L'armée de terre américaine équipe actuellement ses unités d'un nouveau type de dispositif pour stopper les hémorragies, tirant les leçons de ses guerres en Irak et en Afghanistan.

Beaucoup de soldats sont morts vidés de leur sang après avoir été touchés par les engins explosifs improvisés utilisés par leurs adversaires.

Le système très simple permet d'arrêter les hémorragies en haut des membres, là où les garrots utilisés habituellement sont inefficaces.

Il se compose d'une ceinture à passer autour de la victime, et de poches gonflables qui permettent de comprimer veines ou artères en amont immédiat de la blessure, sur l'aine ou l'épaule.

Il peut être installé «en moins d'une minute - un facteur crucial pour les soignants militaires qui n'ont que quelques minutes pour agir en cas d'hémorragie», explique Ellen Crown, une porte-parole du service chargé du matériel médical à l'US Army.

Ce garrot jonctionnel a été utilisé pour la première fois au combat en Afghanistan en 2014, lorsque des militaires américains et afghans ont sauvé un jeune soldat de l'armée nationale blessé par des rebelles.

La balle s'était logée dans le haut de sa cuisse, coupant l'artère fémorale à un endroit où un garrot normal aurait eu peu d'effet.

L'une des poches gonflables a permis de comprimer l'artère, sauvant la vie du jeune homme.

La généralisation de cet équipement «est un moyen d'essayer de sauver plus de vie», selon le nouveau médecin-chef de l'armée de terre, le général Nadja West.

Le garrot traditionnel n'a pas toujours forcément bonne réputation en médecine de guerre, a-t-elle indiqué. S'il est mal posé, il peut endommager les nerfs et les tissus sur le membre blessé.

Du coup, l'armée a pris un soin particulier pour former les soldats de base à l'utiliser correctement, a déclaré la médecin militaire.

«Ce sont eux qui prendront soin de leur copain si quelque chose arrive», a-t-elle expliqué.

«Si des soldats sont dans un véhicule touché par un engin explosif, il peut ne pas y avoir de secouriste, mais juste un soldat survivant qui sait comment mettre un garrot en quelques minutes», a-t-elle expliqué.

Petites éponges

Selon le général West, environ 93 % des soldats américains survivent aujourd'hui à des blessures au combat, contre 84 % au Vietnam, et 80 % pendant la Seconde Guerre mondiale.

Et ce taux peut continuer à s'améliorer si l'on arrive à mieux stopper les hémorragies massives, principale cause de décès des soldats blessés.

En 2005, pendant les guerres d'Irak et d'Afghanistan, la distribution de garrots classiques a déjà permis de faire baisser considérablement le nombre de morts par hémorragie, de 23,3 à 3,5 décès par an en moyenne, selon une étude parue dans une revue médicale, le Journal of Trauma and Acute Care Surgery.

Des millions de dollars ont été dépensés par le Pentagone pour trouver d'autres solutions.

Un nouveau système nommé Xstat consiste à injecter dans la blessure des dizaines de petites éponges, qui gonflent en 20 secondes au contact du sang ou d'autres fluides humains, pour tenter d'arrêter l'hémorragie.