La société française Carmat, fabricante du premier coeur artificiel bioprothétique, a annoncé mardi la poursuite du  protocole d'essai prévoyant quatre implantations sur des patients souffrant d'insuffisance cardiaque terminale malgré le décès du premier patient implanté.

Le protocole d'essai clinique prévoit toujours «l'implantation de quatre patients n'ayant pas d'alternative à l'implantation d'un coeur artificiel, et le suivi clinique à 30 jours après l'implantation», a précisé une représentante de la société de biotechnologie française dans une réponse par courriel à l'AFP.

Le malade de 76 ans qui avait bénéficié de la première implantation est décédé dimanche à Paris, soixante-quinze jours après avoir reçu cette prothèse cardiaque incluant des tissus biologiques, porteuse de grands espoirs pour des patients ne pouvant bénéficier d'une greffe.

Carmat «salue le courage et le rôle pionnier de ce patient et de sa famille et le dévouement de l'équipe médicale» de l'hôpital Georges Pompidou à Paris, souligne cette représentante.

Elle indique qu'il est «prématuré de tirer des conclusions à partir d'un seul patient, que ce soit avant, ou dans le cas présent, au-delà des 30 jours de survie post-implantation».

Carmat a mis en avant le fait que la première phase d'essais cliniques, destinée à tester la sécurité de la prothèse, prévoyait comme critère d'évaluation la survie du patient 30 jours après l'implantation.

Le Pr Yves Juillière, président de la Société française de cardiologie (SFC), a estimé que cette première avec une survie de 75 jours était «incontestablement positive».

«Du point de vue de la prothèse, c'est un succès. Je ne pense pas que le décès du patient puisse remettre en cause l'intérêt du coeur artificiel», a-t-il déclaré à l'AFP.

Le Pr Daniel Duveau, qui a participé à l'implantation en décembre avec le Pr Christian Latrémouille, a expliqué que le patient avait «souffert de difficultés sur le plan respiratoire».  «Je pense que tout cela a malheureusement abouti au décès», a déclaré le spécialiste, suggérant ainsi que le coeur artificiel n'était pas la cause directe du décès du patient.

La société Carmat s'est abstenue de tout commentaire à ce sujet et a souligné qu'elle ne prévoyait «pas de communiquer sur les résultats de l'étude tant que l'implantation et le suivi à 30 jours des quatre patients prévus ne seront pas finalisés».

Le titre de la société Carmat a été suspendu mardi matin à la Bourse de Paris, à la demande de Carmat.

Le coeur artificiel Carmat se présente comme le premier «coeur artificiel implantable, total, biologique et définitif». Il remplace totalement la pompe cardiaque.