Le virus de la grippe a suivi une trajectoire inhabituelle en 2011 et 2012, et la dernière saison plutôt tardive a été marquée par le passage d'autres virus qui ont causé des infections respiratoires différentes au Québec. Des infections qu'on appelle communément des rhumes.

D'habitude, l'influenza de type A (prédominante en Amérique et en Europe) commence à circuler avant l'influenza de type B, mais cette année les deux souches de la grippe ont circulé en même temps. Le pic des activités grippales est en effet survenu plus tard, soit en mars dernier, et on a pu observer d'autres virus respiratoires, à l'origine de la bronchiolite.

Le responsable de la biologie moléculaire et de la surveillance virologique à l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), le Dr Hugues Charest, explique que la circulation concomitante des types A et B n'a pas eu de conséquence sur la population. «C'est juste que contrairement à d'habitude, le type A est arrivé beaucoup plus tard, vers février, dit-il. C'est rare comme phénomène. Et on l'explique difficilement. Dans l'ensemble, toutefois, la saison dernière a été tranquille.»

Quant aux autres virus à l'origine du rhume, leur apparition a eu lieu plus tôt dans l'année, dès le mois de novembre. À l'INSPQ, on explique qu'on en a détecté davantage, ce qui ne signifie pas nécessairement qu'il y en avait davantage.

En laboratoire, du 28 août 2011 au 26 mai 2012, 43 854 tests ont donc été faits pour détecter la présence de l'influenza au Québec. De ce nombre, 4083, soit 9% des spécimens, ont démontré la présence du virus. Plus de la moitié de ces mêmes spécimens (55%) était de type B, et 45% de type A. Parmi les 1845 souches d'influenza A, il était question du sous-type A (H1N1) dans 53% des cas, et du sous-type A (H3N2) dans 47% des cas.

Éclosions en CHSLD

À l'instar des autres années, la grippe n'a pas épargné les personnes âgées, particulièrement celles se trouvant dans les centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD). Au total, 46 éclosions ont été rapportées, dont 29 de type A, 11 de type B, et les autres d'origine inconnue.

Au ministère de la Santé, on indique que 800 personnes ont été touchées. De ce nombre, 6,4% sont mortes des suites de la grippe, comparativement à 4,5% la saison précédente. Il n'en demeure pas moins que la saison a été calme, avec une moyenne de 74 éclosions rapportées au cours des trois saisons antérieures, dont 150 en 2010-2011.

Enfin, en ce qui concerne les enfants, aucun décès n'a été déclaré dans les trois centres universitaires pour enfants de la province (Centre mère-enfant de Québec, CHU Sainte-Justine et l'Hôpital de Montréal pour enfants [CUSM]). On note quand même 251 admissions associées à la grippe chez les enfants. Les petits de 2 à 4 ans forment le tiers de ces admissions (34%).

Même s'il n'y a pas de lien causal à établir avec la trajectoire inhabituelle de l'influenza, la prochaine saison grippale se démarquera par une recette différente de vaccin qui continuera de protéger les Québécois contre la grippe A (H1N1) à l'origine de la pandémie de 2009. Sur les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, le prochain vaccin contiendra en plus les souches A/Victoria (H3N2), et la souche B/Wisconsin.

«Il est impossible de prédire si la prochaine saison de grippe sera forte, explique le Dr Charest. Différents facteurs influencent la saison, notamment le moment du pic et la température, mais ce ne sont que des indicateurs. Le virus de la grippe est imprévisible et notre surveillance est constante.»

C'est le nombre de personnes qui meurent chaque année au Québec du virus de l'influenza.