La Société canadienne du cancer dévoile mercredi de nouvelles données inquiétantes concernant le dépistage du cancer colorectal. Selon un rapport rédigé en collaboration avec l'Agence de la santé publique du Canada et Statistique Canada, près d'un cas sur deux serait détecté trop tard.

Au Canada comme au Québec, le cancer colorectal est le deuxième plus meurtrier après celui du poumon. De façon générale, la recommandation suggère un test de dépistage tous les deux ans aux personnes de 50 à 74 ans qui ne présentent pas de risque particulier. Toutefois, si des programmes de prévention à grande échelle sont offerts dans pratiquement toutes les provinces, ce n'est pas le cas au Québec ni au Yukon.

Malgré la présence de ces nombreux programmes provinciaux, les données indiquent que près d'un cancer colorectal sur deux, au Canada, est diagnostiqué après qu'il s'est propagé aux ganglions ou à d'autres parties du corps.

Selon le rapport « Statistiques canadiennes sur le cancer : Rapport spécial de 2018 sur l'incidence du cancer selon le stade », publié mercredi, la maladie aurait causé environ 9400 décès au pays en 2017.

Pour un cancer dépisté au stade 4, les chances de survie après cinq ans sont de moins de 15 pour cent, alors qu'elles sont de 90 pour cent s'il est détecté au stade 1.

L'examen préconisé pour détecter le cancer du côlon est un test immunochimique de recherche de sang occulte (RSOSI). Il s'agit d'analyser les selles pour savoir si elles contiennent du sang invisible à l'oeil nu.

Bien que le test soit disponible au Québec depuis 2013, une note publiée en janvier dernier par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) révèle qu'« aucune invitation systématique à participer à ce dépistage ne sera lancée » tant que les cibles d'accessibilité et de qualité du service ne seront pas atteintes et que les ressources soient disponibles.

Un projet pilote mis à l'essai dans huit établissements de santé au Québec aurait démontré qu'une mise à niveau des unités d'endoscopie digestive est nécessaire. Ces démarches « sont actuellement en cours », selon le MSSS.

D'après les chiffres du MSSS, 36 échantillons de selles sur 1000 sont jugés anormaux, ce qui nécessite un nouvel examen, soit une coloscopie longue.

Sur les 36 individus dont l'échantillon contient des traces de sang, seulement quatre vont recevoir un diagnostic de cancer colorectal.

D'après la Société canadienne du cancer, c'est d'abord la méconnaissance des tests disponibles qui fait en sorte que les taux de participation sont si faibles.

« Les gens pensent encore qu'on fait du dépistage avec la coloscopie qui est très intrusive, mais ce n'est pas le cas, explique le porte-parole de la Société canadienne du cancer André Beaulieu. Les nouveaux tests sont très simples, ils se font à la maison et sont très hygiéniques. »

Il ajoute que trop de gens croient que s'il y avait du sang dans leurs selles, ils le verraient, ce qui n'est pas le cas. « Quand on commence à le voir, c'est qu'il est trop tard », mentionne-t-il.