Pour la première fois au Canada, le cas d'un foetus atteint d'anomalies congénitales liées au virus Zika a été signalé hier par les autorités sanitaires du pays. Le virus a été transmis au foetus par la mère, elle-même infectée. Jusqu'ici, 205 Canadiens ont contracté le virus Zika, dont 34 Québécois.

L'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a confirmé hier que le virus Zika avait provoqué des « anomalies congénitales neurologiques graves » chez un enfant à naître. L'ASPC n'a pas donné plus de détails, « afin de protéger la vie privée des personnes touchées », refusant de préciser si la grossesse sera menée à terme. La province d'origine de la femme enceinte n'a pas été dévoilée ni la façon dont celle-ci a contracté le virus.

Il s'agit du deuxième cas de virus Zika transmis de la mère au foetus au Canada. Dans le premier cas, toutefois, « aucune anomalie n'a été observée à la naissance », souligne Rebecca Gilman, de l'ASPC. Le nouveau-né infecté reste néanmoins en étroite observation. En Europe, le premier bébé atteint de microcéphalie d'une mère infectée par le virus Zika est né le mois dernier. Mais en Amérique du Sud, plus d'un millier de bébés sont nés avec cette maladie depuis l'éclosion de l'épidémie de Zika en 2015, au Brésil.

Le risque de transmission du virus Zika est cependant « négligeable » au Québec, puisque le virus a besoin de chaleur pour se répliquer, selon un avis scientifique publié en juin par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). 

« Il est peu probable que les températures estivales actuelles du Québec permettent l'atteinte de la période d'incubation extrinsèque. »

- Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)

Ainsi, les quelque 200 Canadiens ayant contracté le virus ont pratiquement tous été piqués par des moustiques infectés dans des pays d'Amérique du Sud. Seulement deux Canadiens ont contracté le virus après avoir eu une relation sexuelle avec une personne infectée. Ces nombreux cas restent malgré tout une goutte d'eau parmi les centaines de milliers de cas confirmés en Amérique du Sud, dont au moins 1,5 million au Brésil.

GÉNÉRALEMENT INOFFENSIF

Le virus Zika est généralement inoffensif pour les personnes infectées. Chez la majorité d'entre elles, on n'observe d'ailleurs aucun symptôme notable. De 20 à 30 % des personnes infectées par le virus vont présenter des symptômes bénins comme une fièvre modérée, une éruption cutanée, une conjonctive ou des douleurs musculaires, pendant tout au plus une semaine.

Or, les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables au virus Zika, puisque si elles sont infectées, leur enfant pourrait développer le syndrome de Guillain-Barré - un grave trouble neurologique - ou une microcéphalie. Cette maladie interrompt pendant la grossesse le développement normal du cerveau du foetus. Les nouveau-nés naissent donc avec une tête très petite, un important frein à leur développement. Au Québec, une trentaine de bébés naissent avec une microcéphalie chaque année, sans lien avec le Zika.

Le virus Zika se transmet principalement par la piqûre d'un moustique infecté, le même qui transmet des maladies comme la dengue et la fièvre jaune. La durée exacte d'incubation du virus est encore inconnue, mais serait probablement de quelques jours, selon les experts. Le virus peut également se transmettre par relation sexuelle, bien que cela soit très rare. De nombreuses équipes de chercheurs de partout dans le monde travaillent d'arrache-pied pour tenter de trouver un vaccin et un remède contre le virus Zika.

Les recommandations de l'ASPC 

Les femmes qui planifient une grossesse devraient reporter tout voyage prévu dans un pays où il y a transmission du virus Zika, incluant la zone affectée dans le sud de la Floride.

Les femmes qui ne sont pas enceintes et qui voyagent dans une zone de transmission du virus Zika devraient utiliser une contraception efficace durant tout le voyage. Elles devraient aussi poursuivre la contraception jusqu'à deux mois après leur retour, pour éviter de tomber enceintes.

Puisque la présence du virus Zika a été décelée dans le sperme jusqu'à plusieurs semaines après l'infection, les femmes désirant tomber enceintes et dont le partenaire a voyagé dans une zone de transmission du virus Zika devraient attendre six mois après le retour du partenaire avant d'avoir des relations sexuelles non protégées.