L'antidépresseur paroxétine des laboratoires britanniques GlaxoSmithKline (GSK) souvent prescrit est inefficace et dangereux chez les adolescents souffrant de dépression, conclut une nouvelle analyse de données cliniques.

Elle a été publiée jeudi dans la dernière édition du British Medical Journal (BMJ), une prestigieuse revue médicale.

Les chercheurs ont ré-analysé les données d'un essai clinique paru en 2001 et sont arrivés à des conclusions radicalement opposées.

L'étude de 2001 était financée par le laboratoire SmithKline Beecham (ensuite devenu GSK) et affirmait que le paroxétine ou Paxil était efficace et sans danger pour les enfants et adolescents atteints de dépression.

Risque accru de suicide

Cette étude a été critiquée en 2002 par l'Agence américaine des médicaments (FDA), année durant laquelle cet antidépresseur a été prescrit plus de deux millions de fois à des enfants et adolescents aux États-Unis.

En 2004, la FDA avait aussi ordonné aux laboratoires d'apposer une mise en garde contre le risque accru de suicide pour cette classe d'antidépresseurs (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, ISRS) à laquelle appartiennent la paroxétine mais aussi un autre médicament souvent prescrit, le Zoloft.

En 2012, GSK avait également plaidé coupable et s'était acquitté d'une amende record de trois milliards de dollars dans le cadre d'une procédure judiciaire engagée contre lui pour la commercialisation frauduleuse de la paroxétine et d'autres médicaments.

Les auteurs de cette nouvelle analyse ont également conclu qu'un autre antidépresseur, l'imipramine, n'était pas plus efficace qu'un placebo pour traiter des dépressions graves chez des adolescents.

Ils ont estimé que la paroxétine comme l'imipramine présentaient un risque accru important pour les patients.

Agissements répréhensibles

Dans un éditorial, un responsable du British Medical Journal, Peter Doshi, estime que les résultats de cette nouvelle étude « ont ravivé les appels à une rétractation de l'étude initiale (Étude 329) et accroît les pressions sur les institutions académiques et les groupements professionnels pour que ces derniers répondent publiquement aux nombreuses accusations d'agissements répréhensibles ».

Il souligne qu'aucun des 22 co-auteurs de l'étude originale n'a participé à la rédaction du manuscrit qui a été confiée à un rédacteur médical extérieur recruté par GSK.

Peter Doshi détaille le refus de l'Académie américaine de psychiatrie de l'enfance et de l'adolescence (AACAP) d'intervenir et de procéder à une rétractation de l'étude publiée dans sa revue. Il reproche enfin le silence de l'Université Brown aux États-Unis sur son implication dans l'Étude 329.