas les hommes, écrivent des chercheurs britanniques dans le Journal of Epidemiology & Community Health.

Après avoir étudié plus de 20 000 personnes, et après avoir tenu compte de facteurs comme l'âge, le revenu, la santé et le type d'emploi, les scientifiques de l'université londonienne Queen Mary ont constaté que les femmes qui travaillaient autant d'heures le nombre de leurs symptômes dépressifs augmentaient de 7,3 %, comparativement aux femmes qui travaillaient 35 ou 40 heures par semaine.

Le travail la fin de semaine était aussi associé à une hausse des facteurs dépressifs aussi bien chez les femmes que chez les hommes. La hausse était de 4,6 % chez les femmes et de 3,4 % chez les hommes, comparativement à celles et ceux qui ne travaillaient que la semaine.

Les symptômes dépressifs, comme une faible estime de soi, ont été mesurés à l'aide d'un questionnaire médical que les participants ont rempli.

« Une femme qui a des enfants et des obligations familiales est plus susceptible de vivre de la détresse, parce que ça devient comme une surcharge avec le travail, confirme Luc Brunet, qui enseigne au département de psychologie de l'Université de Montréal. Quand on est au travail, on ne peut pas s'isoler de la situation familiale, c'est impossible. »

La doctorante Gill Weston a expliqué dans un communiqué publié par l'université qu'il s'agit d'une étude observationnelle qui ne permet pas d'établir un lien direct de cause à effet. Elle a ajouté que les tâches domestiques dont sont souvent responsables les femmes représentent un « fardeau » qui allonge les heures de travail et gruge le peu de temps disponible, et que les femmes pourront se sentir « dépassées ».

Autre hypothèse : les femmes qui travaillent de longues heures occupent possiblement un emploi dans un domaine dominé par les hommes, et celles qui travaillent la fin de semaine, un emploi mal rémunéré dans le secteur des services.

Règle générale, dit Luc Brunet, les gens qui travaillent plus de 50 heures par semaine seront plus à risque de subir de la fatigue psychologique au travail.

« Mais ce n'est pas tout le monde, précise-t-il. Ça dépend du type d'emploi, ça dépend du soutien que les gens ont, ça dépend de leur capacité de résilience, du climat psychologique dans lequel ils travaillent... »

Tout le monde vit du stress au travail, ajoute-t-il, mais à partir du moment où on en retire plus de bien-être que de détresse, on va aussi en retirer des avantages. Mais à partir du moment où le niveau de détresse est plus grand que le bien-être qu'on obtient, on risque de voir apparaître des problèmes.

En cas de détresse, l'important est d'obtenir du soutien, que ce soit auprès du patron, du syndicat, d'une association d'employés ou de collègues. La conciliation travail-famille est un aspect beaucoup plus important depuis quelques années, mais il ne sera pas toujours évident de lever la main pour obtenir de l'aide, reconnaît Luc Brunet.

« Il y a une image organisationnelle que les gens se donnent au travail, a-t-il dit. Ce n'est pas facile (de demander de l'aide), mais ce l'est peut-être un peu plus que ce l'était antérieurement. Le respect de la santé psychologique des gens est un peu plus grand qu'il ne l'était avant. »