Les garçons sont souvent plus casse-cou que les filles, particulièrement à l'adolescence. Mais ils ne sont pas seulement surreprésentés en traumatologie: leur taux de mortalité attribuable aux maladies pédiatriques est 20% plus élevé que celui des filles, selon une étude américaine publiée aujourd'hui.

«C'est un phénomène que tout le monde connaît en pédiatrie, mais il n'y avait jamais eu d'étude globale pour le quantifier», explique Chris Feudtner, de l'Université de Pennsylvanie, auteur principal de l'étude publiée dans la revue Pediatrics. Les pédiatres de Philadelphie ont analysé les dossiers de tous les enfants de moins de 20 ans morts entre 1999 et 2008 aux États-Unis.

La cause de ce risque accru est mystérieuse. «Il est possible que les filles soient plus robustes parce que leur corps est conçu par la nature pour résister à l'accouchement, dit M. Feudtner. Il naît naturellement 5% plus de garçons que de filles, pour équilibrer les populations des deux sexes. Il faudrait en savoir plus, ça pourrait nous donner des indications sur les manières dont le corps humain résiste aux maladies.»

Cela ne cause pas un déficit de garçons en âge d'être en couple, parce que la mortalité pédiatrique demeure très faible. En 2012, il y avait par exemple 56 152 garçons et 53 577 filles de 21 ans au Québec, selon l'Institut de la statistique (ISQ). Bon an, mal an, il naît entre 4% et 6% plus de garçons que de filles, selon l'ISQ.

Goût du risque

Le risque de mourir d'une maladie pédiatrique est aussi beaucoup moins élevé que le risque de mourir de façon accidentelle, à cause de l'impulsivité et du goût du risque des garçons. Ces derniers ont 115% plus de risques de mourir de façon accidentelle que les filles. Comme les accidents constituent le quart de la mortalité pédiatrique, le risque global de mortalité est 44% plus élevé chez les garçons.

Les chercheurs de Philadelphie ont analysé en particulier le risque de cancer. Le risque d'avoir un cancer était plus élevé chez les garçons dans cinq groupes de cancers sur sept. Et leur risque de mourir du cancer était plus élevé dans les sept groupes.

L'analyse relative au cancer est le principal intérêt de l'étude, selon Michael Kramer, épidémiologiste pédiatrique à l'Université McGill. «On connaît bien le phénomène du risque de mortalité des garçons, dit le Dr Kramer. Mais il est vrai qu'il faut mieux le comprendre, voir s'il s'agit d'un phénomène immunitaire, neurologique ou métabolique. Si on comprend la biologie des facteurs protecteurs des femmes, on pourra peut-être vendre des pilules protectrices pour les hommes. Ce n'est pas qu'une question philosophique.»