Des chercheurs montréalais ont découvert une manière de prédire quelle personne va bien réagir à un nouveau traitement anticancer. Il s'agit d'une forme d'immunothérapie, approche consistant à aider le système immunitaire à se débarrasser des cellules cancéreuses.

« Certaines formes d'immunothérapie sont déjà sur le marché, et on constate qu'il y a des effets secondaires importants et imprévus, même si on réussit à traiter des cancers incurables », explique l'auteur principal de l'étude publiée cette semaine dans la revue Nature, André Veillette, de l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM). « Dans certains cas, par exemple, ça provoque du diabète. Alors les chercheurs se mettent à la trace des facteurs permettant de prédire qui aura des effets secondaires et qui bénéficiera du traitement. Nous sommes assez uniques en ce que nous avons un facteur de prédisposition potentiel avant même que les études cliniques ne soient terminées. »

La protéine CD47, présente à la surface des cellules cancéreuses, donne au système immunitaire l'impression qu'il s'agit d'une cellule normale du corps humain. « C'est un peu un caméléon », dit le Dr Veillette, qui a travaillé avec d'autres chercheurs, au Canada et ailleurs dans le monde. Des « inhibiteurs de CD47 » sont actuellement testés en essais cliniques de phase I, étape préliminaire où est vérifiée la toxicité pour l'humain de nouveaux médicaments. Mais parfois, ces inhibiteurs ne fonctionnent pas bien. Le Dr Veillette et son équipe ont identifié une autre molécule de la cellule cancéreuse, SLMAF7, qui doit être présente pour que le système immunitaire détruise une cellule cancéreuse. Sans SLAMF7, les inhibiteurs de CD47 ne fonctionnent pas et peuvent même être dangereux.

La protéine CD47 joue un rôle particulièrement important pour les cancers du sang. Selon le Dr Veillette, les inhibiteurs de CD47 semblent particulièrement efficaces pour certains cancers du sang, entre autres le myélome multiple, qui est actuellement difficile à soigner. « On pense que ça pourrait être administré en conjonction avec les traitements actuels », dit le Dr Veillette.

Les premiers résultats des essais cliniques de phase I sur les inhibiteurs de CD47 montrent que dans certains cas, il peut y avoir des problèmes cardiovasculaires. La découverte de l'IRCM pourrait ainsi aider à écarter des essais cliniques les patients dont les cellules cancéreuses n'ont pas la molécule SLAMF7, qui ne pourraient de toute façon pas réagir positivement à la prise d'inhibiteurs de CD47.

Comment les chercheurs sont-ils tombés sur cette molécule SLAMF7 ? « Un peu par hasard, nous avions ce type de cellules cancéreuses dans les échantillons que nous testions, dit le Dr Veillette. C'est souvent comme ça en recherche. »

En 2013, un rapport de la banque Citigroup estimait qu'en 2020, les ventes de médicaments oncologiques d'immunothérapie atteindraient 35 milliards US en Amérique du Nord. Le coût de certains de ces médicaments, qui dépassent le million US pour une année de chimiothérapie aux États-Unis, a fait l'objet de critiques.