Des chercheurs ont testé avec succès 265 molécules sur un large échantillon de cellules tumorales en laboratoire contenant un très grand nombre de mutations génétiques responsables de différents types de cancer, une avancée jugée importante en médecine de précision.

Dans la plupart des cas, ces scientifiques, dont l'étude paraît dans la dernière édition de la revue Cell cette semaine, ont constaté que ces anticancéreux, déjà sur le marché ou en développement, détruisaient en laboratoire les cellules porteuses des mutations génétiques de nombreux cancers.

L'étude montre comment les traitements existants pourraient potentiellement être utilisés pour traiter de nouveaux groupes de patients ou être plus efficaces chez des malades dont les tumeurs ont des anomalies génétiques spécifiques.

Cette avancée va également aider les chercheurs à concevoir de nouveaux agents capables de cibler des cancers en fonction de leur signature génétique.

«C'est le début d'un processus de recherche visant à déterminer comment cibler différentes populations de malades avec des anticancéreux spécifiques, une recherche encore impossible il y a quelques années parce que nous n'avions pas encore séquencé suffisamment d'ADN de tumeurs de patients», explique le Dr Mathew Garnett, un biologiste au Wellcome Trust Sanger Institute au Royaume-Uni et l'un des principaux auteurs de l'étude.

Quand des scientifiques développent de nouvelles molécules anticancéreuses, ils dépendent souvent pour commencer de cultures de cellules cancéreuses in vitro.

«On ne peut pas tester des centaines de substances anticancéreuses expérimentales sur un seul malade, c'est tout simplement impossible», souligne Ultan McDermott, cancérologue et chercheur au Singer Institute, un coauteur de ces travaux.

«Mais il est possible de le faire sur des lignées de cellules en laboratoire qu'on peut exposer à un grand nombre de médicaments différents pour déterminer leur efficacité respective», précise-t-il.

Pour cette étude, ces scientifiques ont utilisé l'Atlas du génome du cancer des Instituts nationaux américains de la santé (NIH) et de l'International Cancer Genome Consortium.

Ils ont pu rassembler des informations génétiques sur plus de 11 000 échantillons de tumeurs.

Ils les ont ensuite comparés à environ mille lignées de cellules cancéreuses en laboratoire pour déterminer celles qui avaient les mêmes types de mutations que des tumeurs.

«Un grand nombre de ces lignées cellulaires contiennent les caractéristiques moléculaires qui sont importantes dans les cancers humains», note le Dr McDermott.

Les chercheurs ont pu ensuite prédire les réponses des différentes cellules tumorales aux 265 molécules anticancéreuses existantes ou en développement.

Objet d'une importante initiative du président Barack Obama lancée en 2015, la médecine de précision consiste à traiter les malades selon les anomalies génétiques spécifiques de leur tumeur plutôt qu'en fonction de leur type de cancer.