La pilule rose s'attaque au trouble de la baisse du désir sexuel, un syndrome médicalement reconnu qui toucherait environ une femme sur dix. Contrairement au Viagra, qui joue sur la « plomberie » en augmentant la circulation sanguine dans le pénis, Addyi agit sur le cerveau des femmes. Le médicament diminue la sécrétion de sérotonine, une hormone liée à l'inhibition et aux fonctions exécutives, et favorise la dopamine, qui joue notamment un rôle dans le plaisir et la récompense.

Résultats mitigés et effets secondaires

Pendant les études cliniques, les femmes qui ont pris Addyi ont été 10 % plus nombreuses que celles qui ont consommé un placebo à rapporter une hausse du désir, une baisse de l'angoisse liée au sexe et une augmentation du nombre « d'événements sexuels satisfaisants ». En moyenne, le médicament a permis aux femmes de vivre entre un demi et un événement sexuel satisfaisant supplémentaire par mois. Addyi entraîne toutefois d'importants effets secondaires, qui peuvent inclure des baisses de pression et des évanouissements. L'interaction avec l'alcool augmente les problèmes, et le médicament a été approuvé selon un protocole strict qui exige des études supplémentaires et la certification des médecins qui le prescrivent.

Un long processus

L'approbation d'Addyi est l'aboutissement de longues années de recherche contre la baisse de libido féminine. Flibanserin, la molécule d'Addyi, a d'abord été testée comme antidépresseur dans les années 90 par Boehringer Ingelheim. La multinationale allemande a vite noté qu'elle s'avérait inefficace contre la dépression, mais les participantes féminines ont rapporté un effet secondaire intrigant : une hausse de leur libido. Proposée comme médicament contre la baisse du désir sexuel, la molécule a cependant été rejetée à deux reprises par la FDA américaine, en 2010 et 2013, puis vendue à Sprout Pharmaceuticals, qui a réussi à la faire approuver cette semaine. Elle a coiffé au fil d'arrivée d'autres candidats dans la course au premier « Viagra féminin ».

Des concurrents à l'horizon

Si Addyi est le premier médicament approuvé aux États-Unis contre la baisse de libido féminine, d'autres concurrents sont sur les rangs. Bremelanotide, une molécule détenue par l'américaine Palatin Technologies (ne pas confondre avec la québécoise Laboratoires Paladin), est décrite comme l'une des plus prometteuses. Le hic : pour l'instant, elle doit être injectée, ce qui diminue son attrait commercial. Lybrido et Lybridos, deux molécules jumelles qui s'adressent à deux sous-groupes de femmes, sont aussi dans les cartons. Elles sont développées par l'entreprise Emotional Brain, aux Pays-Bas. En Europe, le géant Procter & Gamble commercialise aussi des timbres de testostérone contre la baisse de libido féminine sous la marque Intrinsa depuis 2007. Ce traitement a toutefois été refusé aux États-Unis et n'est autorisé au Canada que pour les femmes ménopausées.