Des millions de personnes meurent chaque année dans le monde de cancers curables parce qu'elles n'ont pas accès aux chirurgies ou aux radiothérapies indispensables, selon des données publiées par la revue britannique The Lancet Oncology.

Présentées lors d'un congrès européen sur le cancer qui se tient à Vienne, les données font apparaître que plus des trois quarts des patients atteints d'un cancer ne bénéficient pas d'une chirurgie «sûre» et «appropriée» dans le monde.

«Nos nouvelles estimations suggèrent que moins d'un patient sur 20 dans les pays à faibles revenus et environ un sur cinq dans les pays à revenus moyens ont accès ne serait-ce qu'à une chirurgie de base» résume le professseur Richard Sullivan, du King's College à Londres qui dirige la commission qui a réalisé le rapport sur la chirurgie du cancer.

Une autre commission créée pour évaluer l'accès à la radiothérapie, estime pour sa part que seulement 40 à 60% des 12 millions de malades du cancer qui pourraient en bénéficier ont eu droit à ce traitement jugé essentiel dans des cancers comme ceux du sein, de la prostate et du poumon.

On compte environ 15 millions de nouveaux cas de cancers chaque année dans le monde et ce chiffre devrait grimper à 22 millions d'ici 2030. 80% nécessiteraient une chirurgie, tandis que jusqu'à 60% auraient besoin d'un traitement par radiothérapie.

Avec l'explosion des cancers dans les 15 années à venir, «la communauté internationale ne pourra plus ignorer le problème» estime pour sa part le professeur C.S. Pramesh, spécialiste indien qui souligne que la situation sera particulièrement grave dans les pays les plus pauvres, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie où les besoins chirurgicaux devraient augmenter de 60% d'ici à 2030.

Les spécialistes s'inquiètent également du fait qu'un tiers des patients opérés dans les pays les moins riches se trouvent confrontés à des coûts tellement élevés qu'ils tombent dans la pauvreté. Un autre quart arrête le traitement parce qu'il ne peut plus payer.

On retrouve une situation largement similaire dans l'accès à la radiothérapie avec des investissements très insuffisants pour répondre à des besoins en forte hausse.

«Selon une idée fausse très répandue, le coût des équipements serait tel qu'il ne pourrait être assumé que par les pays riches» souligne le professeur Rifat Atun de l'université américaine de Harvard pour qui il s'agit au contraire d'un investissement «rentable».

D'après les calculs de la commission, l'équivalent de 27 millions d'années de vie pourrait être gagné d'ici à 2035 si près de 100 milliards de dollars (90 milliards d'euros) étaient investis dans des équipements de radiothérapie dans les années à venir.

Le recours à la radiothérapie est particulièrement faible dans les pays à faibles revenus où il atteint à peine 10%, mais est encore nettement plus bas en Afrique où une quarantaine de pays ne disposent d'aucun appareil de ce type.