Des chercheurs ont pour la première fois observé des lésions cérébrales chez un foetus de macaque dont la mère avait été infectée par le virus Zika, une nouvelle étape vers un modèle animal destiné à combattre cette infection.

«Notre premier objectif était de prouver que le virus Zika provoque des lésions cérébrales foetales afin d'éliminer tous les doutes sur ce virus incroyablement dangereux pour la gestation», a indiqué à l'AFP Kristina Adams Waldorf, l'un des auteurs de l'étude publiée dans la revue Nature Medicine.

Des recherches sur des primates ont déjà été effectuées dans le passé, mais aucune lésion cérébrale du type de celles observées chez les foetus de femmes enceintes (comme les microcéphalies, une grave anomalie du développement cérébral) n'avait encore été observée chez ces animaux.

Afin de développer un modèle animal plus représentatif, des chercheurs américains ont inoculé le virus Zika à un macaque femelle à queue de cochon lors du 3e trimestre de sa gestation. Le macaque fait partie des primates qui ont les gestations les plus semblables à celle des êtres humains.

Bien que le macaque infecté n'ait pas présenté de signes de la maladie (comme de la fièvre ou des éruptions), le foetus a développé des anomalies cérébrales au cours des 10 jours qui ont suivi l'infection.

Dans la mesure où les lésions interviennent peu après l'infection, le seul moyen de protéger le foetus est d'éviter l'infection de sa mère par Zika, note Kristina Adams Waldorf.

Elle précise que le cerveau du foetus de macaque a arrêté de grandir 3 semaines après l'inoculation, perdant 3 écarts-type par rapport à une croissance normale. Si les lésions avaient continué à ce rythme, le foetus aurait développé une microcéphalie un mois plus tard, selon les auteurs.

Le macaque femelle a été infecté seulement au 3e trimestre de gestation parce c'était le seul macaque disponible au moment de l'expérimentation.

L'infection est surtout grave chez l'être humain lorsqu'elle survient au premier trimestre de la grossesse. Le risque de microcéphalie varie, selon les études, de 1% à 13% et se combine souvent avec d'autres anomalies, notamment oculaires ou auditives.

Les auteurs de l'étude estiment que leurs observations sur un primate infecté au 3e trimestre de gestation pourraient expliquer les cas d'enfants nés de mères infectées avec une tête normale, mais qui développent par la suite une microcéphalie.

Les expérimentations sur les macaques devraient se poursuivre «afin d'accélérer la recherche d'un vaccin ou d'un traitement qui pourrait éviter l'infection chez la mère et les lésions cérébrales chez le foetus» ajoutent les auteurs.

Environ 70 pays sont touchés par l'épidémie de Zika qui a éclaté l'an dernier, le plus affecté étant le Brésil avec plus de 1,5 million de personnes infectées et 1600 bébés nés avec des microcéphalies.