Le Collège royal de médecine de Londres met son grain de sel dans le débat sur la cigarette électronique en concluant dans une étude rendue publique mercredi que le produit a tout compte fait des effets bénéfiques pour la santé publique au Royaume-Uni.

L'étude, qui se veut un survol des connaissances scientifiques et des politiques publiques sur le sujet, «conclut que les cigarettes électroniques sont vraisemblablement bénéfiques pour la santé publique au Royaume-Uni, indique l'organisme dans un communiqué de presse. Les fumeurs peuvent donc être rassurés et encouragés de les utiliser, et le public peut être rassuré que les cigarettes électroniques sont beaucoup plus sécuritaires que de fumer».

Cette position, qui rejoint celles de certains professionnels de la santé au Canada, contredit celles des gouvernements du Québec et du Canada, où les ministères de la Santé ont diffusé des mises en garde ou légiféré. «Tout comme Santé Canada, le directeur national de santé publique du Québec invite donc la population à s'abstenir de consommer les cigarettes électroniques ainsi que tous les autres produits comparables, qu'ils contiennent ou non de la nicotine, jusqu'à ce que soient mieux compris les impacts de leur consommation sur la santé», peut-on lire dans une déclaration de Québec datée du mois de février.

Le rapport britannique de 200 pages indique entre autres que la cigarette électronique peut aider certaines personnes à cesser de fumer la cigarette régulière: «Les fumeurs qui ont recours à des cigarettes électroniques vendues en magasin ou des médicaments prescrits sont plus susceptibles d'avoir du succès» dans leurs tentatives, peut-on lire. 

Il conclut aussi que bien que des effets à long terme de la cigarette électronique ne sont pas encore bien compris. Ils sont «probablement près des produits de substitution de la nicotine» et «ne sont pas susceptibles d'excéder 5% des méfaits associés au fait de fumer du tabac». 

La réglementation devrait donc être adaptée en conséquence, estime le Collège royal de médecine, sans pour autant décourager l'utilisation du produit, voire même pour encourager les fumeurs à y avoir recours plutôt qu'aux produits du tabac. 

Au Canada, la vente de cigarettes électroniques qui contiennent de la nicotine n'a pas été autorisée par Santé Canada et elle demeure illégale. Cette réalité s'applique au Québec, où le gouvernement a fait un pas de plus à l'automne et soumis la cigarette électronique et les liquides qu'elle contient aux mêmes règles et restrictions que les produits du tabac. 

Au niveau des organismes de représentation, le Collège des médecins du Québec ne s'est pas prononcé sur la question, tandis que l'Association médicale canadienne prône la prudence. «La cigarette électronique a à la fois ses partisans et ses adversaires, même si les arguments reposent en grande partie sur des opinions puisque la cigarette électronique commence à peine à faire l'objet d'essais cliniques rigoureux», a noté l'organisme sur son site internet. 

«La sécurité à long terme [des fumeurs de cigarettes électroniques] demeure une préoccupation», a convenu à ce sujet le Collège royal de médecine. Mais «il paraît probable que les influences combinées des contrôles réglementaires et des avancées technologiques mèneront à des améliorations significatives du profil de risque à long terme de ces produits dans un avenir proche». 

Le pneumologue à la retraite Gaston Ostiguy, qui a fondé la clinique d'abandon tabagique du centre universitaire de santé McGill, applaudit les conclusions de l'organisme britannique. Selon lui, la cigarette électronique peut s'avérer un outil utile dans la lutte au tabagisme et malgré le manque de connaissances à ce sujet, il demeure convaincu qu'elle est moins néfaste que les produits du tabac.

«Ça fait quand même 10 ans que les gens se servent de la cigarette électronique et dans la littérature médicale, on n'a pas vu encore qu'il y avait des dommages qui pourraient être causés aux poumons ou au coeur», a déclaré le Dr Ostiguy.

«Entre les deux produits, la question ne se pose pas».

Il juge ainsi que la position actuelle du gouvernement du Québec est contre-productive, puisqu'elle sème la confusion dans l'esprit des médecins et des personnes qui voudraient cesser de fumer.